Deux ans se sont écoulés depuis la mort tragique de Fahad Moindzé, originaire d’Irohe, dans la région de Washili. Ce jeune homme de 23 ans avait été mortellement atteint par balle le 21 novembre 2023, près du stade de Maluzini, lors d’un match opposant les Comores au Ghana. Depuis, les circonstances exactes de ce drame demeurent inconnues.
Pour honorer sa mémoire, sa localité et la région ont organisé, dimanche 30 novembre dernier, une prière. Ce hitma a permis aux fidèles réunis à la mosquée d’Irohe, de rendre hommage à ce jeune disparu trop tôt. « Fahad se trouvait au stade pour une cause nationale et patriotique. Il est décédé et ne reviendra plus, car ce qui est fait appartient désormais au passé.
Prions pour la paix, comme le répète le chef de l’État, et pour que l’auteur présumé soit jugé», a plaidé le prédicateur Ali Moumini Mbaé, originaire de Dzahadjuu la Washili. Remerciant l’assistance, Abdoulatuf Mdahoma a salué l’initiative. «Au-delà des remerciements, je tiens à souligner que cet évènement est une marque de solidarité. Il faut prôner la solidarité dans le football », a insisté le prédicateur.
Après la cérémonie de recueillement, un point de presse a été organisé par les proches de Fahad, qui a rendu l’âme dans un hôpital de la Tanzanie, où il était parti se soigner. La rencontre avec la presse se tenait chez le défunt. Le conférencier, Aboubacar Moindze, ainé du regretté, arborait une affiche et une photo dans lesquelles on pouvait lire «Fahad Moindze est tué par l’armée comorienne et son meurtrier doit être jugé».
Rendre justice
«Nous nous retrouvons ici en ce jour historique marquant la mort de Fahad Moindzé, tué au stade Maluzini depuis 2023. Les choses ne devraient pas se passer ainsi. Chacun fait ce qu’il veut, hélas. Nous, proches, appelons les autorités comoriennes à rendre justice pour Fahad, que le procès se tienne », a déclaré Aboubacar Moindze.
Dans la nuit du 21 novembre 2023, Fahad se trouvait au stade de Maluzini pour assister à un match des Cœlacanthes lorsqu’une balle tirée par un militaire l’a atteint à la tête. Transporté d’urgence à l’hôpital El-Maarouf, il a été plongé dans un coma artificiel en raison de la gravité de sa blessure, qui lui sera finalement fatale.
Au lendemain de l’annonce de son décès, survenu cinq jours plus tard à Dar es-Salam, le gouvernement comorien avait promis, lors d’un point de presse, l’ouverture d’une enquête visant à élucider les circonstances de la mort du jeune supporter. Le 1ᵉʳ décembre, un homme cagoulé, escorté par des gendarmes, a été présenté à un juge. Le procureur de la République de l’époque, Ali Mohamed Djounaid, a confirmé qu’il s’agissait de l’auteur présumé du tir. Celui-ci avait été inculpé pour homicide volontaire, les conditions d’usage de son arme n’étant pas réunies. Mais quatre mois plus tard, «le militaire s’est malheureusement évadé de la prison de Moroni en compagnie d’autres détenus», selon des sources concordantes.
Lieux de jeu
Depuis, personne ne sait comment évolue l’enquête, d’où le point de presse organisé par les proches de Fahad dimanche dernier pour exprimer leur désarroi. Ce sentiment, le club officiel des supporters des cœlacanthes le partage. «Tout d’abord j’ai une pensée pour la famille de Fahad, ses proches, les supporters et pour tous ceux qui ont été affectés par ce drame. Nous partageons leur douleur, leur peine et leur incompréhension.
L’appel à la justice est légitime, juste et nécessaire. Aucun supporter, aucune famille, ne devrait vivre une telle tragédie en venant au stade, pour prendre du plaisir simplement et soutenir son équipe, avec passion et fierté», a réagi le président du club des supporters, Aït Ahmed-Djalim, qui s’est joint à la famille pour réclamer justice.
«Nous demandons aussi que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cet acte inacceptable, que les responsabilités soient établies. Justice doit être rendue pour que cela ne se reproduise plus et que cela serve d’exemple à un moment où les violences dans les stades et leurs alentours se multiplient», a poursuivi Aït, martelant que «les stades doivent rester des lieux de joie, de communion et de sécurité».
Moudjib M. Said avec Abdou Moustoifa
