Les affrontements survenus entre les localités voisines de Ngadzale et Salamani, situées dans la préfecture de Domoni, ont laissé derrière eux un lourd bilan humain et matériel. Selon un communiqué officiel du ministère de l’Intérieur, deux personnes ont perdu la vie, dont Moudhuhirou Ahamadi, un jeune militaire de la garde côtière comorienne en congé dans son village natal de Ngadzale, mortellement poignardé.
D’après le ministère, les violences ont entraîné l’incendie de 32 habitations à Ngadzale, dont six en tôles, et la destruction de deux véhicules. À Salamani, 50 maisons, dont 25 en tôles, ont également été ravagées par les flammes, accompagnées de deux voitures détruites. Les autorités précisent que les forces de sécurité sont désormais déployées dans les deux villages afin de ramener le calme et sécuriser la zone.
Si les tensions entre les deux localités ne datent pas d’hier, c’est un événement survenu jeudi soir qui a mis le feu aux poudres. Lors d’un mariage organisé à Ngadzale, un groupe de jeunes de Salamani aurait tenté de s’y inviter, provoquant une vive altercation. La situation a dégénéré en bagarre, au cours de laquelle plusieurs jeunes de Salamani ont été blessés.
Le lendemain, vendredi, des jeunes de Salamani seraient revenus à Ngadzale pour se venger. C’est dans ce climat de représailles que Moudhuhirou Ahamadi aurait été poignardé, selon les témoignages recueillis sur place. En retour, des jeunes de Ngadzale se sont rendus à Salamani, causant un second décès et de nombreux dégâts matériels.
Une rivalité ancienne
Adressant leurs condoléances aux familles endeuillées, le ministère de l’Intérieur a lancé un appel aux belligérants à faire preuve de retenue, de calme et de responsabilité, insistant sur la nécessité de laisser la justice faire son travail en toute indépendance. « Que cette tragédie nous rappelle l’impératif de préserver la vie, de renforcer nos liens et d’œuvrer collectivement pour prévenir de tels drames à l’avenir », souligne le communiqué, qui a réaffirmé la détermination des forces de sécurité à lutter contre les violences dans toutes ses formes. Et de rassurer sur la mobilisation des forces d’intervention pour mener les enquêtes et traquer les auteurs de ces actes pour qu’ils soient traduits en justice. « La lutte contre la violence et l’injustice constitue une priorité absolue. Nous ne cèderons pas face à ceux qui menacent notre cohésion sociale. Chaque acte de violence sera traité avec la rigueur qu’il mérite, dans le souci de protéger nos concitoyens et de restaurer la paix et la confiance au sein de la communauté », indique le communiqué.
Même ton de fermeté pour le Secrétaire général du gouvernement qui s’est dit « profondément attristé » par les évènements. Dans un message publié sur son compte Facebook, Nour El Fatah Azali a, à son tour, lancé un appel au calme et à la paix, invitant les forces de l’ordre à agir avec diligence pour assurer la protection des populations, de leurs biens et rétablir la sécurité. « Le gouvernement tient à rassurer les habitants des deux villages que des mesures d’accompagnement seront mises en place, en partenariat avec les opérateurs économiques et les organisations de la société civile », a-t-il rassuré, précisant que « des mesures seront prises pour traduire en justice les auteurs de ces actes inacceptables afin que de tels événements ne se reproduisent plus».
Une population sous le choc
Sur l’île de Ndzuani, ces nouvelles violences intercommunautaires ont profondément choqué les habitants, qui dénoncent une montée inquiétante de l’insécurité et une inaction persistante des autorités face aux tensions entre villages. Alors que les forces de l’ordre poursuivent leur déploiement, les regards sont désormais tournés vers la justice et les pouvoirs publics, sommés d’agir pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.