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Abidati Abdourahmane : «les études et les enfants n’empêchent pas une femme de réussir»

Abidati Abdourahmane : «les études et les enfants n’empêchent pas une femme de réussir»

Société | -

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Abidati Abdourahmane, native de Mitsoudje, est enseignante en biologie dans les écoles publiques, mais aussi assistante administrative de l’Ong, Efoicom (Entreprendre au féminin Océan Indien-Comores). Elle s’est lancée dans la transformation des déchets au bénéfice de la communauté. D’où la présentation de son projet sur «la valorisation des déchets biodégradables en biogaz et biofertilisants aux Comores» au premier concours de startup à Ngazidja le 14 janvier 2014.

 

Abidati Abdourahmane est une femme singulière sur bien des plans. Extravertie, fine, exubérante, dynamique. Toute sa vie, elle aura toujours su obtenir ce qu’elle voulait. Déjà, mariée à l’âge de 16 ans alors qu’elle était en classe de seconde, Abidati Abdourahmane a préféré poursuivre ses études. Le mariage pour elle ne constituait pas un frein à ses ambitions, son envie de se construire et de s’épanouir.
Si jeune et pourtant elle devait déjà «s’occuper» de son mari, tout en poursuivants ses études secondaires.

C’est ainsi qu’elle obtiendra un bac scientifique en 2011 alors que nombreux sont ceux qui pariaient sur son échec. ″J’ai tout fait pour réussir ma scolarité et cela m’a coûté mon premier mariage. Car, après la naissance de mon fils aîné, mon mari qui résidait en France, disait que ma place n’était désormais plus en classe mais dans mon foyer. Évidemment, je n’étais pas convaincue de ce qu’il avançait».

Le mari la quitte et loin de se démonter, le divorce lui donne l’énergie nécessaire pour aller de l’avant : « j’ai tout fait pour lui montrer que j’étais capable de mieux faire et que je méritais le meilleur», s’est-elle exclamée. C’est donc tout naturellement qu’elle s’inscrit à l’Université «où je n’ai raté aucune année». En 2014, avec une licence de biologie en poche, elle décide alors de se lancer dans la production de biogaz. ″J’ai toujours été passionnée par la gestion des déchets depuis toute petite, une chose qui me tenait à cœur″, fait-elle observer.

Mais en attendant la réalisation de son projet, Abidati Abdourahmane qui n’est pas une femme à se tourner les pouces, s’est lancée dans l’enseignement dans les établissements publics en tant qu’enseignante des Sciences. C’est en voyant Banda Bitsi (une structure attachée à la gestion des déchets et à la défense de l’environnement, ndlr) qu’elle ravive son rêve d’enfance. Elle va alors se lancer elle aussi. Abidati Abdourahmane a le déclic pour le faire.

Le premier concours«Startup week-end»

Maintenant, il lui faut de la performance et de l’innovation. Elle décide alors de chercher un moyen pour transformer et rendre utiles ces déchets dégradables qui pullulent partout. C’est ainsi qu’elle se lance dans le biogaz. Il s’agit donc d’un gaz moins nocif pour l’environnement par rapport au butane utilisé en cuisine. Celui-ci produira aussi de l’électricité grâce à un Cogénérateur de biogaz ainsi que de l’engrais bio.


En 2019, Abidati Abdourahmane se présente au premier concours «startup week-end» organisé à Ngazidja le 14 janvier. La jeune femme s’est montrée très déterminée, confiante et est restée rassurée par la fiabilité de son projet sur ″la valorisation des déchets biodégradables en biogaz et biofertilisants aux Comores″. Sa présentation a retenu la curiosité de plusieurs personnes qui vont alors lui apporter un grand soutien.


″Nous avons eu l’appui de FEM/Gef, du PNUD plus précisément  «le Small Graint Programme» qui nous a financé à hauteur de 50.000 dollars, de la Meck Moroni qui nous a ouvert un compte avec 150.000 fcs.″ a-t-elle fait savoir. Elle ajoute avoir été satisfaite de la suite réservée à son engagement. ″Voir mon projet se faire valider, financer et appuyer par plusieurs institutions, m’a rendu très fière de moi-même.

Je reste optimiste dans l’espoir de voir mon gaz s’utiliser, s’allumer un jour pour que je puisse vraiment crier victoire. Car à présent, on travaille dans la construction des sites de fabrication à Mwali et à Ngazidja».La jeune femme n’a eu de cesse de remercier sa mère qui l’a toujours soutenue, et «à qui je dois tout». Abidati Abdourahmane devrait sans nul doute se réjouir pour tous les sacrifices consentis pour concrétiser ses rêves. Elle est se sent aujourd’hui épanouie en tant qu’assistante de l’Efoicom. 

Adabi Soilihi Natidja

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