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Affaire des passeports Ministère de l’Intérieur I Le patron de la Police et le secrétaire général blanchis par la justice

Affaire des passeports Ministère de l’Intérieur I Le patron de la Police et le secrétaire général blanchis par la justice

Société | -   A.S. Kemba

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Une enquête administrative menée pendant plus d’un mois n’a identifié «aucune anomalie ni infraction» dans le processus de renouvellement des passeports du programme de citoyenneté économique. Les deux responsables, poursuivis au même titre que deux autres techniciens de Semlex pour «faux et usage de faux et complicité» présumés, ont été lavés de tout soupçon de fraude, selon l’ordonnance de non-lieu rendue publique le 25 avril dernier par le magistrat instructeur.

 

Le directeur général de la Police nationale, Nassif Kaissane, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Tadjidinne Ben Ahamada, et les deux techniciens de Semlex, Mohamed Soilihi Moussa et Ali Nassor Amir, ont été « totalement » blanchis par la justice au terme d’une enquête administrative couplée avec une instruction d’un mois de tout soupçon de fraude dans le processus de renouvellement des passeports provenant du programme de citoyenneté économique. Les quatre personnes étaient poursuivies et inculpées pour « faux et usage de faux et complicité » présumés après avoir été auditionnées le 5 février dernier.«Qu’il est établi que suivant les conclusions de l’enquête administrative, qu’aucune infraction pénale n’a été constatée ni retenue contre Nassif Kaissane, Tadjidine Ben Ahamada, Mohamed Soilihi Moussa et Ali Nassor Amir… que suivant ledit rapport, aucune infraction pénale n’a été révélée sur la procédure de renouvellement des passeports de la citoyenneté économique, que la procédure a été bien suivie » et « que de tout ce qui précède, il n’y a lieu à suivre davantage » les quatre personnes en question, souligne l’ordonnance de non-lieu rendue publique le 25 avril dernier.

Une affaire dans l’affaire

Tout remonte au mois de décembre 2024. Une femme nommée Abou Mariama a été arrêtée à Dubaï, avec « 20 passeports» et une somme de «2510 euros» dans ses valises. Les autorités comoriennes ont été aussitôt informées. Le ministère de l’Intérieur demande l’acheminement des documents à Moroni en vue de l’ouverture d’une enquête pour identifier les auteurs de « ces vrais-faux passeports». Mais alors que l’enquête sur «les 20 passeports » suive son cours, une personne ayant été citée dans cette affaire déclarera que «des fraudes existent aussi dans le processus de renouvellement des passeports de la citoyenneté économique». Les deux personnes qui s’occupent de ce processus ne sont autres que le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, le directeur général de la police, un responsable administratif et un technicien de Semlex. Stupéfait et étonné, le ministère de l’Intérieur a ordonné l’ouverture immédiate d’une enquête interne pour vérifier la véracité de cette révélation. Il s’agit d’une affaire dans l’affaire qui n’a aucune concomitance avec celle des «20 passeports». Les quatre personnes ont nié «toute fraude» dans le processus de renouvellement des passeports du programme de citoyenneté.


«Cette personne était aculée. Elle a voulu créer des soupçons, juste des soupçons pour faire diversion dans la vraie affaire. Je crois que le but était de noyer cette opération mafieuse. Elle a voulu créer de la suspicion sur le processus de renouvellement des passeports de la citoyenneté pour pousser les gens à passer à côté de l’affaire des passeports saisis à Dubaï», souligne une source du ministère de l’Intérieur. Mais le premier juge en charge du dossier décidera de les inculper pour «faux et usage de faux et complicité » présumés. Une décision mal digérée par les concernés. « Le premier magistrat à qui on avait confié l’affaire a jugé à charge, ce qui est une faute professionnelle car un magistrat juge à charge et à décharge pour s’assurer du bien-fondé des témoignages portés à sa connaissance sans acharnement», ajoute notre source.


Le ministère de l’Intérieur, pour de raisons de transparence, se mettra alors au second plan «après ces suspicions » puisque les personnes impliquées relèvent du même département. «On ne pourrait pas être juge et partie, nous avons donc laissé d’autres personnes enquêter sur nous», indique cette source du ministère de l’Intérieur.
C’est ainsi que le ministère de la Justice se saisira du dossier et mettra en place, à travers l’arrêté N°20-002/Mjaifpdhap/Cab en date du 14 février, «une commission d’enquête administrative ad hoc» pour enquêter sur «les supposées fraudes» sur le processus de renouvellement des passeports du programme de citoyenneté économique. La commission avait à enquêter sur le circuit de réception des courriers de demandes de renouvellement des passeports avec l’idée d’identifier s’il existe « un surplus de passeports » établis en dehors de ce circuit officiel.

L’affaire des «20 passeports» suit toujours son cours

Les courriers transmis par les autorités du pays demandeur, les lettres de transmission signées ensuite par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et celles visées par le directeur général de la Police ainsi que le carnet d’établissement dédits passeports présentaient des concordances, selon les investigations faites. Le travail de confrontation des données n’a pas permis de « constater une infraction ni un surplus de passeports», selon les conclusions de la Commission d’enquête administrative ad hoc qui conclut, après 20 jours de travaux de vérification, que « la procédure a été bien suivie». Contacté par Al-watwan après cette décision, le directeur général de la Police a refusé de faire plus de commentaire sur l’affaire. «L’essentiel est que mon honneur soit réhabilitée après tous ces mensonges. J’ai toujours eu la conscience tranquille car je n’avais commis aucune faute. Maintenant, je suis satisfait, il faut passer à autre chose », a réagi Nassif Kaissane.


S’agissant de l’affaire des «20 passeports », l’affaire suit toujours son cours. Deux techniciens de Semlex, Randrianirinaharisenda Hermann et Said Athoumane «ont reconnu les faits», selon toujours l’ordonnance du juge en charge du dossier. Deux autres personnes, celle qui attendait le colis à Dubaï, et celle qui avait confié les passeports à Abou Mariama depuis l’aéroport de Hahaya, sont activement recherchées. A la demande du ministère de l’Intérieur, des mandats d’arrêt ont été établis à leur encontre.

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