Vous avez dernièrement participé à un forum économique à La Réunion. Quel a été l’objectif et quelles sont les attentes de ce forum ?
L’objet de ma mission était de représenter le chef de l’Etat à un forum économique tenu à La Réunion initié par le président Emanuel Macron à qui je devais remettre une lettre du président Azali en mains propres. Il s’agit d’un forum économique avec comme thème «choisir l’île de La Réunion pour investir». Comme il se tenait à La Réunion, c’était l’occasion d’inviter les Etats membres de la Commission de l’Océan indien et les pays de la région comme la République de l’Inde, les entrepreneurs, les hommes d’affaires et opérateurs économiques et des représentants des Etats de la région indopacifique à la Conférence des bailleurs prévu du 2 au 3 décembre à Paris. Au-delà de la remise de ladite lettre, j’ai participé aux travaux. Quant aux retombées en tant que pays membre, c’est de permettre que cette intégration économique régionale soit effective et que notre pays en bénéficie en attirant davantage les opérateurs économiques et entrepreneurs de la région. Une occasion pour moi, en tant que ministre des télécommunications, de montrer les efforts que déploie le gouvernement comorien, au premier rang duquel le chef de l’Etat lui-même, pour améliorer la qualité des services des télécommunications, ouvrir le secteur aux initiatives privées. Personne n’est sans savoir que ce secteur a beaucoup d’opportunités notamment tout ce qui relève de l’économie numérique. Aujourd’hui, la transition numérique que connait notre pays est en marche.
Nous avons la présence des opérateurs économiques de la région Telma, avec sa société Telco aux Comores. Nous allons développer davantage la fibre optique dans le pays. Donc, nous ne pouvons pas rester dans un monopole. Il est évident de libéraliser le secteur pour permettre à certains opérateurs de venir investir aux Comores. Ce qui permettra à notre pays de suivre la marche du monde.
Des salariés de la société comorienne des télécommunications avaient déclenché une grève pour réclamer certains de leurs droits acquis gelés par l’actuel patron de la boite. Où en est ce dossier à l’heure actuelle ?
Ils avaient entamé une grève à partir du lundi de la semaine dernière. Heureusement, le dialogue est établi entre les responsables de la société, notamment le directeur général, et les agents. Il est évident que revendiquer des droits est un droit pour tout salarié. Maintenant, je pense que le dialogue est ouvert et j’ose espérer que ce dernier aboutit à un dénouement serein et plus avantageux, à la fois du côté des agents et de la société elle-même. Il n’est un secret pour personne que la société «Comores Télécoms» traverse en ce moment une période particulièrement difficile au niveau financier. Vous savez que cette société d’Etat emploie 2.463 agents avec une masse salariale de 500 millions de francs par mois. Ce n’est pas du tout facile de les payer, surtout quand les agents sont habitués à être payés régulièrement. Et en face il y a la concurrence avec Telco, le marché qui va s’ouvrir davantage. L’opérateur historique doit s’adapter. Et pour cela, des mesures devront être prises, certains sacrifices doivent être faits même ce ne serait pas pour longtemps mais juste pour faire remonter la pente.
Ainsi, je me réjouis aujourd’hui que le dialogue soit engagé. C’est normal de s’asseoir autour d’une table pour voir comment on pourrait trouver un compromis, un équilibre.
Je reste convaincu que cet équilibre sera retrouvé pour permettre plus de sérénité pour les agents et plus de sérénité dans le fonctionnement de la société elle-même.
Des journalistes sont interpellés ces derniers temps. Pourtant, nous allons vers une période électorale. Que devait s’attendre le journaliste comorien en cette période cruciale ?
Chaque métier a des droits et des devoirs. Pour le cas du journalisme, le journaliste doit comprendre qu’il existe des informations à publier directement, mais il y a celles qui doivent être vérifiées, revérifiées, recoupées pour avoir la certitude et l’authenticité de l’information avant de les publier. Certains disent que les journalistes sont malmenés, secoués ou poursuivis. Votre journal (Al-watwan) publie des informations contre le gouvernement, mais des informations sont authentiques et bien vérifiées.
C’est un exemple pour le journaliste qui doit comprendre qu’il doit d’abord vérifier l’information, son authenticité avant de la publier correctement. S’il suit cette méthode, il ne sera jamais poursuivi par qui que ce soit. Du côté du ministère de l’Information, nous, avec le secrétariat général du gouvernement, la direction de l’Information, le conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa), les médias d’Etat, l’association Sowuti et d’autres principaux acteurs, avons travaillé sur le code de l’information et de la communication. Ce code est actuellement à l’Assemblée nationale pour examen et adoption. Il permettra aux journalistes d’exercer librement leur métier en respectant leurs droits et leurs devoirs. Tout journaliste qui exerce ce métier, en tenant compte de ses obligations professionnelles, n’est jamais poursuivi. Sauf si le journaliste viole les devoirs du métier. C’est un métier sérieux au point qu’il est considéré comme le quatrième pouvoir. Son importance capitale et son impact ne permettent pas de jouer avec ce noble métier. C’est un métier qui peut être utilisé pour la désinformation. C’est d’ailleurs ce qui se passe souvent dans les réseaux sociaux où l’on mène une campagne de désinformation qui impacte même l’éducation de nos enfants.
Si j’ai bien compris, vous dites que le code de l’information et de la communication a été revu avant d’être transmis à l’assemblée…
Tout à fait. Ce code de l’information a été revu. Vous savez qu’il a été élaboré depuis 1994. Il est normal qu’il soit revu aujourd’hui, corrigé et réadapté. Les travaux ont commencé depuis l’année dernière. Le code a été chapoté par les institutions citées précédemment. Le travail a été fait et nous avons eu la dernière version qui est soumise à l’Assemblée nationale pour que nos élus puissent l’adopter pour doter le secteur d’un cadre légal de travail afin de le réguler. Là-dedans, il y a les droits et devoirs du journaliste. Nous espérons que les députés vont l’adopter.