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Activités portuaires I «Si notre pays ne se conforme pas au code Isps, il aura des problèmes»

Activités portuaires I «Si notre pays ne se conforme pas au code Isps, il aura des problèmes»

Société | -   Sardou Moussa

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Le Port International Ahmed Abdallah Abderemane de Mutsamudu est, depuis deux semaines, secoué par des mouvements d’humeur, d’abord des dockers occasionnels, puis des camionneurs. Les premiers refusant le statut de salariés que veut leur imposer la Société comorienne des ports, et les second manifestants apparemment leur solidarité avec les dockers. Les autorités du port expliquent toutefois leur décision par l’urgence d’appliquer enfin la législation portuaire internationale. Interview croisée avec Abdou Malide, Saïd Dhoilami Combo et Aboubacar Houmadi, respectivement conseiller juridique, responsable commercial et commandant du port de Mutsamudu, tous des cadres de la Société comorienne des ports.

 

Vous avez lancé un recrutement de dockers depuis 2 semaines. Combien de demandes avez-vous reçues et combien d’hommes avez-vous recrutés ?

Abdou Malide : Selon les informations qui nous sont transmises par le service des ressources humaines, nous avons reçu pas moins d’une centaine de candidatures. Une cinquantaine est déjà recrutée. Ils ont même ouvert leurs comptes bancaires.

Y a-t-il des candidats parmi les anciens dockers occasionnels ?

L’appel à candidatures avait précisé que les dockers occasionnels qui travaillaient déjà au port étaient prioritaires. Il y a eu effectivement certains qui ont postulé, et les consignes demeurent que s’ils se portent candidats, ils reprendront sans soucis leur travail.

Ces dockers occasionnels disent gagner beaucoup plus que le salaire de 75 000 francs que vous leur proposez s’ils acceptent de se faire recruter. Qu’en dites-vous ?
Saïd Dhoilami Combo : Selon nos calculs à nous, ces gens gagnaient en moyenne 43 500 francs par mois et par personne. Nous ne savons pas comment ils se partageaient leur argent. Il faut aussi remarquer qu’il n’y a pas de travail tous les jours ; ils peuvent décharger un bateau et attendre plusieurs jours avant d’en avoir un autre.

Mais alors pourquoi refusent-ils un salaire mensuel de 75 000 francs ?

Quelqu’un qui est habitué à faire un travail journalier n’est pas dans la même situation qu’un salarié mensuel. Je me rappelle qu’un ancien directeur avait recruté un pêcheur dans cette société, mais à la fin du mois, quand ce dernier a touché son salaire, il a juré de ne plus jamais reprendre ce boulot. Il a affirmé que ce qu’on lui avait payé, représentait deux journées de pêche. Mais ces gens oublient qu’il y a d’autres avantages dans le salariat ; la cotisation à la caisse de retraite, l’adhésion à une mutuelle de santé…

Pourquoi ne voulez-vous plus de dockers occasionnels au port ?

Aujourd’hui tous les travailleurs sont salariés quelque part, et sont payés à la banque, pour qu’ils bénéficient des avantages des banques, et pour qu’ils ne continuent pas à vivre dans la précarité comme leurs prédécesseurs...

Les camionneurs ont eux aussi montré leur mécontentement cette semaine, en arrêtant de travailler. Qu’avez-vous compris de leurs motivations ?

Aboubacar Houmadi : Nous ne savons pas comment aborder cette question des camionneurs car nous ne savons pas pourquoi ils ont arrêté le travail. Concernant les dockers, nous avons expliqué qu’il faut que chaque personne qui travaille au port le soit dans l’un des services qui opèrent au port : manutention, douanes, phytosanitaire, transit etc. Ils ont conditionné leur recrutement à l’obtention d’une décision d’embauche immédiate, un salaire mensuel de 250 000 francs, et une prime alimentaire quotidienne de 3000 francs. En imposant de telles conditions, ils ont donc fermé la porte des négociations. Les camionneurs devraient d’abord venir savoir ce qu’il s’est passé avant de se solidariser avec les dockers. Et ils se sont retirés avant que nous leur communiquions la nouvelle réglementation de l’accès des camions au port, à savoir qu’un transporteur doit obligatoirement être mandaté par un transitaire.

Vous parlez beaucoup ces derniers temps, de sécurité portuaire et de respect du code Isps. Voulez-vous nous résumez les principaux défis sécuritaires auxquels le port de Mutsamudu est confronté ?

Aboubacar Houmadi : le Code Isps [Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires] est né après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, pour éviter que les installations portuaires soient elles aussi exposées à de tels risques. Ce code est en vigueur depuis le 1er juillet 2004, nous avons été formés là-dessus la même année, et notre pays l’a ratifié. Si notre pays ne se conforme pas à ce code, il aura des problèmes. Avant  l’on parlait de sécurité maritime, aujourd’hui l’accent est mis sur la sûreté maritime, c’est-à-dire la prévention des dangers.Comme exemples de normes de sûreté, le port doit être éclairé dans toute son étendue, être équipé de caméras de surveillance, divisé en zones… L’accès doit être strictement réglementé. Il n’y a qu’une porte d’accès aux piétons dans tous les ports du monde.

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