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Agriculture comorienne I Entre importations massives et solutions en développement

Agriculture comorienne I Entre importations massives et solutions en développement

Société | -   Adabi Soilihi Natidja

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Malgré l’engagement de nombreux jeunes dans le secteur agricole national et les programmes gouvernementaux visant à promouvoir cette filière, les produits agricoles importés inondent les marchés. Les causes de cette situation sont multiples, notamment l’octroi de licences pour l’importation de produits agricoles et le manque de moyens de conservation.

 

Sur les marchés de Moroni, les produits agricoles importés de Madagascar et de Tanzanie sont abondants, en particulier les patates douces, les tarots et les pommes de terre. Leur prix au kilogramme varie souvent entre 1000 et 1500 francs comoriens, ce qui contraste fortement avec les produits agricoles locaux. Ces derniers ne sont pas vendus au kilo, mais par lots de trois ou quatre pièces, au prix de 2000 à 3000 francs comoriens. Ces prix connaissent une augmentation significative lors des périodes de festivités. Les raisons de cette abondance de produits importés semblent multiples, comme le suggèrent différentes opinions recueillies. L’agro-entrepreneur Faiçal Bianrithi estime que cette invasion massive sur le marché est due au manque d’espace et de systèmes d’irrigation.

Les raisons ?

De plus, les acteurs engagés dans le développement du secteur agricole ne bénéficieraient pas, selon lui, d’un soutien adéquat de la part du gouvernement. Il estime également que l’agriculture aux Comores est saisonnière, et le manque de chaînes d’approvisionnement et de moyens de conservation contribue à ce qu’il qualifie de « fléau ».

Le fondateur de la ferme agricole Maesha, Layal el-Kader, Ben Mohamed, partage ces points de vue et ajoute que la demande constante des citoyens contribue également au maintien de prix élevés et à une production insuffisante. Interrogé sur WhatsApp samedi dernier en fin de journée, le directeur général de l’Agriculture, Dr Mohamed Oussouf Fouad, a identifié plusieurs facteurs responsables de cette situation, dont les méthodes rudimentaires de travail du sol, l’enclavement des zones de production, la difficulté d’accès à des semences de qualité, le coût élevé des intrants agricoles, le manque d’infrastructures d’irrigation et le vieillissement de la main-d’œuvre agricole. Il a mentionné également les contraintes environnementales telles que les sécheresses prolongées, la diminution des précipitations, l’augmentation des températures, le décalage des saisons, la dégradation des sols et l’émergence de nouvelles maladies.

 

Abdillahi Msaidié, élu de l’Union des chambres d’agriculture, de la pêche et de l’élevage, évoque de son côté le rôle des autorités dans l’octroi de licences d’importation aux commerçants. Il convient de noter qu’au cours des deux dernières années, plusieurs programmes de soutien au secteur agricole ont été lancés, notamment le programme intégré des chaînes de valeur et le projet Afidev visant à promouvoir le développement rural. Selon le Dr Mohamed Oussouf Fouad, ces initiatives ont contribué à améliorer sensiblement le secteur, passant de 35 % à 40-45 % d’autosuffisance alimentaire. Cependant, Abdillahi Msaidié estime que ces programmes n’atteignent que moins de 60 % de leur cible réelle.

«60% des agriculteurs ne bénéficient d’aucun accompagnement»

Ce dernier propose la mécanisation du secteur, l’utilisation de nouveaux systèmes d’irrigation et une meilleure conservation pour passer de la petite à la grande échelle de production, favorisant ainsi l’autosuffisance alimentaire et la réglementation du secteur.


En ce qui concerne la manière dont le ministère de l’Agriculture compte rentabiliser le secteur, le directeur de l’agriculture explique qu’ils travaillent à réduire les contraintes structurelles pour améliorer les rendements, renforcer la conservation et développer la transformation des produits agricoles. Cela comprend l’équipement des Crde en tracteurs et en motoculteurs pour faciliter le travail du sol, la construction de pistes rurales pour améliorer l’accès aux zones de production et la distribution des produits sur les marchés, ainsi que la mise en place de citernes pour faciliter l’irrigation. Par ailleurs, des entreprises de conservation et de transformation bénéficient de financements pour réduire les pertes après récolte.

 

Le directeur note également que certaines filières, comme la production de pommes de terre, ont réussi à réduire considérablement les importations, réduisant ainsi l’importation de légumes de 95 %. Pour les taros rouges, l’importation persiste en raison de ravageurs, mais des efforts sont en cours pour obtenir des semences résistantes aux maladies.

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