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Ahmed Malidé, président de la Mosc-Ndzuani / «Nous jouons pleinement notre rôle dans la lutte contre la corruption»

Ahmed Malidé, président de la Mosc-Ndzuani / «Nous jouons pleinement notre rôle dans la lutte contre la corruption»

Société | -   Sardou Moussa

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Ahmed Malidé est le président de la Maison des organisations de la société civile (Mosc) de Ndzuani. Il répond aux questions d’Al-watwan sur le rôle que joue la société civile nationale dans la lutte contre la corruption.

La Mosc-Ndzuani a célébré, le mois dernier, la journée internationale de lutte contre la corruption. Du point de vue de la société civile anjouanaise, le phénomène régresse ou, au contraire, a, comme on dit, encore de beaux jours devant lui ?




 Je dois d’abord préciser que depuis 2014, la Mosc d’Anjouan célèbre la Journée Internationale contre la corruption. Cette année la célébration a eu lieu, pour la première fois, au Centre universitaire de Patsy, le 12 décembre 2018 au lieu du 9 décembre de chaque année. Près de 600 étudiants des départements de droit et d’Aes [Administration économique et sociale], des enseignants-chercheurs et des cadres de la société civile comorienne ont participé à l’évènement. Et pour répondre à la question, en effet, le phénomène de la corruption aux Comores ne cesse de grimper chaque jour.
Elle touche tous les services de l’administration publique, du secteur privé et de la société civile. Selon Transparency Internataional, notre Indice de perception de la corruption (Ipc) a connu des souffrances énormes ces dernières années : classé au 142ème rang à l’échelle mondiale en 2014, 136ème rang en 2015 (suivant les énormes efforts fournis) et 148ème rang en février 2017.
Cette perte de 12 points observée entre 2016 et 2017 s’explique par l’absence de structures appropriées de la lutte contre la corruption aux Comores, du fait de l’impunité des auteurs de ce crime (beaucoup de dossiers sont classés sans suite par la justice), du manque de mécanisme de récupération des avoirs publics volés et du fait de l’absence d’un cadre de concertation franc entre le pouvoir et la société civile qui peut aboutir à des actions communes de prévention et de lutte contre la corruption. L’Etat doit donc, dans le respect de la Convention des Nations unis contre la corruption (Cnucc), revenir à sa décision et mettre en place les institutions nécessaires à la lutte contre la corruption aux Comores.
 


L’actuel gouvernement a effectivement dissout la Commission nationale de prévention et de lutte contre la corruption (Cnplc), expliquant que son rôle peut être mieux assuré par la Cour des comptes. Est-ce le constat que vous faites ? La Cour des Comptes fait mieux que la Cnplc ?



 La Cour des comptes examine, conformément à la loi, les comptes des services de l’administration publique, du secteur privé et de la société civile. Elle doit donc signaler des cas avérés de corruption à l’organe public de lutte contre la corruption, qui à son tour instruit les dossiers et les soumet à la justice. D’ailleurs, nous ne pouvons pas avoir plusieurs Cour de compte aux Comores, alors qu’une Commission anti-corruption est décentralisée. De plus, il y a aussi l’aspect préventif de la corruption, que la Cour des comptes ne peut pas faire, contrairement à la première. Et c’est là que la société civile intervient. Pour rappel, nous avons signé la charte des Organisations de la société civile contre la corruption au mois de juin 2015. Depuis, nous sommes dans le domaine et nous jouons pleinement notre rôle, selon les moyens à notre disposition. Nous avons besoin d’une Cour spécialisée qui traite les dossiers de corruption. Une brigade mobile de la gendarmerie et de la police doivent aussi voir le jour pour accompagner les missions de l’organe de lutte contre la corruption. Il faut comprendre que l’appareil judiciaire actuel ne peut pas tout faire.
 


Que fait concrètement la société civile nationale pour participer à la lutte contre le fléau de la corruption?



Déjà, en signant la charte des Osc contre la Corruption au mois de juin 2015, et, afin d’agir efficacement sans se substituer à l’autorité de régulateur publique, la société civile a pris les engagements suivants : Informer l’opinion publique sur les diverses formes de corruption et sensibiliser quant à ses conséquences désastreuses et ce, à travers l’organisation de rencontres, de réunions publiques, de débats, de séminaires, d’études, entre autres.
Animer des actions particulières dans certains milieux et notamment dans les villages ou encore en milieu scolaire. Participer à la sensibilisation des jeunes générations au refus de la banalisation du phénomène de la corruption, analyser les mécanismes qui favorisent les pratiques de corruption, étudier et proposer les moyens de les enrayer.
Déceler les insuffisances éventuelles des dispositions légales et proposer aux instances compétentes les améliorations qui s’imposent, tout comme sensibiliser sur la notion de transparence et célébrer la Journée internationale de lutte contre la corruption chaque 9 décembre. Par rapport à ces engagements, la Mosc d’Anjouan en a déjà fait beaucoup. Nous travaillons actuellement avec des structures du secteur privé pour une forte mobilisation des acteurs dans la lutte contre la corruption. Nous avons même aligné nos actions à l’Onu-dc et rejoint la plate-forme africaine de lutte contre la corruption. Notre participation aux évènements internationaux en est la preuve. Seulement, nous sommes confrontés à des difficultés de moyens financiers et le manque d’un cadre de concertation avec le pouvoir pour la mise en œuvre des actions franches de lutte contre la corruption au niveau national.


Vous aviez pris part aux Assises nationales des 42 ans d’indépendance, au mois de février dernier, en tant que représentant de cette Mosc. Les recommandations concernant la redynamisation de la société civile comorienne avaient consisté en quoi, et est-ce qu’elles sont mises en œuvre?



Oui j’ai pris part aux Assises nationales en tant que membre du comité de pilotage représentant de la Maison des organisations de la société civile au niveau national. Je voulais informer que bien avant la mise en place du Comité de pilotage, c’est la Mosc d’Anjouan qui représentait le Mouvement du 11 août à Ndzuani depuis 2015. Donc j’ai participé et présidé plusieurs rencontres de sensibilisation et de mobilisation des citoyens, pour participer à l’évènement. Maintenant concernant la redynamisation de la société civile comorienne, les recommandations consistaient à plusieurs choses, notamment le respect des droits humains, le respect de la forme républicaine de gouvernement et des principes propres à l’état de droit démocratique, la participation démocratique des citoyens à l’organisation du pouvoir politique, l’organisation autonome de la société civile, le mérite, l’initiative et la créativité individuelle. Evidemment, beaucoup de ces recommandations ne sont pas encore mises en œuvre. Nous le savions, d’ailleurs, que la mise en œuvre de ces recommandations s’effectuerait au fur et à mesure. Il reste maintenant à bâtir une franche collaboration entre les structures de la société civile dans les îles, qui peut aboutir à la mise en œuvre d’actions communes pour que ces recommandations soient suivies et respectées.
A commencer par l’actualisation de la loi n°86-006/PR relative au contrat d’association aux Comores. Ce qui nous permettra d’intégrer beaucoup de choses quant à notre rôle de promouvoir le développement et garantir la paix et la stabilité.


Enfin quel rôle s’apprête à jouer la Mosc dans ces élections anticipées de mars prochain? Trouvez-vous que toutes les conditions sont réunies pour des élections crédibles?



De cela, nous avons fait une déclaration que nous souhaitons publier dans les journaux et dans les réseaux sociaux très prochainement.


Propos recueillis par
 Sardou Moussa

 


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