Silencieuse jusqu'ici Mze Madi Mariama a décidé de sortir de son silence. Depuis Oman où elle dit entamer les dernières procédures de livraison des tonnes de ciment, elle a accepté de livrer via WhatsApp sa version des faits sur le litige qui l’oppose à Ousseine Mansoib au sujet d’une opération commerciale qui défraie la chronique.
D’abord le montant de l’opération. «Il n’a jamais été question de 200 millions de francs», indique Mze Madi Mariama. «Mansoib a versé un premier montant de 34.360.000 et un autre versement de 35.640.000. Il faut que les Comoriens sachent que Mansoib et ses avocats ne disent pas la vérité, ils mentent sur bien d’aspects de cette opération commerciale, mais la vérité finira toujours par éclater», souligne-t-elle. Des déclarations qui sont en totale contradiction avec celles faites par les avocats d’Ousseine Mansoib et dont Al-watwan n’est pas en mesure de confirmer ou d’infirmer. (Lire notre édition d’hier).
La patronne de Makas Navigation parle «seulement» d’un montant de «97 millions» versés, selon elle, par Ousseine Mansoib et dont elle compte bien rembourser une fois le bateau arrivé à quai au port de Mutsamudu. «Soit 70 millions versés et 27 millions que je lui avais avancé et dont j’ai récupéré», explique-t-elle. «Comme il a annulé le contrat, je vais rembourser les 97 millions une fois le ciment aux Comores», ajoute-t-elle.
Mze Madi Mariama reconnait un contrat datant du mois de mai 2021 pour l’achat de tonnes de ciment dont 7.500 commandées par Ousseine Mansoib. Al-watwan s’est procuré une copie. Il est mentionné dans le point 3.1 du contrat «qu’en cas de non livraison de la marchandise, Makas Navigation doit rembourser 100% de la somme investie par le client Magasin Ousseine Mansoib, soit la somme de 224.250 dollars» correspondant à 97 millions (à l’époque) mais qui est estimé à 102.347.700 millions de francs comoriens, selon le cours actuel du dollar.
Mais la femme d’affaires persiste et signe. «L’affirmation par Mansoib selon laquelle il m’a remis 200 millions s’est apparue complètement farfelue et demeure donc mensongère. Il y a eu intention délibérée d’induire l’opinion en erreur. Déjà, ils parlaient de 200 millions, puis 159 millions, et la justice parle de 100 millions, je vous confirme que l’argent de Mansoib est de 97 millions mais ça va se savoir», affirme la patronne de Makas Navigation.
Le point 4 du contrat stipule que «la livraison du ciment aura lieu 15 à 25 jours depuis la date de signature», soit le 20 juin 2021 puisque le contrat en question a été signé le 26 mai. La femme d’affaires justifie le retard de livraison du ciment par «les problèmes logistiques» accentués, selon elle, par la crise sanitaire et la hausse du fret à l’international. Mais, promet-elle, «le bateau arrivera aux Comores incessamment». Mze Madi Mariama rappelle son statut d’importatrice de ciment aux Comores depuis 1998. «A l’époque, j’achetais le ciment auprès d’un fournisseur étranger. Je payais le bien à la commande à 100% et attendais jusqu’à deux ou même six mois. J’aurai pu exiger aujourd’hui la commande à 100% auprès de mes clients car c’est mon ciment, je vais le vendre comme je veux», explique-t-elle.
Revenant sur le retard de livraison, elle affirme que le fournisseur avait accusé «quatre mois de retard» et qu’elle avait de problèmes de santé qui ont de facto légitimé un sursis de l’opération commerciale. «J’étais malade. J’ai fait quatre mois à l’hôpital. Je ne pouvais pas prendre le risque d’envoyer une cargaison de ciment aussi importante sans ma présence aux Comores. Je voulais retrouver d’abord ma propre santé avant de reprendre langue avec le fournisseur», justifie-t-elle. «J’ai cinq clients qui ont déjà commandé une grande partie du ciment. Mansoib n’a rien à voir avoir avec toute la cargaison, c’est un client comme d’autres, c’est mon ciment, j’ai d’autres clients, je vais le vendre comme je veux, Mansoib n’a que 7.500 tonnes sur les centaines de tonnes que j’ai commandées, il a avancé seulement 35% du montant total».
Réagissant aux propos des avocats de Mansoib qui affirment mercredi en conférence de presse avoir obtenu déloyalement l’ordre de virement, Madi Mze Mariama se dit sidérée. «Quelle crédibilité pour un avocat qui déclare que son client a volé un document ? C’est grave, le vol est un délit. Un avocat qui déclare publiquement que son client a volé un document.
Il est fort à en douter sur les manœuvres entreprises pour détourner l’opinion mais la vérité approche», a-t-elle souligné avant de rappeler que ses mouvements bancaires n’engagent que sa personne. «Mes comptes clients, mes comptes professionnels, mes comptes commerciaux m’appartiennent, je les gère comme je veux», dit-elle. "Je rappelle que j’ai un contrat de livraison de 7.500 tonnes avec Mansoib. Mais tout ce qui se fait en dehors de ce contrat constitue un abus. Mansoib doit assumer les conséquences", a-t-elle mis en garde. "Je regrette que la justice et les avocats ne fondent pas leurs décisions et arguments sur le contrat mais se contentent des propos et des on-dit, c’est inacceptable, je vais me battre contre ces pratiques", a-t-ele ajouté..
«Le bateau attendu incessamment»
En plus de la hausse du cours du dollar et du fret international qui perturbent ses prévisions financières initiales, Mze Madi Mariama dit aujourd’hui faire face à un autre problème. Les fonds litigieux et les autres biens sous la garde de Mansoib «comme l’hôtel, les deux entrepôts, et des terrains» seraient «la propriété d’un Pakistanais», selon ses termes. Ce dernier aurait demandé à la patronne de Makas de lui remettre les fonds «sous forme d’avance du million de dollar que Mansoib devait à cet homme d’affaires». Mais elle a opposé une fin de non-recevoir pour l’instant. «J’ai refusé sa demande car je n’ai aucun contrat avec lui. Je lu ai dit que sans l’autorisation de Ousseine, je ne pourrai pas lui remettre l’argent, je rembourserai Mansoib sauf s’il prouve la propriété par des documents», explique-t-elle. «Je me demande pourquoi cette agitation de Mansoib. Est-ce n’est pas parce que le propriétaire pakistanais souhaite récupérer ses biens. Attendons pour voir».
Au sujet de la décision du tribunal du commerce de Moroni, demandant à Exim de restituer un montant de «100 millions», la patronne de Makas Navigation annonce une procédure d’opposition déjà engagée par son avocat. «On ne m’a rien informé de tout cela, il fallait qu’on m’entende d’abord avant de rendre une telle décision», a-t-elle mentionné. A noter que la direction d’Exim bank, dans une conférence de presse, a fait savoir que l’opération commerciale en question s’est passée dans les normes. L’institution bancaire affirme «n’avoir enfreint aucune règle». Le fournisseur omanais, Alber International a vraisemblablement renouvelé sa confiance à Makas Navigation, dans un courrier difficile à authentifier où il compte porter plainte «pour diffamation» sur «les mensonges» véhiculés ces derniers jours et colportés sur l’opération commerciale en cours.