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Al-watwan : le journal de tous… et de personne !

Al-watwan : le journal de tous… et de personne !

Société | -   Sardou Moussa

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Il était une fois un journaliste d’Al-watwan, héros involontaire d’un feuilleton tragicomique. Coincé entre trois feux, il devient l’archétype du mal-aimé, celui qui est trop docile pour certains, trop critique pour d’autres, et toujours, toujours, à côté de la plaque selon tout le monde. D’un côté, les autorités qui tiennent les rênes du pouvoir.
Elles sont persuadées que ce journaliste devrait être leur plus grand fan, un porte-voix docile et zélé du régime. «On ne vous paie pas pour dire du mal de nous !» auraient-elles murmuré à demi-mot. La règle d’or ? Ne surtout pas fouiner dans les recoins sombres du pouvoir. Après tout, un peu de complaisance n’a jamais tué personne, n’est-ce pas ?
De l’autre côté, l’opposition, cette faction qui a visiblement oublié qu’elle a elle-même serré la vis de la liberté de la presse quand elle était aux commandes. Aujourd’hui, elle trouve Al-watwan bien trop tiède à son goût. «Je n’aime pas trop Al-wa… ils ne disent pas les choses comme j’aime les entendre… je préfère La Gazette», déclare un ancien député qui, il y a quelques années encore, trônait du côté du pouvoir. On aurait aimé lui rappeler que lui non plus n’a rien fait pour faire d’Al-watwan un journal «libre» à l’époque. Mais la mémoire est une chose bien capricieuse, surtout en politique.


Et puis, il y a le commun des mortels, ce citoyen lambda qui voit en Al-watwan un «journal du gouvernement » au service du mensonge officiel. «Je ne lis pas de journaux en général, car ils ne disent que des mensonges du gouvernement», vociférait un jour un enseignant d’histoire, ce même enseignant qui avouait « ne jamais lire de journaux» ! La logique imparable du «je critique ce que je ne connais pas». Mais qu’on se le dise une bonne fois pour toutes : Al-watwan n’est pas «le journal du gouvernement», mais celui de l’État. La nuance est de taille pour ceux qui s’y intéressent vraiment. Le journaliste n’est pas là pour faire plaisir ni au pouvoir, ni à l’opposition, ni même au citoyen râleur de service : il est là pour informer. Même si cette noble mission semble vouée à se perdre dans les limbes de l’incompréhension collective. Bien sûr, il n’y a pas de fumée sans feu. Les journalistes, eux aussi, ont leurs petites faiblesses, leurs péchés mignons, comme on dit. Mais ça, c’est une autre histoire…

 Sardou Moussa Rédacteur en chef

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