La récente grève à Volo Volo a suscité une atmosphère d’incompréhension générale, qu’est-ce qui s’est passé ?
Il y a eu des gens qui ne voulaient pas s’acquitter de leurs droits. Ni plus ni moins. Il y a un droit d’autorisation fixé à 15.000 francs pour toute personne qui occupe un espace aménagé et sécurisé par la mairie à Volo Volo. Il y a eu des réunions d’information sur le sujet. Tout le monde a été sensibilisé. Mais des saboteurs ont voulu empêcher les réformes. Et pourtant ce sont des réformes engagées pour répondre aux soucis de transparence et de traçabilité des recettes. Heureusement, la sagesse l’a emporté. Et tout est revenu à la normale. Je rappelle que ce sont les mêmes réformes engagées au petit marché (Shindo Sha Mbwani). Or, il n’y a eu aucune contestation car nous avons pris le temps d’expliquer le bien-fondé des réformes. Et tout le monde a applaudit. Mais, à Volo Volo, il y avait des saboteurs. Mais nos services ont pu maîtriser la situation.
Des soupçons de corruption pèsent sur certains agents collecteurs des recettes. Il se poserait un problème de transparence dans la collecte et la gestion des recettes à Volo Volo. Qu’en dites-vous ?
Il y avait certes des pratiques malsaines. Mais justement, c’est pourquoi nous avons engagé ces réformes pour verrouiller toute tentative de vol et de détournement des recettes. Je rappelle que la réforme inclut un volet sur la sécurisation des recettes. Les marchands devraient verser eux-mêmes les taxes sur un compte domicilié à la Meck-Moroni. La mairie a organisé un recensement qui a permis d’identifier 250 tables à Volo Volo. Mais, ce sont les recettes des 144 tables qui étaient officiellement enregistrées, soit 54 tables dont les recettes finissaient dans les poches de certains. Et nous avons voulu mettre de l’ordre.
Estimez-vous avoir gagné la guerre contre ces saboteurs ?
Il y avait une résistance, il peut toujours y en avoir. J’ai constaté que certains veulent politiser nos services publics, déstabiliser la capitale. Et je n’allais pas tolérer. Ce groupe de saboteurs voulait empêcher les mécanismes de collecte des recettes. Mais la raison l’a emporté sur le désordre. La mairie a renforcé son dispositif de contrôle. Je rappelle que ces taxes ont été adoptées par le conseil municipal. Il n’y avait aucun texte clair depuis 2015. Et en l’espace de six mois, j’ai ordonné l’élaboration de textes, soumis au vote en présence du ministre des Finances Mze Aboudou Mohamed Chanfiou dont je profite pour saluer son accompagnement. J’ai demandé à ce qu’on mette en place un comité de contrôle car il s’agit de l’argent des contribuables. Il y avait une certaine opacité. C’est maintenant que nous voulons créer les outils de transparence et les structures de contrôle. Et cela fait suite à l’audit de la section des comptes (sur la gestion comptable de la mairie, Ndlr, lire nos précédentes éditions). Aujourd’hui, il y a trois signatures : celles du responsable logistique, du Daf et de la secrétaire générale. Il y aura une communication régulière sur le montant des recettes collectées et la gestion des fonds. Les marchands seront les premiers a été informés.
Les ordures s’amoncellent partout dans la capitale. Depuis des années, le pays ne réussit pas à trouver une solution à cette problématique des ordures à Moroni. Comment expliquer une telle situation ?
Les Comoriens aiment des services de qualité mais refusent toujours de débourser les moyens conséquents. Les activités d’une voirie coûtent chères. Il faut des hommes et des ressources financières importantes. Or les gens aiment bénéficier de meilleurs services sans mettre la main à la poche. La politique de la voirie est là. Les directives pour une ville propre sont disponibles. Il y a une écotaxe pour tout le monde : les ménages, les boutiques, les banques, les hôtels, les écoles, les services…etc. Mais les gens veulent toujours échapper à l’écotaxe et venir se plaindre des ordures. Le premier combat d’une mairie, c’est la voirie. Mais il faut des moyens. Les statistiques faites montrent que même si tout le monde payait l’écotaxe, on aura toujours besoin de ressources supplémentaires pour combler le déficit. La gestion des ordures, ce n’est pas une mince affaire. Au-delà de tout, il faut aussi une éducation à la salubrité publique. Les citoyens doivent être sensibilisés sur le combat de la propreté. Des gens se permettent de jeter des ordures n’importe où alors qu’il y a des sites et des points de ramassage dédiés. D’ailleurs, je profite pour annoncer une note fixant une amande de 25 mille francs pour toute personne, peu importe son statut, qui jettera délibérément des ordures sur la voie publique.
Quelles sont vos grandes priorités à la tête de la mairie ?
Tout est prioritaire. Il y a tant de choses à faire dans la capitale en matière d'Education, de loisirs et d'aménagement. Mais il y a les urgences. La propreté et la sécurité de la capitale me tiennent à cœur. Ce sont les deux volets qui guident mes actions au quotidien. Il nous faut une capitale propre. Il y a les plans de lutte contre les constructions sauvages et le respect des normes de l’urbanisme. Mais il nous faut d’abord stabiliser la gestion des ordures. J’ai mobilisé toutes les ressources humaines, financières et matérielles de la mairie au service de la propreté de la capitale. Nous avons déjà démarré un travail visant à enlever les carcasses de véhicules sur les trottoirs. Des gens sont mobilisés pour la surveillance des zones exposées à des actes d’incivilité. Je remercie le gouvernement, les autres structures qui nous soutiennent et notamment Comores Télécoms et surtout son directeur général Said Ali Said Chayhane qui m’accompagne dans ce combat.
Justement, il y a eu des plans d’évacuation et de redéploiement des gares routières. Quelle sera la suite ?
C’est un autre volet très important. Car il s’agit de la sécurité des biens et des personnes. La mairie essaie de réorganiser la circulation dans la capitale pour éviter les accidents sur les axes les plus fréquentés notamment les zones scolaires, les écoles où se rendent nos enfants tous les jours. Nous allons transférer la gare Gobadjou à Shalma, celle de Shalma à la Coulée et celle de Volo Volo à Sanfil. Les travaux d’aménagement sont en cours. Car avant d’envoyer des gens, il faut créer les conditions minimales. Nous sommes en train de construire des toilettes et des lieux de regroupement pour ceux qui veulent se rendre dans les régions.
Vous avez récemment pris part à diverses rencontres au Koweït. Quels sont les résultats ?
C’est une rencontre qui réunit les responsables des grandes villes arabes. Nous avons tissé des partenariats avec les responsables du Koweït et d’autres villes arabes. J’ai eu des échanges positifs avec le maire de Koweït city Abdullah Al-Manfuhi avec qui nous avons soumis des propositions d’accompagnement au niveau de la voirie. J’ai rencontré le nouveau secrétaire général de l’organisation des villes arabes Abdurahmane Hicham Al-Usfur. J’ai fait un plaidoyer pour que la capitale comorienne bénéficie de l’expérience des autres grandes villes arabes pour relancer de nouvelles actions en matière de planification et de développement dans tous les domaines.
Toutes ces initiatives entrent dans le cadre des politiques d’aménagement de nos villes. Je remercie le chef de l’Etat Azali Assoumani qui nous accompagne dans ce combat et qui nous encourage dans notre volonté de concrétiser nos ambitions. Le président de la République joue son rôle de leadership et nous pousse à être toujours au service de la population. Il nous appartient de l’accompagner à notre tour pour concrétiser sa vision d’émergence du pays et soutenir les plans de transformation du pays. Si j’ai été élu sous le slogan «Moroni pour tous», c’est pour appeler tout le monde à contribuer aux plans de modernisation de nos grandes villes, notre capitale en particulier. Je demande d’ailleurs une grande réflexion sur un plan national d’aménagement de nos capitales à Ndzuani, Mamoudzou, Fomboni et Moroni. Chacun a le devoir d’apporter sa contribution. Et nous réussirons avec la grâce d’Allah et la mobilisation de tous.
"La propreté et la sécurité de la capitale me tiennent à cœur. Ce sont les deux volets qui guident mes actions au quotidien. Il nous faut une capitale propre. Il y a les plans de lutte contre les constructions sauvages et le respect des normes de l’urbanisme. Mais il nous faut d’abord stabiliser la gestion des ordures. J’ai mobilisé toutes les ressources humaines, financières et matérielles de la mairie au service de la propreté de la capitale." |