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Affaire Abdallah Mirghane I Aucune plainte n’est envisagée par la victime

Affaire Abdallah Mirghane I Aucune plainte n’est envisagée par la victime

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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La famille de Azaïma Ahamada qui accuse l’ancien conseiller diplomatique d’agression sexuelle présumée a multiplié les sorties médiatiques ce jeudi après s’être murée dans le silence durant 4 jours. Si elle a décidé de ne pas porter plainte pour « ne pas exposer leur fille », elle s’en remet à la justice divine et un grand hitma est prévu mardi prochain.

 

La famille d’Azaïma Ahamada fait bloc autour d’elle. Au cours d’un point de presse, celle-ci a réitéré sa confiance dans les accusations d’agression sexuelle portées par leur fille à l’endroit du désormais ex-conseiller diplomatique du ministère des Affaires étrangères, Abdallah Mirghane.
La rencontre avec la presse, qui s’est tenue dans un foyer, montrait une famille élargie avec des visages connus du paysage médiatique et donnait plutôt l’impression d’une démonstration de force. Le père, administrateur provisoire de la Banque fédérale de Commerce (Bfc), Ahamada Baumer, un ancien procureur général en la personne de Youssouf Ali Djae, une ambassadrice, Chaharzade Assoumani, un ancien ministre des Finances, Assoumani Aboudou, etc., tous étaient présents à cette conférence de soutien à «leur fille».


L’ambassadrice, collègue de l’agresseur présumé, a d’ailleurs rendu hommage à sa nièce en lisant un texte prévu à cet effet. Pour elle, «Azaïma est une lumière que les gens de mauvaise foi ne peuvent éteindre».
Pour le reste, la famille qui s’était murée dans le silence depuis le jour des faits présumés, à savoir le 27 mars ont multiplié les sorties tout au long de ce jeudi 1er avril. Il y eut d’abord le communiqué de la principale concernée. La jeune stagiaire est revenue sur le déroulé des événements en y traitant l’attitude de l’ancien ambassadeur des Comores en France, «d’abjecte» alors «qu’elle le prenait pour un oncle». Ainsi, elle se trouve dans le bureau d’Abdallah Mirghane depuis une dizaine de minutes selon elle, «et je m’apprêtais à partir, vous avez souhaité me raccompagner à la porte ; puis vous m’avez dit ceci : on se fait un câlin ? Votre question est tout de suite suivie simultanément des gestes suivants : un câlin effectivement, vos lèvres posées sur mes joues, et les dirigeant vers les miennes, et en même temps glissant votre main rapidement vers le bas de mes hanches». Elle le repousse. «Je suis partie en courant et en pleurs, et vous m’avez suivie, en répétant, pardon, pardon, pardon».

Jutsice divine

Si aujourd’hui la famille a décidé de briser le silence, c’est aussi parce que le dimanche en soirée, Abdallah Mirghane a publié un communiqué, dans lequel il niait toute agression sur la jeune fille, et a mis le compte de son énervement sur la porte qui aurait malencontreusement claqué sur elle. Et surtout, il a accusé la jeune stagiaire qui devait clore son stage dans son service, «d’avoir été contrainte de jeter l’opprobre sur moi sans en mesurer les conséquences». Pour cette raison, la famille s’en remet à Dieu mardi prochain au cours d’une cérémonie religieuse « hitma ». Elle ne porte en revanche pas plainte contre Abdallah Mirghane, «pour ne pas exposer la fille». «Quand j’ai appris ce qu’il s’est passé, la première des choses que je voulais faire était d’aller chez le procureur pour déposer une plainte mais j’en étais dissuadé par ma femme et ma fille qui ont peur d’une surexposition médiatique», devait faire le père, Hamada Baumer. Dans le communiqué de la famille publié également hier, il est écrit : «nous avons décidé de recourir, nous, famille de cette jeune fille, à qui vous avez voulu du mal en bafouant sa dignité, à la plus haute juridiction, celle d’Allah».


A la fin de la conférence, une fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Hania Soilihi Hadji a apporté un témoignage. Elle certifie qu’Abdallah Mirghane l’a appelé à plusieurs reprises samedi 27 mars, la pressant de se rendre sur son lieu de travail. «Quand je suis entrée dans son bureau, il a commencé à pleurer en disant avoir commis une erreur monumentale, j’ai voulu embrasser Azaïma (…) la petite a eu vraiment peur (…), je ne me sens pas bien, tente une médiation avec ses parents ou alors donne-moi le numéro de son père».

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