Le cinquantenaire de l’indépendance a mobilisé les nombreux Comoriens vivant à l’étranger. On sait que des associations des étudiants organisent traditionnellement des festivités pour célébrer chaque année la fête nationale du 6 juillet, la date de l’accession de leur pays à la souveraineté internationale. Mais, cette fois, le décor a changé de nature et d’intensité dans les nombreux pays où vivent des compatriotes comoriens, sans doute du fait de la particularité de cette célébration 2025.
Des missions diplomatiques comoriennes, des Etats et des organisations partenaires des Comores ont pris part à des festivités solennelles organisées à l’occasion des cinquante ans de l’indépendance du pays. Aux Emirats arabes unis, par exemple, une importante cérémonie a été organisée dans la grande salle du Symposium Culture et Science à Al Mamzar à Dubaï. Les participants ont honoré la mémoire des pionniers de l’indépendance des Comores et prié pour un «futur meilleur» pour les cinquante prochaines années.
«La cérémonie s’est déroulée en présence de Dr. Moamen Mohamed Sadek, consul général de la République des Comores à Dubaï, Ahmed Ibrahim Abu Al-Khair, consul adjoint, Bilal Al-Budoor, président du conseil d’administration du symposium, de nombreux membres du corps diplomatique accrédité aux Émirats arabes unis, de dignitaires, de l’attaché militaire des Comores, et d’un certain nombre de membres de la communauté comorienne résidant dans différents émirats du pays», a rapporté le media émirati Al-Khaleej.
Identité nationale
Les invités ont assisté à un «jubilé d’or» qui a permis de mettre «en lumière l’identité nationale des Comores», la souveraineté nationale mais aussi les «relations croissantes entre les Comores et les Emirats arabes unis», toujours selon ce site. «La cérémonie comprenait une projection spéciale d’un film connu sous le nom des îles Comores, ainsi qu’une exposition de photographies historiques documentant les étapes de la lutte comorienne contre le colonialisme jusqu’à l’indépendance, le 6 juillet 1975», devait préciser Al-Khaleej.
Attachement et soif de changement
En Egypte, l’association des étudiants comoriens a organisé, elle aussi, des festivités pour marquer le Cinquantenaire de l’indépendance. L’Egypte comme le Maroc abritent d’importantes communautés comoriennes. Des danses traditionnelles ont rythmé la journée du dimanche 6 juillet. Mêmes scènes à Pékin en Chine, Rabat au Maroc et Dakar au Sénégal où des échanges entre les Comoriens vivant au pays de la Teranga ont permis de mesurer le degré d’attachement de leur pays et leur soif de changement. «La conférence s’est focalisée sur le bilan de l’indépendance et les actions à mener pour garantir un meilleur avenir au profit des générations présentes et futures», a-t-on souligné.
Dans la ville portuaire de Majunga à Madagascar où habite une forte communauté comorienne, l’ambiance était également au rendez-vous : un défilé, des chants et des danses étaient au programme. D’autres Comoriens et des Zanatany (les Comoro-malgaches) ont organisé une «Marche de la solidarité» dans la ville de Diego Suarez. Ils ont appelé à l’unité et à la fraternité des peuples comorien et malgache.
Beaucoup reste à faire
Les participants ont exprimé leur joie de pouvoir célébrer la fête nationale et le Cinquantenaire en mettant en avant leur fierté d’appartenir à une seule nation : «à l’occasion de la fête de l’indépendance des Comores, nous les Zanatany de Ngazidja, les Zanatany de Ndzuani, les Zanatany de Mwali et les Zanatany de Maore ici dans la ville de Diego Suarez, nous avons fêté les 50 ans d’indépendance de notre pays natal les Comores, Mach’Allah. Vive les Comores», peut-on lire dans un post sur les réseaux sociaux.
En France, les célébrations ont été nombreuses dans les principales villes. A Paris comme à Lyon, des danses folkloriques, des projections et des causeries ont été organisées en présence de nombreux compatriotes. Les Comoriens de France ont beaucoup plus misé sur le bilan des cinquante ans et, surtout, le devenir de l’archipel. Des intervenants d’un débat à Paris ont souligné «la nécessité» de reconnaitre les actions entreprises par «tous ceux qui ont eu à gouverner le pays de l’indépendance à nos jours». Cependant, pour de nombreux autres intervenants, le pays «mérite mieux» et beaucoup plus d’efforts doivent être faits pour répondre aux besoins vitaux de la population en matière de santé, d’eau, d’électricité, notamment. «Beaucoup de choses ont été faites en cinquante ans mais nous sommes toujours un pays sous développé, nous sommes encore confrontés à de nombreux problèmes. Le rythme de développement est trop lent au pays, il faut une priorisation des besoins fondamentaux du peuple. L’agriculture est abandonnée, il y a le chômage des jeunes et beaucoup de Comoriens sont obligés d’aller se faire soigner à l’extérieur», ont souligné certains intervenants.
A Marseille, la célébration du Cinquantenaire a été marquée par une série d’activités dont la plus relayée est une «conférence mémorative» des cinquante ans de l’indépendance organisée le 5 juillet à la salle de l’assemblée du Conseil régional à Marseille et animée par l’ancien ministre Dini Nassur, l’avocate Maliza Saïd Soilihi et le juriste Rafsandjani Mohamed. «L’événement a été ouvert par une intervention vidéo du président Renaud Muselier, saluant la mémoire et la dignité du peuple comorien dans son combat pour la souveraineté», a-t-on souligné.
De nombreux comoriens de la cité phocéenne avaient assisté à ce débat «pour exprimer leur solidarité et rappeler les liens historiques et humains entre les Comores et Marseille», selon un des organisateurs. Les échanges ont permis de ressortir et d’expliquer de nombreux faits, chapitres et épisodes de l’histoire post-indépendance. «Dini Nassur a exploré les questions de mémoire et de transmission autour de l’indépendance, Mohamed Rafsandjani a analysé l’évolution constitutionnelle de l’Union des Comores, soulignant les enjeux démocratiques des cinquante dernières années, Maliza Saïd Soilihi a apporté un éclairage précieux sur le plan quinquennal d’Ali Soilihi, en détaillant ses objectifs et son héritage».
Combats et mémoire
Les participants ont suivi la projection d’un film sur «l’engagement des femmes dans la révolution comorienne et qui a marqué les esprits, suivie d’un échange nourri avec le public» mais aussi à «une exposition photographique qui rendait hommage aux grandes figures de l’indépendance, invitant à un travail de mémoire visuelle et collective».
Le travail de mémoire et d’introspection exposé aux participants a permis à de nombreux jeunes comoriens nés en France de connaitre les évolutions notées dans les secteurs et comprendre les grandes mutations constatées depuis l’indépendance pour pouvoir se faire une idée générale de leur pays. La séance a été une occasion de raviver l’esprit d’appartenance à un pays qu’est l’Union des Comores et à promouvoir l’attachement des Comoriens à leur terre d’origine.
Outre la conférence organisée la veille, les organisateurs ont maintenu le rythme des festivités en programmant d’autres activités le jour même de la fête de l’indépendance. «Les commémorations se sont poursuivies dans une ambiance festive le dimanche 6 juillet, avec la célèbre danse de marche djaliko, qui a rassemblé des centaines de participants dans une déambulation joyeuse de la Canebière au Vieux-Port, clôturée par un sambe populaire et deux concerts en soirée, célébrant la culture comorienne dans toute sa vitalité», a rapporté notre interlocuteur.Il faut, enfin, noter que les coûts de ces festivités ont été assurés, la plupart des cas, par des volontaires, des associations, des Ong et des partenaires des Comores.
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