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Abdou Saïd Mdahoma, DG de la Ma-mwe / «Une électricité 24h/24, ce n’est pas un rêve»

Abdou Saïd Mdahoma, DG de la Ma-mwe / «Une électricité 24h/24, ce n’est pas un rêve»

Société | -   Nazir Nazi

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Le directeur général de Ma-mwe fait un tour d’horizon sur les différents projets et actions engagés dans le secteur de l’électricité. Il peint un tableau sur l’état de l’entreprise et souligne avec fierté que l’objectif fixé par le chef de l’Etat à savoir fournir de l’électricité à la population «24h sur 24h n’était pas un rêve». Le patron de la Ma-mwé aborde d’autres chantiers comme la réhabilitation du réseau électrique, vieux de cinquante ans.

 


Un an et demi après l’inauguration de la centrale de Vwadju, la Ma-mwe est-elle capable d’assurer la fourniture régulière du courant ?



Oui, nous sommes capables de continuer à fournir régulièrement l’électricité. Nous prenons l’engagement de faire le nécessaire pour maintenir le rythme. Il n’est pas question de se limiter sur l’inauguration de la centrale avec des groupes neufs. Nous devons contrôler, entretenir, réviser ces groupes. Aujourd’hui, nous disposons de la centrale de Vwadju et de celle d’Itsambuni pour produire le courant. Tous les agents de la société doivent accompagner cette volonté affichée parle chef de l’Etat, Azali Assoumani, et son gouvernement, car ils ne cessent de nous appuyer. Vous savez que c’est la première fois qu’un chef d’Etat de notre pays  décide à ce qu’il y ait de l’électricité 24h/24. Certains de nos concitoyens disaient, jadis, que c’est un objectif trop ambitieux. A leurs yeux, c’est un rêve. Un ex-vice-président m’avait dit un jour qu’envisager d’assurer l’électricité 24h/24 est un mensonge. On peut parfois avoir des coupures, mais nous y travaillons. Une électricité 24h/24, ce n’est pas un rêve.


Lors de la remise du don d’Abu Dhabi, vous avez affirmé que la facturation est passée de 40% à 75% de 2016 à 2018, des recouvrements passés de 68% à 80%, une augmentation des recettes à 92%. La Ma-mwe se porte bien financièrement depuis l’inauguration de la centrale de Vwadju?



Si nous déclarons aujourd’hui que la Ma-mwe enregistre une amélioration dans ses services, c’est le fruit des mesures prises et lancées. C’est parce que des agents ont bénéficié de formations, des véhicules sont mis à la disposition des agents, la sensibilisation est forte au sein de la société, les fraudeurs sont presque neutralisés. La société enregistrait 200 à 250 millions de francs de recettes. Durant une période à forte consommation, Ma-mwe encaissait au maximum 300 millions de francs. Et aujourd’hui, nous avons doublé nos recettes. Vous ne pouvez pas sentir cette augmentation vu que nous assurons la fourniture du courant 24h/24 et que le gasoil et la maintenance sont assurés par 80% de ces recettes. Il nécessite 18 millions de francs par jour pour l’achat du gasoil. Conscient, le gouvernement nous appuie en permanence pour maintenir ce rythme. Il n’est pas encore temps de tout assumer bien que des efforts ont été effectués. Le moment viendra pour prendre tout en charge. Et c’est lorsque nous généraliserons les nouveaux compteurs Sts et intégrerons le fuel lourd et les énergies renouvelables.


Selon le chef d’exploitation de la centrale de Vwadju, Olliaro Bernard, les coupures électriques intempestives sont provoquées à plus de 90% par des problèmes de réseau, avec une perte de 40% du courant. Pensez-vous qu’avec les matériels du Fonds Abu Dahbi, la question du réseau sera de l’histoire ancienne ?



C’est une demande reformulée par la Ma-mwe suite à une étude faite en tenant compte des problèmes rencontrés tous les jours. Ainsi, nous avons fait appel à la Banque africaine de développement, au Fond Abu Dhabi et du Fades pour nous accompagner. Maintenant, nous sommes en train de mettre en œuvre ces projets. A la fin de tout ce chantier au niveau du réseau, nous espérons la stabilité comme dans tous les pays. A ce moment là, il n’y aura plus de coupures.


Pourtant, la Ma-mwe a déjà bénéficié d’un projet de Fades qui avait permis de se doter de nouveaux câbles, poteaux, transformateurs, disjoncteurs, interrupteurs à commande mécanique (Iacm). Malgré cela, le réseau pose toujours problème.



Dans le cas du projet de Fades, tous les équipements ont été utilisés. Mais, ces matériels n’étaient pas suffisants. Alors que la consommation augmentait dans tous les coins. Pourtant, l’infrastructure du réseau n’a pas été améliorée. D’où, la nécessité de ces trois dons, notamment Fades, Fonds Abu Dhabi et Bad.


D’ici combien de temps allez-vous lancer réellement le chantier de réhabilitation ?



Les travaux sont déjà lancés. Il s’agit d’un réseau qui n’est pas réhabilité depuis un peu plus de cinquante ans. Les travaux ont débuté à travers le projet Fades. Beaucoup d’isolateurs et de poteaux ont été remplacés ainsi que d’autres accessoires. Nos agents implantent des poteaux. Toutefois, c’est un réseau tellement vétuste qui nécessite beaucoup de choses  et d’efforts pour que tout soit au rendez-vous.


Et où en est-on avec le projet de la Bad pour la réhabilitation du réseau ?



Des techniciens de la société belge «Abc Consulting», attributaire du projet de la réhabilitation du réseau financé par la Banque africaine de développement, sont attendus à partir du mardi 11 septembre  [hier, Ndlr] pour des discussions techniques du mécanisme permettant de travailler ensemble. Une occasion pour cette société d’expliquer à la population le déroulement des travaux et, après deux ou trois mois, les travaux débuteront. «Abc Consulting» va changer les poteaux, les câbles… au niveau des îles. D’ailleurs, je demanderais à ce que les travaux de réhabilitation débutent au nord de l’île parce que c’est là où le réseau est beaucoup plus vétuste. Certes, cette société belge a eu le marché, mais elle ne pourra pas y travailler seul. Il s’agit d’un marché évalué à  trois milliards de francs comoriens. Donc, nous demandons à toute la population et à toutes les régions de nous faciliter la tâche. Dans ce sens, la fourniture du courant de façon régulière est possible.  


Les groupes électrogènes dont vous avez parlé vont-ils arriver quand exactement ?



Le Fonds Abu Dhabi va exactement nous appuyer au niveau de la production. Six groupes électrogènes vont renforcer la production des mégawatts. D’ici janvier 2019, ils seront à Moroni.


D’un point de vue purement technique, le chef d’exploitation de la centrale de Vwadju avait expliqué que «acheter des groupes est synonyme de surconsommation de gasoil». Estimez-vous que la Ma-mwe ait vraiment besoin de nouveaux groupes ?



Nous aurons toujours besoin de groupes électrogènes. Nous allons nous en servir jusqu’à ce que les centrales solaires soient effectives. Et même si les centrales au fuel lourd et solaire deviennent effectives, nous en aurons besoin. Parce que la mixte énergétique est toujours d’actualité dans ce pays. Il faudrait beaucoup de centrales pour en réserve. Partout, les centrales en réserve y existent. Certes, les groupes électrogènes tourneront rarement pour diminuer la consommation du gasoil, mais ils sont importants.


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Lors d’un entretien en juillet dernier, Olliaro Bernard a affirmé que les révisions des groupes qui devraient être faites, ne sont pas toujours effectives faute de règlements financiers. Sont-elles finalement faites ?


Les entretiens s’effectuent à tout moment. Nous avons payé une échéance auprès de la société Eneria qui s’en occupe en attendant la deuxième échéance qui sera versée avant les révisions de 12 mille heures. Nous souhaitons que le paiement soit fait le plus vite possible, pour éviter des problèmes.


Des compteurs Sts sont apparemment commercialisés par votre société. Pouvez-vous en parler ?



L’un des grands défis à relever au niveau de cette société, selon des études faites par la Banque mondiale et par les techniciens de la société, est la suppression des compteurs à disque. Ces derniers restent archaïques et n’aident pas le développement de la société qui doit à chaque fois relever les kilowatts consommés dans les foyers, la manipulation des données, les fraudes, entre autres. D’où le projet des compteurs Sts. La Banque mondiale en a acheté une partie et le reste par Ma-mwe. Nous lançons ce nouveau produit avec les nouveaux clients et d’ici peu, nous pensons les lancer officiellement pour augmenter et sécuriser les revenus de la société, et faciliter les travaux.
 


Toujours est-il qu’aux yeux des clients le prix du compteur est cher. Comment et combien avez-vous fixé le prix des compteurs ?



Les anciens compteurs à disque coûtaient 20 mille francs. Et maintenant, les compteurs Sts coûtent 40 mille francs. Parce que nous estimons, dans les années futures, faire en sorte que le client puisse recharger son compteur par téléphone. Certes, ils sont un peu chers, mais c’est un bon produit pour les clients et pour Ma-mwe. D’ailleurs, ces nouveaux modèles vont permettre de créer des points de vente partout.


Des groupes au fuel lourd viennent d’être réceptionnés. Ma-mwe, principal bénéficiaire, suit-elle de près l’évolution de ce projet ?



D’ici une année, ce projet sera concretisé. D’abord au niveau de Ma-mwe, des agents seront formés pour mieux gérer la centrale au fuel lourd. Nous avons déjà eu le partenaire et les dossiers de ces agents sont envoyés pour se spécialiser dans la gestion des groupes au fuel lourd. Ses formations vont durer six à douze mois.   


Quelle est la situation actuelle au niveau de Mwali ?



 A Mwali, la situation est stable. Deux groupes électrogènes de marque «Mitsubishi» alternent. La direction régionale les fait alterner durant les entretiens.


Et ses projets solaires ?



Il existe un projet photovoltaïque cofinancé par l’Union européenne, Fades et le gouvernement comorien. Des travaux préalables sont en cours. Le projet a enregistré un retard pour des problèmes d’exonération. Toutefois, nous avons obtenu une solution. Sur six containers qui se trouvaient à la douane comorienne, deux sont déjà dédouanés. Huit villages vont bénéficier de ce projet. Dans un premier temps, nous allons mettre l’accent sur le réseau, ensuite la centrale solaire.


Propos recueillis par NN

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