logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Aéroports des Comores  I Les employés accusent trois mois d’impayés

Aéroports des Comores  I Les employés accusent trois mois d’impayés

Société | -   Abdou Moustoifa

image article une
La direction promet le versement du salaire de décembre cette semaine et a expliqué dans le même temps que ces retards sont engendrés par des problèmes structurels, corolaire d’une masse salariale élevée, héritée par le nouveau patron de l’entreprise publique, Maamoune Chakira.

 

Dans une semaine, tous les comoriens vont commencer le mois sacré de ramadan dans une atmosphère d’inflation record. Et toujours pas de salaires pour les employés des aéroports des Comores (Adc). Le personnel n’a touché aucun centime de son salaire depuis trois mois, de décembre 2023 à février. La semaine dernière, une photo d’un agent circulait sur Facebook.

L’image montrait une pancarte collée derrière sa chemise sur laquelle on pouvait lire « je réclame mes droits. Trois mois c’est trop ». C’est dire à quel point la situation est devenue intenable pour les employés de l’aéroport de Hahaya ainsi que leurs collègues de Ouani et de Bandar salam. «Ça fait vraiment mal. Surtout quand on fait tous les moyens possibles pour se présenter au travail en dépit de ces arriérés accumulés.

Et ce qui me choque le plus, tous les jours nous voyons les avions atterrir et décoller ce qui signifie que de l’argent entre dans les caisses de l’entreprise», dénonçait pour sa part une employée, qui voit ses projets personnels bloquer. «Je dois subvenir aux besoins de ma famille sans oublier les frais de transport. Déjà si je rate le bus, je suis obligée de prendre deux taxis. C’est compliqué de joindre les deux bouts », a déploré notre plaignante.


Du côté de la direction, l’on reconnait l’existence de ces arriérés. Le patron de l’Adc, Maamoune Chakira a d’ailleurs promis que le paiement du mois de décembre 2023 sera versé cette semaine. Il a ajouté que les autres impayés (janvier et février) suivraient dès que possible précisant dans la foulée l’une des raisons à l’origine ces interminables arriérés.

Recrutements massifs

«Il s’agit d’un problème structurel que j’ai hérité et n’ai pas encore pu pour diverses raisons mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires. La masse salariale représente encore près de 75% des recettes de la société alors que l’entreprise doit aussi s’acquitter des dépenses courantes d’exploitation et d’entretien », a révélé, dans un premier temps, Maamoune, nommé à la tête des aéroports depuis mai 2022.


Celui que l’on surnomme «Poutine » pour sa rigueur, a rappelé que le nombre d’employés dans chaque aéroport est très élevé par rapport aux besoins réels. Or les ratios de la masse salariale sur les revenus ou les charges est au-dessus des pratiques habituelles pour l’Adc dit-il. A l’entendre, les salaires d’une société d’exploitation aéroportuaire représentent 30 et 35% du chiffre d’affaires en tenant compte des autres besoins de fonctionnement. «Le ratio de l’Adc est de 75% tout cela à cause des recrutements massifs opérés depuis 2012 sans aucun rapport sur l’évolution de l’activité», résume le successeur de Yasser Ali Assoumani.


Des solutions en vue ? Les réformes envisagées depuis mi-2022 après la réalisation d’un audit organisationnel n’ont jamais été appliquées souligne le directeur, contacté par Al-watwan, ce lundi. «Le contexte politique des douze derniers mois ne permettait pas de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour un développement harmonieux des aéroports. Nous avons franchi une première étape avec la mise en place d’un cadre de concertation avec le personnel.

Il faut continuer à avancer sur cette voie avec les agents et le gouvernement, croit-il savoir. Pour redresser la barre de la masse salariale, le directeur de l’Adc propose une réorientation en se recentrant sur les métiers essentiels de l’exploitation aéroportuaire un recentrage tout en externalisant les autres.

Commentaires