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Affaire Akibarou I Le calme est de retour à Fomboni après une journée agitée

Affaire Akibarou I Le calme est de retour à Fomboni après une journée agitée

Société | -   Abdillahi Housni

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À Mwali, la mort d’Akibarou Issoufa avait déclenché colère et violences. Manifestations interdites, affrontements avec la police et accusations judiciaires plongent Fomboni dans une tension persistante. Mais tout est rentré dans l’ordre depuis hier.

 

Le calme est de retour à Fomboni, chef-lieu de l’île de Mwali, après des vives tensions entre la fin de la journée du mardi 16 et la matinée du mercredi 17 décembre, à la suite d’affrontements violents entre des jeunes et les forces de l’ordre. La situation avait paralysé toute activité dans la cité, marquée par des barricades, des pneus incendiés et des détonations entendues dans plusieurs quartiers, tandis que les forces de l’ordre tentaient de disperser les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes.


Ces violences ont éclaté dans un contexte de colère populaire après le décès d’Akibarou Issoufa en détention à Ndzuani, survenu le 9 décembre dernier dans des circonstances jugées troubles par ses proches. Après une nuit relativement calme, la tension est montée d’un cran le lendemain, à la suite de l’arrestation d’un jeune du quartier de Salamani. Des jets de pierres ont à nouveau paralysé les principaux axes de la ville. Services administratifs, écoles, marchés et commerces sont restés fermés, tandis que certaines habitations ont été endommagées.

Réclamer une justice équitable et transparente

Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, l’origine de cette flambée de violence serait liée au refus de la préfecture de Fomboni d’autoriser une marche pacifique prévue le dimanche 21 décembre, en mémoire d’Akibarou Issoufa. Cette manifestation viserait à réclamer une justice équitable et transparente, mais aussi à réagir suite aux récentes déclarations du procureur de Mutsamudu, Mohamed Amane, affirmant que les avocats du défunt auraient entravé l’avancée du dossier, des propos que la famille d’Akibarou juge « en contradiction avec la réalité ».


Lors d’un point de presse tenu dans la soirée du mardi 16 décembre, le frère et la sœur d’Akibarou, Damir et Assiati Issoufa, accompagnés de l’avocat du défunt, ont rejeté plusieurs affirmations du parquet. Ils contestent notamment l’existence d’enfants issus du mariage entre Akbar et son ex-épouse égyptienne, Asmaa. L’avocat a également rappelé «qu’une demande de liberté provisoire déposée le 15 mai avait été rejetée», et a estimé par ailleurs que la procédure judiciaire engagée à Ndzuani constituait, selon lui, « une violation du code pénal, Akbar résidant et ayant été arrêté à Mwali».


Toujours selon la défense, aucune preuve n’aurait été produite par la partie adverse pour étayer les accusations retenues contre Akbar. L’avocat a invoqué aussi « une violation du code civil comorien », en affirmant que « les dispositions relatives à la caution exigée d’un plaignant étranger n’auraient pas été respectées». La famille a soutenu enfin «qu’Akibarou n’avait aucune dette envers son ex-épouse et a rejeté catégoriquement l’accusation d’abandon de famille».
Pour rappel, Akbar Issoufa, âgé de 33 ans, est décédé après sept mois de détention à Ndzuani, où il était inculpé notamment pour escroquerie présumée.

Sa famille a déposé plainte pour enlèvement et non-assistance à personne en danger contre des magistrats et des gendarmes, évoquant notamment une injection suspecte peu avant sa mort. Le parquet de Mutsamudu a rejeté ces accusations et a affirmé attendre un rapport médical pour établir les causes exactes du décès.
La déclaration publique faite hier par le frère du défunt, l’ancien ministre de l’Aménagement, Afretane Yssoufa, semble contribuer à calmer les esprits. La vie reprend son cours normal à Fomboni.

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