L’affaire de la dépouille mortelle non couverte dans son cercueil, et qui a été inhumée au cimetière de Mutsamudu le lundi dernier, n’en finit pas de faire des remous dans l’île. Pour rappel, Oustadh Ounthmane Ahmadi, un uléma de la communauté « Djaula » (wahhabite), décédé le lundi, a été transporté dans son cercueil par des membres de sa communauté religieuse, non couvert par les traditionnels tissus et nattes.L’affaire a fait grand bruit, et le lendemain mardi, la mairie de Mutsamudu a convoqué les personnes à l’origine de cet acte, pour “échanger” avec elles et “comprendre ce qui les avaient poussées à agir de la sorte”. Déjà, les avis religieux émis sur ce sujet convergent : l’acte en lui-même est bel et bien licite.
Seul problème, il ne correspond pas à ce que les Comoriens ont toujours vu et pratiqué depuis bien des lustres. “Ce qu’il s’est passé est tout à fait conforme à la sunna, mais puisque les gens n’en ont pas l’habitude, cela peut semer la zizanie. Nous avons donc appelé les auteurs de cet acte pour les mettre en garde : nous ne voulons pas de troubles dans notre commune. Il ne faut plus que cela se répète encore”, a confié Mohamed Salim, adjoint du maire de Mutsamudu, assurant depuis plusieurs semaines sa suppléance.
“Se conformer au rite du pays”
Le même jour, avant cette rencontre, le directeur des Affaires islamiques de l’île, avait fait une déclaration quasiment similaire. “Le rituel en lui-même est tout à fait licite : une dépouille peut être mise dans le cercueil sans être couverte. Mais les personnes qui viennent de faire cela chez nous ont négligé un précepte important de notre religion : il nous est recommandé d’appeler les gens vers le sentier d’Allah par la sagesse et la bonne parole. D’autre part, chaque pays musulman s’est choisi son rite. Le mieux est de se conformer au rite du pays dans lequel on se trouve, pour ne pas semer la discorde dans la communauté”, avait fait savoir Karim Riziki. Fakihi Salim, l’un des wahhabites conviés à la rencontre de la mairie, s’est ainsi expliqué devant la presse, à la sortie de la réunion : “Cheikh Ounthmane Ahmadi Oili a été transporté dans un cercueil sans être couvert. Des autorités nous ont demandés des explications. C’est un acte licite, même si nous n’avons pas l’habitude de le voir.
Dans l’histoire, plusieurs femmes de l’entourage du Prophète avaient demandé à être couvertes après leur mort, pour des raisons évidentes d’intimité. Les hommes par contre, on ne les couvrait pas. Mais l’islam n’est pas concentré sur cela… C’est une chose qui peut être faite ou pas ; elle ne doit donc pas être source de conflit. Mais le fait de voir le défunt non couvert fait prendre conscience de la mort et aide à raffermir sa foi”.