A Domoni, deuxième plus grande ville de Ndzuani où convergent des vendeurs des localités voisines et de la région de Niumakele pour proposer des articles bon marché à des acheteurs venus de plusieurs régions, l’ambiance est palpable. Hommes, femmes, enfants, et vieillards se pressent aux stands et aux étals du marché à la recherche de bonnes affaires.
Les premiers stands visités, en général par les femmes, sont ceux proposant des vêtements pour enfants. Madame Fatima Abdou, institutrice, est venue acheter des chaussures pour ses deux enfants. «Les soldes pour enfants sont meilleures, mais nous n’avons pas assez d’argent pour tout acheter. Par exemple, on peut trouver une paire de chaussures à 2000 francs alors qu’en période normale, elle coûte le double», confie-t-elle. Chaibou Ali, un agriculteur de la ville de Jéjé, recherche également des vêtements pour ses enfants. Bien qu’il ait pu acheter des chemises, des tee-shirts et des casquettes pour ses trois enfants, il déplore que certains vendeurs n’aient pas proposé de meilleurs prix cette année sur certains produits. Mais de son côté, Abou Sidi, commerçant depuis 10 ans, explique les difficultés financières rencontrées pour dédouaner au port de Mutsamudu. «Cette année, je n’ai pas pu aller à l’étranger pour acheter des produits pour le ramadan car les frais de douane sont élevés à Ndzuani», explique-t-il.
À l’approche de la célébration de l’Aïd el fitr, certains stands connaissent un succès particulier, comme ceux proposant des articles de décoration pour la maison. Les familles aisées ou modestes font de leur mieux pour embellir leurs foyers afin de les rendre accueillants pour les visiteurs venus bénir leur maison avant de déguster de délicieux gâteaux en guise de bienvenue. Les vendeurs proposent des rideaux, des draps ou des produits pour la peinture murale. Maman Nafissa, mère au foyer, est venue chercher des draps ce matin et semble satisfaite. «Je viens d’acheter ce drap à 10 000 francs alors qu’en période normale, il se vendait à 17 500 francs. Mais la joie de cette dame contraste avec la tristesse de Madame Amina, ménagère et mère de 7 enfants, dont le mari est à la retraite depuis l’année dernière. «Je ne peux pas acheter de beaux draps cette année car je dois acheter de nouveaux habits pour mes sept enfants, je n’achèterai que des rideaux cette année», confie-t-elle.
Les articles de sport sont également très prisés et les stands sont envahis par les jeunes adolescents sportifs. Le prix d’une paire de chaussures est divisé par deux. Des jeunes en groupe viennent acheter des maillots pour les porter lors de tournois sportifs où ils sont par exemple qualifiés en finale. Selon Assane Ali, vendeur d’articles de sport, les affaires sont bonnes car il parvient à écouler de nombreux articles qui sont là depuis longtemps. «Le mois de ramadan est une aubaine pour moi car mes recettes doublent grâce à l’affluence en masse «, affirme-t-il, ajoutant : «Certains articles ne sont pas achetés car les clients les trouvent trop chers».
Et les vendeurs à la sauvette récupèrent ces clients qui ne peuvent pas se permettre d’acheter dans les grands magasins en leur proposant des articles à bas prix. Dans cette ambiance électrique qui caractérise chaque année ce marché de Domoni, épicentre des soldes pour tout le sud de l’île pendant le mois de ramadan, vendeurs et acheteurs y trouvent leur compte, mais une crise de pouvoir d’achat est observée malgré des soldes manifestement abordables.
Par Issoufou Abdou goli