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5 ans de détention de Sambi I Une prière sous haute surveillance à Moroni

5 ans de détention de Sambi I Une prière sous haute surveillance à Moroni

Société | -   Abdou Moustoifa

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Au cours de cette cérémonie religieuse de recueillement, le Front commun élargi a profité pour rassurer ses sympathisants qu’il n’a toujours pas décidé s’il participera ou pas aux prochaines élections, qui normalement doivent débuter avant la fin de l’année 2023.

 

L’ancien président Ahmed Abdallah Sambi a entamé, depuis le 20 août dernier, sa sixième année de détention. A cette occasion, de nombreuses actions ont été prévues par ses proches et l’opposition. D’abord, des lettres de soutien rédigées par ses enfants, puis des cérémonies religieuses pour demander à Allah de protéger tous les prisonniers, dont l’ex-gouverneur de Ndzuani, Abdou Salami, incarcéré lui aussi depuis octobre 2018.


A Moroni, ce «duan» a été organisé le samedi 26 août dernier au Foyer des femmes, en dépit du déploiement d’un important dispositif sécuritaire. Autour de la place de l’Indépendance des militaires avaient quadrillé la zone. Cette présence musclée des hommes armés «a dissuadé de nombreux sympathisants qui souhaitaient prendre part au rassemblement», estiment les organisateurs. La cérémonie, dans sa globalité, était différente des meetings politiques auxquels nous sommes habitués. Même si les leaders présents ont prononcé quelques discours, tirant à boulets rouges sur le régime du président Azali Assoumani. La plupart des intervenants ont également souligné « l’importance d’être uni au sein du Front, loin des dissensions ».


Après la lecture de la surate «Yasin », le secrétaire exécutif du Front commun élargi, Ahmed Hassane El-Barwane, est brièvement revenu sur les rumeurs qui courent ces temps-ci au sujet d’une probable participation de l’opposition aux prochaines élections. «Je le réitère ici, aucune décision à ce sujet n’a été prise. Le moment venu, on le fera savoir si nous y allons ou pas. Ce qui est sûr, nous ne sommes pas prêts à laisser Azali continuer et répéter les bêtises de 2019 », a-t-il averti. Ce dernier, également secrétaire général du parti Juwa, réclame, au passage, une «sécurisation des élections» et un « engagement de la communauté internationale».

Sécuriser les élections

Le déploiement d’une force étrangère comme en 2006 avec l’Amisec (Mission de l’Union africaine pour le soutien aux élections aux Comores), revient souvent dans les revendications de l’opposition. Pendant son intervention, Me Ibrahim Ali Mzimba a d’abord dénoncé « l’illégalité » de la note qui a placé l’ex-président Sambi en résidence surveillée au mois de mai 2018, pour trouble à l’ordre public. « L’ancien président a ensuite été jugé sur la base d’une loi inexistante.

 

Je suis d’ailleurs le premier à l’avoir dénoncé en 2017, en rappelant le principe de la non-rétroactivité de loi. Or, on a jugé Sambi sur la base d’une loi de 2014, pour des faits qu’il aurait commis entre 2007 et 2010 », a poursuivi l’ancien bâtonnier du Conseil de l’ordre des avocats, qui promet que «ce mandat sera le dernier d’Azali Assoumani à la tête du pays ». Le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2019 a enfin relevé que « l’infraction de haute trahison utilisée contre Sambi et les autres condamnés n’est prévue nulle part ».


«Il n’y aura pas l’aube d’une 7ème année d’isolement. Tiens bon », a renchéri l’ancien ministre Mohamed Jaffar Abbas, qui a lu un discours sous forme de poème. Ce membre du Front commun a pris le soin de rappeler que «les incarcérations d’opposants se focalisent à Ndzuwani contrairement aux autres îles». En effet, pas plus tard que jeudi dernier, des jeunes militants qui essayaient de sensibiliser les citoyens sur cette prière (qui devait avoir lieu le même samedi 26 août à Mutsamudu) ont été arrêtés.


«Que donc nos prières du jour préservent nos deux îles de toute future arrestation de ses concitoyens, tous assoiffés de liberté́. Docteur Salami Abdou, dont les patients pourraient bénéficier de son savoir médical, vit cloitré entre quatre murs», a encore rappelé Jaffar, non sans oublier les autres condamnés qui se trouvent en l’exil, comme Mohamed Ali Soilihi et Ibrahim Mhoumadi Sidi

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