À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, le parcours d’un homme qui a fait de la droiture une ligne de conduite, et de la cohérence un engagement quotidien, mérite d’être connu. À une époque où les arrangements faciles et les demi-vérités gagnent du terrain, Ahmed Ali Moegni Amir avance à contre-courant. Sans éclats ni discours grandiloquents, il impose une présence discrète mais ferme, celle d’un homme pour qui l’intégrité ne se proclame pas : elle se pratique. Sa vie professionnelle, jalonnée de responsabilités et de choix exigeants, a toujours été marquée par une probité forgée dans l’action.
Né en 1957 à Singani, c’est dans son village natal qu’il effectue ses premières années de scolarité avant de poursuivre ses études secondaires au lycée Saïd Mohamed Cheikh, où il obtient son baccalauréat. Curieux et passionné par l’histoire, il s’envole ensuite pour le Sénégal et intègre l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il y décroche une licence puis une maîtrise en histoire. En 1990, Ahmed Ali Moegni Amir entre dans la vie professionnelle comme enseignant au lycée de Mitsamihuli. Deux ans plus tard, il rejoint Moroni et se voit confier des fonctions administratives sensibles : directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, puis directeur régional de l’enseignement de Ngazidja entre 1993 et 1994.
Autant de postes où la tentation peut rôder, mais où il choisit, inlassablement, la voie de la rectitude. Aujourd’hui engagé dans l’enseignement privé au sein de l’école Gymnase, il continue de transmettre bien plus que des savoirs. Pour lui, l’intégrité est une discipline de vie. «C’est un ensemble de valeurs et de vertus qui distinguent l’homme. Être droit, vivre selon ses moyens, refuser les pots-de-vin et toute forme de compromission», explique-t-il. Conscient de l’imperfection humaine, il affirme néanmoins se battre chaque jour pour «rester fidèle à ces principes», guidé par ses «convictions morales et religieuses».
Son parcours est ponctué d’actes concrets qui donnent chair à ses paroles. Membre du jury au baccalauréat, il a «décliné sans hésiter une importante somme d’argent proposée par un parent d’élève en échange d’une faveur». Au ministère de l’Intérieur, il a «refusé de se partager des fonds indûment perçus au nom d’agents décédés ou ayant quitté leurs fonctions», préférant «les reverser intégralement au Trésor public». Des gestes simples, mais lourds de sens, dans un environnement où la complaisance est parfois la règle.
«Je ne prétends pas être parfait, mais je m’efforce de rester à l’écart de toute magouille et j’exige la même rigueur de mes collègues», confie-t-il. Cette exigence, d’abord envers lui-même, fait de lui une figure respectée, un repère moral dans les sphères qu’il a traversées. En cette Journée de lutte contre la corruption, le portrait d’Ahmed Ali Moegni Amir rappelle que la probité n’est ni abstraite ni inaccessible. Elle se construit dans le refus de la facilité, dans le courage du non, et dans la fidélité quotidienne à des valeurs assumées. Un homme debout, tout simplement.

