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53 ans après le décès de Said Mohamed Cheikh I Une sobre cérémonie religieuse devant son mausolée

53 ans après le décès de Said Mohamed Cheikh I Une sobre cérémonie religieuse devant son mausolée

Société | -   A.S. Kemba

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Ses petits-fils et arrière petits-fils se sont recueillis devant sa tombe sise à Moroni à l’occasion de la commémoration, ce 16 mars 2023, du décès, 53 ans après, du premier médecin comorien et premier président du conseil de gouvernement des Comores. D’aucuns s’interrogent sur l’absence de solennités officielles pour honorer la mémoire des illustres personnalités qui ont marqué l’histoire du pays.

 

Une sobre cérémonie religieuse a été organisée hier à Moroni à l’intérieur du mausolée du président Said Mohamed Cheikh décédé le 16 mars 1970 à Madagascar. Le premier homme politique comorien est mort, à l’âge de 65 ans, il y a juste 53 ans jour pour jour. La date n’est pas passée inaperçue pour de nombreux Comoriens qui se rappellent bien de cette grande figure des Comores, née en 1904 à Mitsamihuli, premier député comorien ayant siégé à l’Assemblée nationale française de 1945 à 1961.


Ses petits-fils et arrière petits-fils se sont recueillis devant sa tombe sise à Moroni à l’occasion de la commémoration du décès de ce premier médecin comorien et premier président du conseil de gouvernement des Comores. D’aucuns s’interrogent sur l’absence de solennités officielles pour honorer la mémoire des illustres personnalités qui ont marqué l’histoire du pays. «Nous n’avons rien à dire mais nous nous posons nous aussi beaucoup de questions sur ce peu d’intérêt manifesté par les autorités de ce pays qui continuent à ignorer la grande mémoire du pays», regrette l’un de ses arrière-petits-fils contacté hier.


L’homme politique avait un destin hors pair et avait déjà l’esprit à la fois guerrier et combatif dès son jeune âge. «La révolte du Mbude de 1915 contre l’administrateur Theyssandier et la milice coloniale ont marqué l’esprit du jeune Said Mohamed Cheikh dont les parents ont décidé de le transférer à Moroni, chez son père pour l’isoler des échauffourées. Il n’était alors âgé que de 11 ans. Ce fut à beaucoup d’égards, une source d’inspiration et d’alimentation de son idéologie nationaliste», nous dit l’historien et Pr Moussa Said Ahmed, ancien doyen de la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’Université des Comores.

Un défenseur de la dignité et de l’honneur des Comores

Jeune député à l’époque où les Comores étaient rattachées de Madagascar, Said Mohamed Cheikh s’est battu pour doter les Comores d’un statut à part entière, s’opposant ouvertement à de poids lourds de la vie politique malgache comme Jacques Rabemananjara. Les Comores deviendront un territoire d’Outre-mer (Tom) en 1946 avant de disposer à partir de 1961 d’une autonomie marquée par la naissance d’un conseil de gouvernement et d’une chambre de députés propres.


Said Mohamed Cheikh sera porté à la tête de ce conseil de gouvernement et militera contre vents et marées pour accompagner le pays à se doter d’infrastructures avant de se projeter vers l’autodétermination ravivée à l’époque par les jeunes radicaux des mouvements indépendantistes. Said Mohamed Cheikh était souvent incompris mais droit dans ses convictions pour défendre la dignité et l’honneur des Comores au palais Bourbon comme le faisaient ses autres collègues Houphouët-Boigny ou encore Léopold Sédar Senghor, entre autres.


«Durant toute sa carrière des honneurs, il n’a cessé de s’opposer à la mainmise coloniale. Qu’il s’agisse du rattachement de l’archipel à Madagascar ou de la question foncière. Said Mohamed Cheikh a laissé le souvenir d’un nationaliste aguerri qui avait à cœur les intérêts de son pays sans pour autant rester complaisant aux caprices du peuple», rappelle encore le professeur Moussa Said Ahmed. Des intellectuels comoriens à l’exemple de l’historien Mahamoud Ibrahime jugent nécessaire (lire ci-dessous) d’approfondir et d’étudier encore davantage la vie de cette illustre personnalité qui symbolise la première élite politique du pays.

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