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Affaire Nazra I La mère s’insurge contre la vente de « sa » maison

Affaire Nazra I La mère s’insurge contre la vente de « sa » maison

Société | -   A.S. Kemba

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La sexagénaire a été sommée de quitter « La Villa de l’amitié » sise au quartier Hankuni au nord de Moroni à la suite d’une ordonnance de référé N°105/23 du tribunal de Moroni confirmée, le 1er juin dernier, par l’arrêt N°13/23 de la Cour d’appel. La justice attribue la propriété en question à Jayshoukalal Chotal Ritech, fils de « Vidjay Import ». Le montant de la vente de la maison est de « 450 millions de francs comoriens » dont 70 millions qui seront versés (2.090.000 de francs par mois) à la Meck-Moroni au titre d’un remboursement d’un prêt contracté par la fille de Fatouma Halidi, Nazra Said Hassane, en prison pour «abus de confiance » présumé. Al-watwan dispose de nombreux documents qui prouvent que la propriété n’appartient pas à Fatouma Halidi.

 

La mère de Nazra Said Hassane a clairement fait savoir, vendredi 9 juin dernier, qu’elle opposera une résistance à tous ceux qui tenteront de la déloger de « sa » propriété familiale.La dame, l’air abattue et au discours teinté de mélancolie, promet de faire tout, quitte même à y laisser sa vie, pour empêcher toute opération de déguerpissement des lieux. «Cette maison est la mienne, je l’ai eu avant même que mes filles ne soient nées. Pourquoi devrais-je la quitter», a-t-elle souligné devant quatre medias.

L’ordonnance de référé N°105/23 du tribunal de Moroni

Cette professionnelle du prêt-à-porter dit ne pas comprendre les faits à l’origine de «cette décision scandaleuse» de la justice dont elle prend le soin de critiquer à longueur de mots. «C’est quoi cette justice qui décide d’ordonner mon départ d’une maison qui m’appartient, je n’ai vu aucun acte de vente, c’est quoi cette justice, je ne comprends pas, je ne comprends pas», dit-elle avant de s’en prendre ouvertement à la notaire qui a arbitré le processus de vente de «sa» propriété. «Monandro (la notaire, ndlr) sait bien qu’on a contracté un prêt à la Meck, pourquoi a-t-elle osé faire ça. (…). Comment pouvons-nous vendre une maison qui est déjà sous hypothèque. C’est incroyable. Mais c’est quelle justice», a-t-elle fulminé. « Je ne quitterai pas la propriété familiale, je suis prête à mourir pour ça », a-t-elle déclaré.


La sexagénaire a été sommée de quitter « La Villa de l’amitié » sise au quartier Hankuni au nord de Moroni à la suite d’une ordonnance de référé N°105/23 du tribunal de Moroni confirmée, le 1er juin dernier, par l’arrêt N°13/23 de la Cour d’appel. La justice attribue la propriété en question à Jayshoukalal Chotal Ritech, fils de « Vidjay Import». Le montant de la vente de la maison est de « 450 millions de francs comoriens » dont 70 millions qui seront versés (2.090.000 de francs par mois) à la Meck-Moroni au titre d’un remboursement d’un prêt contracté par la fille de Fatouma Halidi, Nazra Said Hassane, en prison pour «abus de confiance» présumé.

La veille du voyage de Nazra Said Hassane

La mère a refusé de commenter l’affaire qui implique sa fille et qui a précipité la vente de cette propriété familiale, en mars dernier, sous l’arbitrage de la justice, selon nos informations. Elle a plusieurs fois pointé du doigt le tribunal, estimant que celui-ci aurait fait preuve « d’imprudence et d’irresponsabilité » allant même jusqu’à se demander si la vente en question n’a pas été procédée sous la contrainte. «Ma fille est aux mains de ces gens-là, rien n’exclut que cela ne soit pas fait sous la menace. Je me pose beaucoup de questions. En ce qui concerne ces histoires de dettes, ne me posez pas de question là-dessus, je n’en sais rien, je ne veux même pas en parler, il ne faut pas me demander, c’est elle qui connait, je ne répondrai pas », a-t-elle demandé avec insistance.A la question de savoir à partir de quelle date elle a appris l’opération de vente de la maison, Fatouma Halidi a dit : «Ma fille m’a informé tout cela à la veille de son voyage. Elle m’a conseillé de la suivre et m’a même intimé des ennuis qui pourraient m’arriver. Honnêtement, je ne savais rien, je voyais des gens se rendre régulièrement chez moi demandant à voir leur cheffe sans y prêter une attention particulière».


Elle a, par ailleurs, remis en cause l’acquisition de la propriété par un tiers en arguant que l’une de ses filles ne se trouvait pas au pays. «Le pire, on m’a fait savoir que ma fille Nadjma qui se trouve en Chine a signé un papier. Comment peut-elle signer un document alors qu’elle ne se trouvait même pas au pays durant toute l’année 2022, je peux même vous montrer son passeport», a-t-elle enchaîné.Le transfert de la propriété familiale à un nouvel acquéreur est l’une des conséquences immédiates des montages financiers jugés frauduleux auxquels s’était livrée, pendant deux ans, Nazra Said Hassane, arrêtée à Madagascar le 2 avril, et rapatriée dans son pays le 6 avril. L’ancienne employée de Huawei,qui fêtera ses 29 ans le 13 août prochain, a été au cœur d’un système de Ponzi, arnaquant des dizaines de personnes pour enrichir certains, alors que d’autres se sont fait piégés en apprenant l’incapacité de «la boss» à rembourser les fonds investis.

Un commerçant réclamait «ses 130 millions»

Le montant du préjudice n’est pas encore communiqué mais des sommes avoisinant les deux milliards sont citées par de nombreuses sources. A l’origine del’effondrement de la pyramide du jonglage, la demande d’un gros commerçant de la place qui réclamait ses « 130 millions » et un autre bricoleur qui exigeait le remboursement de ses « 82 millions » mais aussi d’autres qui, selon nos informations, avaient menacé de mort Nazra Said Hassane au milieu du mois de mars. Cette dernière s’est alors dirigée chez « Vidjay Import » qui lui a remis du liquide en contrepartie de la maison familiale pour une somme de « 380 millions » qui lui a permis de sauver sa peau devant la fureur «de ces nouveaux riches ». La vente de la maison était la seule option pour préparer sa fuite. A ce jour, les bribes d’informations en lien avec l’affaire sont livrées par des proches des victimes.


On parle, à tort ou à raison, « d’une cinquantaine» de personnes qui hésitent de se manifester au risque d’être poursuivies pour les faits d’association de malfaiteurs, d’enrichissement sans cause ou d’enrichissement illicite puni d’une peine de 2 à 5 ans et de 5 millions d’amande, selon l’article 528 du Code pénal comorien.
La justice poursuit les investigations et n’a toujours pas, pour l’instant, jeté une lumière complète sur le dossier. Al-watwan dispose de nombreux documents qui prouvent que la propriété n’appartient pas à Fatouma Halidi mais à ses filles Nadjma Said Hassane Mze Cheikh et Nazra Said Hassane Mze Cheikh selon le certificat d’immatriculation et de situation juridique enregistré le 19 février 2002 sous le N°9-DL.

Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.

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