Laisser à la famille de la petite Faina, décédée dans conditions atroces et connues de tous, entamer son processus de deuil. C’est le principal message délivré par la batterie d’avocats constitués dans ce qu’il convient d’appeler « l’affaire de la petite Faina ». 4 avocats diligentés par des organisations de la société civile pour défendre les intérêts d’une famille meurtrie et dont les visites incessantes, la surmédiatisation empêchent le début d’une reconstruction que l’on sait laborieuse.
Au cours de cette conférence de presse qui s’est tenue ce 20 mai à Moroni, Me Idrisse Mze Mogne, conférencier principal et s’exprimant au nom de l’association « Mwana Tsi waMdzima » a révélé que la famille de la victime faisait l’objet d’un suivi psychologique pour survivre au drame.
Les conseils ont tous, tour à tour, tenu à rassurer le public que l’enquête, contrairement à ce qui se serait dit, ici et là, « se déroulerait dans des conditions satisfaisantes », louant « les qualités indéniables » du juge en charge de l’instruction.
Lors de cet échange avec la presse, il y a eu peu de révélations de la part des avocats. Des mises en garde tout au plus « pour éviter un potentiel conflit communautaire », comme l’a souligné Me Nadjati Ibrahima Mze, représentant l’OngHifadhu. Ou encore des recommandations comme, « les parents de la victime ont droit au respect de leur vie privée ».
Deux personnes en mandat de dépôt
Dans cette affaire qui passionne l’opinion, deux personnes sont placées en mandat de dépôt pour viol, assassinat pour le suspect principal et non dénonciation de crime pour le deuxième. « Le suspect principal reconnait le viol mais rejette toute préméditation dans la mort de la fillette de 5 ans », a déclaré Me Abdoulbastoi Moudjahidi, de l’Ong Mwana tsi waMdzima. Celui-ci par ailleurs rajouté « que le deuxième suspect ne reconnaissait pas les faits qui lui sont reprochés ».
Au cours de cette rencontre avec les journalistes, les avocats ont évité de se prononcer sur le fond de l’affaire dont l’instruction débute à peine. En revanche, la modicité des moyens d’investigation généralement mis à la disposition de l’appareil judiciaire a été évoquée, mettant à mal toute possibilité d’enquête sérieuse. En matière criminelle, la reconstitution des faits et leur enchainement s’impose, et pourtant par manque de moyens financiers et techniques, certains officiers de police judiciaire et autres juges sont dans l’impossibilité de s’acquitter de cette tâche. Pour ce qui est de l’affaire de la petite Faina, des aveux du suspect principal auraient été obtenus. Suffiront-ils ? « Il y a aussi un certificat médical ; le procureur avait dépêché sur place un médecin qui a procédé à un examen du corps de la victime », devait rappeler Me Idrisse Mze Mogne.
« Nous ne sommes pas à l’abri d’un coup de théâtre en pleine audience publique de la part du suspect principal, raison pour laquelle nous sommes engagés à tout mettre en œuvre afin d’avoir d’autres éléments scientifiques en plus de ses aveux et de son certificat médical », a réagi Me Moudjahidi, qui a également fait état de l’implication de plusieurs autres ONG pour la recherche de la vérité dans « l’affaire de la petite Faina ».
L’assassin présumé de la fillette de 5 ans est un mineur de 15 ans. Les dernières informations le concernant indiquent qu’il vit sans ses parents biologiques et qu’il est apprenti en maçonnerie.
Faina Rahim est portée disparue le 05 mai à Memboidjou, au nord de Ngazidja. Le 08 mai, son corps est découvert dans une excavation naturelle recouverte d’’une feuille de tôle, non loin du foyer familial. Elle a été séquestrée, violée puis assassinée. Au cours d’une conférence de presse le 10 mai, le procureur de la république, Mohamed Abdou révèle que le dénonciateur présenté comme un témoin oculaire, grâceauquel deux jeunes garçons étaient placés en garde à vue du 07 au 10 mai, est en réalité le principal suspect dans cette affaire qui continue d’ébranler le pays.