«Ce matin-là, ma femme et moi avions certaines opérations à faire. On a donc confié la boutique à l’une de nos employés. Vers les coups de 10h, elle nous appelle parce qu’un homme vint et veut acheter un frigo pour 215.000 fc au lieu de 225.000 fc. Après concertation, on a accepté le prix proposé par ce dernier. Et il l’a acheté, avec un meuble pour télé. Le tout pour une valeur de 600 euros. À la grande surprise de la caissière, c’étaient tous des faux billets», témoigne le patron des magasins Mbechezi, Mohamed Abdou Mbechezi.
«A ce moment-là, elle prit un taxi et a suivi la voiture dans laquelle l’homme avait mis le frigo. Celle-ci se rendait à Volo-volo. Arrivé à Comores télécom, elle descendit du taxi pour monter dans celle de l’acheteur. Elle lui a dit de rendre les achats car les billets de banque qu’il lui a remis étaient tous des faux, mais celui-ci voulait résister disant que cet argent ne lui appartient pas. Et que ce serait sa grande-sœur «je viens», qui lui aurait donné l’argent», ajoute M. Mbechezi, ajoutant avoir appelé la gendarmerie qui a aussitôt débarqué pour l’arrêter. Il ajoutera que dans le taxi que ce dernier avait loué, se trouvait une sacoche rempli de billets de banque français avec des coupons de 100, 50, 20 et 10 euros.
Pris la main dans le sac à Volo volo
«Après avoir fait notre déposition, on nous a demandé si on voulait porter plainte ou pas. Et on n’était pas les seuls à nous plaindre. A la gendarmerie, on a rencontré d’autres commerçants qui disaient que cette même personne ait fait des achats dans des boutiques à Ikoni, Nyumadzaha ya Bambao et au marché Grimaldi depuis la veille de la Ide Al-adha, et tout ça avec ces faux billets», a ajouté Mohamed Abdou Mbechezi indiquant avoir porté plainte. Il fera savoir que les Comores sont parmi les pays rares au monde où deux monnaies circulent en toute impunité, comme si cela était normal, craignant des conséquences «graves» dans une économie fragile. Selon lui, «si en plus des problèmes économiques, on s’amuse à injecter des faux billets dans le circuit économique, là on n’est pas sorti de l’auberge».
Notons que les faits remontent au mardi 12 juillet dernier. Après une enquête confiée à la brigade des recherches, le dossier a été transmis au parquet le jeudi 14 juillet. Dans un entretien accordé à Al-watwan, le procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid, a fait savoir que, pour l’instant, «une personne seulement est placée» en détention provisoire. «Au début de l’enquête préliminaire, deux personnes étaient interpellées : celle qui avait les faux billets et qui voulait les écouler et un chauffeur de taxi qui était avec lui.
Mais il s’est avéré que le chauffeur n’avait pas eu connaissance que son client avait des faux billets avec lui. Le détenteur des faux billets avait loué sa voiture pour transporter des marchandises», a expliqué le procureur de la République avant d’informer que le dossier est aux mains du juge d’instruction. Une commission rogatoire est en cours de formalisation pour mieux comprendre les tenants de l’histoire. «Il faut des enquêtes approfondies pour savoir si cette personne a agi toute seule ou avec un réseau ou s’il y a d’éventuelles ramifications», a souligné le chef du parquet.