Ces dernières semaines, les communications de Comores Télécom étaient de très mauvaise qualité. Qu’est-il arrivé et quelle est la situation actuelle ?
Effectivement, nous avons été confrontés à un problème de disponibilité des services dans certaines zones. Cette indisponibilité était essentiellement due à des problèmes énergétiques. Nos sites fonctionnent à partir de l’énergie solaire et de groupes électrogènes, mais leur source principale reste le courant fourni par la Sonelec. Certains sites stratégiques ont été touchés par les coupures répétées du réseau de la Sonelec. Dans ce contexte, nous avons perdu plusieurs groupes électrogènes, dont certains étaient déjà vieillissants. Pendant que nous tentions de trouver une solution sur un site, un autre était signalé comme touché, ce qui a amplifié les perturbations du réseau.
Il ne s’agit donc pas d’un problème lié aux activités mêmes de la société. Actuellement, nous travaillons à des solutions : nous avons commencé par remplacer progressivement les groupes électrogènes défectueux et nous envisageons de réviser très rapidement notre système solaire. Notamment en remplaçant les batteries, dont certaines ont atteint leur durée d’usage, estimée généralement entre cinq et six ans.
Vous avez annoncé le déploiement de la 5G ce trimestre. Qu’est-ce que la 5G et comment fonctionne-t-elle ?
La 5G est une technologie de cinquième génération offrant plus de puissance et de rapidité. Aujourd’hui, les entreprises ont un besoin croissant de fluidité dans leurs échanges de données. Avec la 5G, la latence – c’est-à-dire le temps entre l’envoi et la réception d’un message – est considérablement réduite par rapport aux technologies précédentes, comme la 4.5G.
Les entreprises et les professionnels en tireront un grand avantage. Par exemple, de nombreux bâtiments sont équipés de caméras de surveillance, et la 5G leur offrira une connexion fluide permettant une surveillance en temps réel. De même, les banques nécessitent une interconnexion stable et rapide, ce que la 5G peut garantir.
En moins de six ans, l’opérateur historique est passé d’un réseau à un autre, sans amélioration notable de la qualité de service. N’avez-vous pas l’impression que la compagnie investit à marche forcée sous l’influence de ses fournisseurs ?
Il faut comprendre que la technologie évolue rapidement. Qu’on le veuille ou non, parfois l’utilisateur n’a pas le choix, car nous n’avons pas tous le même rythme d’évolution. Nous accusons un retard par rapport à d’autres pays, et certaines contraintes nous poussent vers ces nouvelles technologies.
Cependant, Comores Télécom ne remplace pas une technologie pour en mettre une autre sans raison. Nous devons répondre aux exigences de notre clientèle, notamment celles de la diaspora, habituée à des services de pointe dans les pays où elle réside.
Nous devons nous aligner sur le même niveau technologique que ces pays. L’installation de la 3G, de la 4G, de la 5G et de la fibre optique nous permet d’offrir un service de qualité à nos clients. Toutefois, la préservation de nos infrastructures est essentielle. Le déploiement de la fibre optique et l’interconnexion inter-îles représentent un investissement lourd, mais nos installations sont souvent victimes d’actes de vandalisme, ce qui dégrade la qualité du service et nous oblige à doubler les investissements au lieu d’atteindre la rentabilité attendue.
Je prends l’exemple du Backbone national : nous devrions actuellement entrer dans la phase de rentabilité, mais certaines zones ont vu leur fibre optique sectionnée, ce qui nous oblige à réaliser de nouveaux investissements. Vous comprendrez que cela ne rime pas avec une gestion économique saine.
Vous avez annoncé un chiffre d’affaires impressionnant à la clôture de l’exercice 2024. Est-il proportionnel aux investissements réalisés ?
Nous avons deux grands projets : le Backbone national et le projet Fmc (Fixe mobile convergent). À cela s’ajoute le déploiement de la 4.5G, financé sur fonds propres. Lorsque j’ai pris la tête de Comores Télécom fin 2023 – début 2024, nous avons mis en place une stratégie visant à stabiliser le réseau afin d’assurer une meilleure disponibilité du service. Cette amélioration a entraîné une hausse de la consommation chez nos usagers : plus un service est stable et de qualité, plus il est utilisé. Cela s’est directement répercuté sur notre chiffre d’affaires.
Plusieurs employés de la société ont boudé la cérémonie de la présentation du bilan annuel. Le ministre des Télécommunications s’en est étonné. S’agit-il d’un mouvement de contestation silencieux qui pourrait dégénérer ?
J’aurais posé la question autrement : pourquoi n’avez-vous pas vu tout le personnel de Comores Télécom lors de cette cérémonie ? En réalité, c’était un choix délibéré. Comme je l’ai expliqué au ministre à la fin de l’événement, cette cérémonie n’était pas destinée aux employés, mais aux autorités et aux clients, afin de leur exposer nos plans d’action et nos perspectives. Depuis ma nomination, nous avons mis en place un nouveau format de communication interne : un forum où chaque employé, du plus bas échelon aux cadres supérieurs, peut s’exprimer librement.