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Altercations à Mbeni I Plusieurs habitants toujours maintenus en détention

Altercations à Mbeni I Plusieurs habitants toujours maintenus en détention

Société | -   Abdou Moustoifa

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Le Docteur Ben Djabir Mbaé Hamidou et un autre infirmier du centre hospitalier de Mbeni se trouvaient encore entre les mains de la gendarmerie. La divulgation de l’état de santé des patients blessés lors des affrontements du mercredi serait la cause de l’interpellation de ce jeune médecin, très actif sur les réseaux. La violation présumée du secret médical serait l’enjeu de ces auditions, selon d’autres sources. Des habitants dénoncent «la destruction de leurs biens par certains éléments des forces de l’ordre déployées dans la ville», d’après des témoins.

 

Les commerces et les institutions ont rouvert à Mbeni selon des habitants. Mais, la tension n’est pas totalement tombée. Puisque les forces de l’ordre qui ont bouclé la ville, continuent de procéder à des arrestations. Difficile actuellement d’avancer un chiffre. Al-watwan a essayé d’en savoir un peu plus du côté de la gendarmerie nationale, sans succès. On sait seulement, enfin, d’après les témoignages recueillis, que la plupart des habitants interpellés sont transférés au camp de Mde ya Bambao. Des jeunes libérés dimanche (près d’une cinquantaine) l’ont confirmé.


Parmi ceux qui sont en détention, on retrouve des sexagénaires (qui ont dépassé les 60 ans). Ces vagues d’arrestations interviennent suite aux échauffourées qui ont éclaté mercredi, entre des jeunes de Mbeni et des éléments des forces de l’ordre. La ville, qui a voulu célébrer le 12 octobre son Maulid dans l’après-midi, en violation d’un arrêté ministériel qui l’interdisait, a été le théâtre de violentes altercations.


Les forces de l’ordre déployées sur place ont d’abord fait usage de gaz lacrymogène, dispersant la foule, même les fidèles qui se trouvaient à la mosquée. Très vite, des jeunes ulcérés par l’attitude des gendarmes se sont interposés. Une résistance qui a entrainé des blessés. Des sources hospitalières font état de «23 blessés dont 12 par arme à feu», selon un médecin-traitant. Il est difficile de prouver, pour l’instant, la nature réelle des blessures. Ben Djabir Mbae Hamidou qui avait révélé la gravité des blessures des patients, évoquant même «de balles réelles», se trouvait au moment où nous écrivions ces lignes entre les mains de la gendarmerie. La violation présumée du secret médical serait l’enjeu de ces auditions.

Des habitations incendiées par des jeunes de Mbeni

Les autorités judiciaires avaient vivement critiqué le geste du jeune médecin, qui est friand des réseaux où il partage souvent avec ses abonnés des histoires vécues à l’hôpital. Un autre infirmier serait arrêté avec lui. Des jeunes de Mbeni ont délibérément saccagé et incendié neuf maisons ainsi que la brigade de la gendarmerie.
Le domicile du ministre des Finances ainsi que celui de son directeur de cabinet n’avaient pas été épargnés. Des actes assimilés à des mesures de rétorsion contre ces personnalités jugées proches du régime. Des habitants dénoncent «la destruction de biens par certains éléments des forces de l’ordre déployées dans la ville», d’après des témoins.


Le Dr Hassan Mohamed Mbae, médecin-chef du centre de santé de Ntsudjini, a été également arrêté le samedi 15 octobre. Et, à l’heure où nous écrivions ces lignes, il n’était toujours pas libéré. Des voix estiment que «cette arrestation est intervenue suite à un post qu’il a partagé sur Facebook sur les altercations de Mbeni». Le post en question parlait «de balles» et se demandait s’elles étaient «réelles ou non».

«Les dégâts causés par les forces de l’ordre»

Les propriétaires des biens saccagés ne manquent pas de partager sur les réseaux sociaux  tous les jours «les dégâts causés par les forces de l’ordre»: baies vitrées cassées, téléviseurs, portes défoncées, voitures saccagées, mais pas seulement.De nombreuses associations de la société civile dénoncent même ces agissements. «La violence qui se produit aujourd’hui doit nous inquiéter car il y a lieu d’interroger si célébrer le Maulid pendant la journée est un crime. La justice nous le dira. L’usage d’une telle violence à l’endroit d’une population non armée nous interpelle tous. Pourquoi cet acharnement du pouvoir contre la localité de Mbeni», s’interroge la Confédération des travailleuses et travailleurs des Comores (Ctc), dans son communiqué, daté du 15 octobre. Une enquête sur ces dérapages sera-t-elle ouverte ? Wait and see.

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