Le président de la République s’est adressé solennellement à la population, samedi 6 juillet, à la Place de l’indépendance à l’occasion de la date d’anniversaire marquant l’accession du pays à la souveraineté internationale. Azali Assoumani, conscient des attentes multiples de la population, a appelé celle-ci à ne pas cédé au fatalisme et «à croire en notre capacité à remettre notre pays sur la trajectoire de l’émergence».
Dialoguer toujours avec la France
Revenant sur l’acte héroïque posé le 6 juillet 1975 par les pères de l’Indépendance, le chef de l’Etat a rappelé le «différend malheureux « qui «nous oppose avec un pays ami», en l’occurrence la France qui administre illégalement l’île comorienne de Mayotte en dépit des résolutions de l’Onu et de la volonté du peuple comorien qui s’est exprimé «à 95% « pour l’indépendance à l’issue du référendum de décembre 1974. Azali Assoumani a reconnu la nature exceptionnelle de la coopération avec la France, unique en son genre, estimant nécessaire de «dépasser ce contentieux qui nous oppose, à travers un dialogue inclusif et constructif».
Le président dit assumer le choix du dialogue avec l’ancienne puissance coloniale «pour que les Comoriennes et les Comoriens des 4 îles, puissent bâtir, enfin, dans l’harmonie et la sérénité, l’unité nationale, tant attendue pour plus de paix, de progrès et de prospérité en privilégiant la coopération avec la France, dans l’intérêt de nos deux pays amis et frères », espérant que « le droit international et les principes sacro-saints de la Charte des Nations Unies à laquelle tous nos pays font partie intégrante l’emporteront». S’agissant du parcours du pays, 49 ans après, Azali Assoumani a appelé les Comoriens à nourrir toujours l’espoir en regardant l’avenir avec confiance et espérance malgré les embûches ayant été à l’origine de son ralentissement en matière de développement socio-économique. «Nous ne devons pas baisser les bras», a-t-il déclaré, soulignant que le pays a su montrer une capacité de résilience face aux chocs multiples. «L’histoire a montré que notre pays est capable de réaliser des grandes performances dès lors qu’il est uni, qu’il se mobilise et qu’il dispose des appuis requis, comme cela a été le cas, dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 et les effets du cyclone Kenneth», a-t-il mentionné.
Poursuivre la marche du développement
Le président a retracé sommairement le chemin parcouru par ses prédécesseurs et les actions entreprises ces dernières années, visant à mettre le pays sur les rails. «Nous avons pris les mesures d’assainissement nécessaires qui ont abouti au classement de notre pays, par la Banque Mondiale, dans la catégorie des pays à revenus intermédiaires, quittant ainsi la catégorie des pays les moins avancés et à la conclusion du Programme Fec avec le Fonds monétaire internationale», a-t-il souligné, rappelant la vision de faire des Comores «un pays émergent à l’horizon 20230».
Plan Comores émergent (Pce), Conférence de Paris et politique de mobilisation des ressources, Azali Assoumani fera savoir que le pays s’est tracé un chemin qui guide ses dirigeants à persévérer malgré les tensions internationales. «Dans cette marche vers le progrès, nous avons aussi eu à faire face ces dernières années et ces derniers mois, aux effets des graves crises sécuritaires, sanitaires, économiques et climatiques ainsi qu’aux conséquences des tensions géopolitiques liées aux guerres en Ukraine et à Gaza», a-t-il souligné, ajoutant que «malgré ces obstacles et ces crises exogènes», le pays devrait poursuivre ses objectifs essentiels «à travers l’ambition et le travail acharné».
Reconnaissant les différents tumultes du moment marqués, entre autres, par la reconfiguration de la carte géopolitique mondiale, Azali Assoumani a appelé à garder le cap du développement socio-économique. «Le monde est en pleine mutation et tous les efforts que nous menons doivent avoir comme objectif ultime le progrès socio-économique de notre pays, gage de paix et de stabilité», a-t-il dit avant de préciser, dans ce même ordre d’idée, que «notre pays est à la croisée des chemins, nous devons assurer, maintenir et garantir le cap de l’émergence».
S’agissant du choix de nommer des jeunes au gouvernement, Azali Assoumani a dit avoir voulu «donner à cette importante catégorie de notre population, l’occasion de faire ses preuves, à travers l’innovation, la créativité et la diligence». Il a précisé que «le terrain a été déblayé par leurs aînés, notamment le Plan de relance qui est destiné à accélérer la mise en œuvre concrète du Pce» et que «c’est à eux maintenant de faire de ce plan ambitieux, qui est à la mesure des enjeux et défis auxquels nous devons faire face».
Mettre la jeunesse à l’épreuve
Réitérant «un partenariat actif et rénové avec l’ensemble de ses partenaires au développement», mais aussi de nouvelles passerelles avec d’autres investisseurs potentiels, Azali Assoumani a dit compter beaucoup plus sur la nouvelle équipe «pour que les annonces de contributions, en faveur de la mise en œuvre du Pce, puissent se concrétiser», et ce «pour approfondir et accélérer les réformes audacieuses déjà entreprises» dans le pays. «N’oublions pas que les investissements annoncés lors de la Cpad nous permettront de relancer nos projets de développement avec le secteur privé dans des domaines aussi cruciaux que les infrastructures de développement dans les secteurs de l’énergie, du social, de l’éducation, des transports et du numérique», a souligné Azali Assoumani.
Pour le président, «il s’agit notamment de renforcer le leadership dans la gestion des affaires de l’Etat, d’instaurer la gestion axée sur les résultats en introduisant la notion de performance dans la gestion des affaires de l’Etat, de poursuivre et approfondir les efforts pour instaurer un environnement des affaires propice à l’investissement privé». Et lui d’appeler enfin les membres fraîchement nommés à «poursuivre le dialogue initié entre les secteurs public et privé à travers les plateformes déjà mis en place, pour lutter contre le chômage en accélérant la croissance économique du pays et, enfin, accentuer la lutte contre la corruption, et renforcer et diversifier nos relations avec nos partenaires au développement». Le maire de Moroni, dans son traditionnel mot de bienvenue, s’est félicité de «l’engagement de redressement du pays».
Abdoulfatah Saïd Mohamed, rappelant le dernier prix décerné à Azali Assoumani, a salué ce dernier «pour toutes ces performances réalisées» dans ses «actions de gouvernance politique, diplomatique et de développement socioéconomique». Le grand notable, Soultoine Abdulanziz a, de son côté, appelé le chef de l’Etat à persévérer et à accélérer encore davantage la machine du développement.