Le deuxième volet des audiences de la cour d’assises s’est ouvert hier, mercredi, au palais de justice de Moroni. Au programme, 22 dossiers doivent être jugés sur une période de quatre jours, jusqu’au 21 juillet. Il s’agit majoritairement d’affaires d’agressions sexuelles, ainsi que de cinq dossiers criminels. Le premier a été examiné hier, notamment l’affaire de Housni Massoundi, natif de Koimbani ya Oichili. Ce jeune homme a trouvé la mort dans la nuit du 21 août 2024, au cours d’une altercation avec un groupe de jeunes originaires d’Irohé ya washili.
Mais devant la cour d’assises, seul Nizar Hassane, 25 ans, était à la barre. Poursuivi au départ pour homicide involontaire, c’est finalement la charge de « coups et blessures volontaires exercés sans intention de donner la mort mais l’ayant occasionnée » qui a été retenue. Pour cette infraction, la cour l’a condamné à une peine de 7 ans de prison. Cinq autres prévenus, assignés à comparaître, ont écopé de 9 ans, en dépit de leur absence. La cour a ordonné que des mandats d’arrêt soient décernés. Certains étaient poursuivis pour association de malfaiteurs.
Au cours des débats, Nizar, vêtu d’un boubou blanc, a raconté les circonstances ayant conduit au drame. Le soir de l’événement, lui et des amis originaires d’Irohé se rendaient à Koimbani pour assister à un twarab. Mais ils sont tombés sur un groupe mené par un certain Mbappé, natif de Koimbani. Ce dernier, en fuite à Mayotte, n’a pas été condamné hier. La cour a en effet demandé un complément d’informations pour trois prévenus, dont Mouzamil (Mbappé). Pendant le procès, on a appris que Mouzamil voulait se venger d’une agression dont il disait avoir été victime de la part de jeunes d’Irohé, lors d’un match de football.
Route barrée
«Ils ont barré la route. Notre chauffeur est parvenu à passer. Mbappé s’est approché de notre conducteur. Alors qu’on se demandait pourquoi nous étions attaqués, des cailloux ont commencé à pleuvoir. J’ai même été touché. Une bagarre a ensuite éclaté », a détaillé le principal accusé, Nizar, qui a reconnu avoir frappé Housni avec un bâton ramassé par terre. Nizar a ensuite affirmé que sa victime s’était relevée et avait pu se déplacer.
Comme quoi, feu Housni n’aurait pas succombé sur le coup. Mais là encore, l’avocat de la partie civile, Me Mohamed Nassur, a insisté sur la nécessité de connaitre les circonstances de la mort de son client. « La famille affirme que Housni a été victime d’une hémorragie interne. Dire qu’on l’a asséné un coup de bâton sur le dos jusqu’à décéder me parait léger. Housni n’était pas impliqué, plutôt son cousin. On peut donc supposer qu’il a reçu d’autres coups sur la tête», a estimé l’avocat pendant sa plaidoirie. Selon Me Mohamed Nassur, la maman de la victime ne réclame aucune indemnisation. Tout comme le procureur général, l’avocat de la défense, Me Mohamed Abderemane Hilal a pointé du doigt l’absence de Mbappe au procès. «Sans lui, mon client n’aurait pas été dans cette situation et Housni serait toujours en vie. C’était un guet-apens avec comme intention de tuer les passagers du véhicule. Nizar n’avait aucune intention de blesser quelqu’un. Il était allé à Koimbani. Il portait même un Nkandu. Je vous demande de considérer cela comme de la légitime défense», avait plaidé Mohamed Abderemane.