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Ali Ibouroi, ministre de l’Energie et de l’Eau I «Il nous faut quinze millions de dollars pour alimenter Moroni en eau»

Ali Ibouroi, ministre de l’Energie et de l’Eau I «Il nous faut quinze millions de dollars pour alimenter Moroni en eau»

Société | -   Nazir Nazi

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Dans sa première interview accordée à Al-watwan, le nouveau ministre de l’Energie et de l’Eau revient sur la hausse des prix de l’énergie dans le monde et les mesures prises au niveau local pour limiter ses effets. Ali Ibouroi affiche ses ambitions immédiates et réagit sur différents chantiers en veilleuse. Outre la centrale à fuel lourd et les travaux de prospection du pétrole, le ministre a manifesté un intérêt particulier sur l’approvisionnement en eau, 24h/24h, de la capitale. «Le gouvernement a déjà mobilisé les cinq millions de dollars et l’appel d’offres est lancé», a-t-il annoncé.

 

À l’heure actuelle, on assiste à une flambée des prix dans le secteur de l’énergie au niveau mondial. Le gouvernement a-t-il déjà conçu sa riposte en cas d’impact auprès de ses fournisseurs étrangers ?

Nous venons, dans un premier temps, de revoir le prix du gaz à la baisse. La société Hydrogaz a baissé les prix des différentes bouteilles. Nous sommes en train d’identifier les différents produits de ce secteur de l’énergie avant de rencontrer le ministère des Finances afin que ces produits soient accessibles à la population. Ce sont des produits nécessaires dans la mesure où les Comoriens ne peuvent pas s’en passer. La place de l’énergie dans le quotidien est comparée aujourd’hui à celle de l’alimentation. Surtout quand il s’agit de l’eau et de l’électricité. Nous pourrions passer par la réduction des taxes pour prévenir les conséquences de la crise.


Justement, en évoquant la baisse récente du prix par la société Hydrogaz, il y a également la revue à la hausse du prix du gaz par la société privée Gazcom. Va-t-on vers une concurrence déloyale dans ce secteur faute d’une structure de régulation ?

D’abord, c’est mieux qu’il y ait de la concurrence dans ce secteur. C’est la population qui pourra en profiter. Par rapport au régulateur dans le secteur du gaz, certes nous ne l’avons pas encore mis en place, mais il est effectivement important que les prix soient régulés. Nous y penserons.

Avant de clore le secteur des hydrocarbures, pouvez-vous parler d’une ou des options que le gouvernement apporte face à la énième crise des arriérés de salaires au sein du Bureau géologique des Comores qui est censé gérer un dossier aussi sensible ?

Un établissement chargé de gérer un dossier comme le pétrole est bien-sûr dans le collimateur du gouvernement. Mais, il n’y a pas de problème en tant que tel au Bureau géologique. Il est arrivé un moment où les responsables se rendent compte des faibles ressources de l’établissement par rapport aux charges qu’il doit supporter. C’est la raison pour laquelle il existe ce retard de paiement des salaires.

Nous venons de rencontrer le directeur général de la boîte en vue de chercher des solutions dans les meilleurs délais. Toutefois, les agents du Bgc doivent également comprendre que si les moyens financiers permettent de payer une trentaine d’agents, il ne sera pas possible d’engager une soixantaine par exemple. Il est illogique de garder plusieurs agents sans la possibilité de les payer. Nous nous sommes appropriés de ce dossier pour solutionner ce problème de sureffectif.

Et où en est-on aujourd’hui avec le dossier du pétrole comorien? Le rendez-vous des forages est fixé en 2023. Y a-t-il une confirmation à 100% de l’existence des hydrocarbures ?

Des sociétés poursuivent les recherches. C’est une phase qui nécessite beaucoup de temps. Nous sommes en attente des révélations de ces sociétés. Dès qu’il y aura des nouvelles informations, nous les communiquerons. Toutefois, lesdites sociétés nous parlent positivement par rapport aux données existantes. Mais, comme c’est un dossier sensible, nous attendons leur confirmation.

Dix-sept agents de la Sonelec ont été récemment licenciés sans préavis pour des recharges illicites au niveau du logiciel PP1. S’agit-il d’une enquête allant jusqu’en 2006 où le logiciel est installé ou plutôt s’agit-il de la poudre aux yeux?

Pour être précis, c’est une affaire de la Sonelec. C’est le directeur général qui dirige l’enquête. Par contre, je sais une chose : tout agent impliqué va devoir assumer les conséquences de ses faits. Des agents sont licenciés, poursuivis en justice. Et puis, les clients qui en ont profité vont également devoir payer la consommation car ils savaient très bien que l’électricité n’est pas gratuite. Aucun traitement particulier à qui que ce soit. Aucune intervention ! Tous les clients savent où il faut recharger l’électricité. Je tiens à ce que l’argent soit recouvert. Effectivement, ce qui est important est le suivi de ce dossier. Et je tiens la barre jusqu’au bout.


Un projet d’installation d’un parc solaire à Mitsamihuli est jusqu’à maintenant en attente. Pourquoi le lancement des travaux prend du temps alors qu’il était question d’une note d’autorisation ou d’un avenant ?

Pour vous rassurer, le gouvernement a donné son accord de principe. Nous sommes en phase de discussions pour que le projet se réalise. C’est une question de timing et de discussions entre les différentes parties.

Le projet de construction de la centrale à fuel lourd est en stand-by depuis des lustres. Y a-t-il une volonté de relancer ce projet ou le Gouvernement décide de le négliger ?

Nous n’avons pas laissé tomber ce projet. Mais, comme vous le savez, il y a eu un problème technique. La partie comorienne a été obligée, par le contrat, d’engager des sociétés indiennes suite au prêt octroyé par l’Exim Bank Inde. Le blocage est occasionné par la société indienne et la banque indienne pour des problèmes de paiement de facture par rapport à l’état d’avancement des travaux. Pour relancer le projet, un arrêté est en cours pour nommer un Coordonnateur de ce projet. Le gouvernement a insisté sur la relance des travaux. La volonté est là pour cette centrale.

La capitale fédérale n’est toujours pas alimentées entièrement et régulièrement en eau. Comment le gouvernement compte-t-il relever ce défi ?

J’ai effectué ma première tournée à Moroni en tant que ministre de l’Eau. Je me suis fermement engagé pour trouver une solution. L’un des problèmes identifié est la question de la capacité insuffisante des citernes. Ce qui est tout à fait normal parce que la population de la capitale ne cesse d’augmenter. Pour résoudre ce problème, il nous faut quinze millions de dollars pour alimenter Moroni en eau. Le gouvernement a déjà mobilisé les cinq millions de dollars et l’appel d’offres est lancé. Nous profitons pour saluer le Royaume d’Arabie saoudite qui a mis ce fonds à la disposition de notre pays pour ce projet stratégique. Et nous sommes à l’œuvre pour la mobilisation des dix millions de dollars restants. C’est pour une course contre la montre que l’appel d’offres est lancé.

Parlant d’appel d’offres, le code de l’eau a évoqué la mise en place d’une autorité de régulation dans ce secteur. Quand est-ce que cet organe sera effectif ?

Le secteur de l’eau a été noyé dans le ministère de l’Economie. C’est un nouveau ministère. Nos équipes sont en train d’élaborer un projet de décret portant la nouvelle organisation de ce ministère. D’ailleurs, nous avons proposé une direction générale de l’eau et de l’assainissement. C’est à cette direction générale de se pencher sur l’organe de régulation qui sera chargé de réguler le secteur de l’eau et de l’électricité.

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