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Anturia Mihidjai, faire revivre la gastronomie comorienne

Anturia Mihidjai, faire revivre la gastronomie comorienne

Société | -   Abdou Moustoifa

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Inconnue du grand public, Anturia Mihidjai est revenue au pays en 2012 après avoir suivi une spécialisation de quatre ans en prothèses dentaires au Kenya. Elle a préféré se lancer dans un secteur qui n’a rien à voir avec ses études académiques. Elle jettera en effet son dévolu sur l’entreprenariat deux ans plus tard. Son objectif, inciter la population comorienne à consommer des produits locaux plus particulièrement les noix de sagou, localement appelés Ntsambu qui sont des produits en voie de disparition. Un métier dont elle est fière d’exercer jusqu’à maintenant. Loin de s’arrêter là, elle veut inclure dans son programme d’autres produits moins consommés.

 

Qui a déjà gouté les noix de sagou ? Si l’on était appelé à poser cette question à la nouvelle génération, plus particulièrement celle qui est venue au monde après les années 2000, on en serait stupéfait des réponses qui allaient être récoltées. Bon nombres ignorerait surement ce dont on parle bien qu’ils soient comoriens. Et ce malgré le fait que ce produit soit cultivé au niveau local.

Cette situation qui n’épargne personne a animé l’esprit d’une jeune femme qui s’est donnée comme mission de préserver la culture comorienne à travers le domaine culinaire. Il s’agit d’Anturia Mihidjai, originaire de Dembeni dans le Mbadjini. Il lui a fallu seulement deux courtes formations pour relancer la machine : Mandela Washington Young africa leaders en 2014 aux Etats-Unis et une formation de la fondation Tony Elumelu au Nigéria l’année dernière.

Anturia Mihidjai a lancé sa propre micro-entreprise, Nutrizione Food depuis 2015 alors qu’elle n’avait que 29 ans. Son siège se trouve à Dembeni. L’objectif est d’encourager ses compatriotes qu’ils soient au pays ou à l’étranger à profiter de quelques recettes dont la préparation s’avère compliquée. Son premier choix, les noix de sagou (ntsambu, en shiKomori, Ndlr). Ces derniers sont soit transformés en farine pour la bouillie ou précuits voire séchés pour ceux qui veulent préparer un petit plat à base de coco.


Introduire d’autres produits

Ses clients, ce sont les restaurants, les super marchés de la place ou encore les comoriens vivant en France. Travaillant avec deux autres personnes, dont un proche, la fondatrice de Nutrizione food estime qu’elle n’a pas atteint son rêve. Même si elle avoue avoir appris beaucoup de chose grâce à ce métier.

 

 

Lorsque j’ai commencé, il n’y avait pas trop de difficultés car je récoltais les produits dans nos champs. Mais pour le moment je travaille avec d’autres agriculteurs. J’ai pu m’acheter une seule machine. Pour ceux qui vivent ailleurs, la fourniture des produits est un peu compliquée. Il faut attendre que la plupart d’entre eux viennent en vacance pour pouvoir en  ramener. Aujourd’hui ce qui me fait tellement plaisir est de savoir que grâce à mon travail certaines familles arrivent à se nourrir même si c’est pendant une certaine période. Parfois je fais deux commandes par an. Chacune tourne autour de 300 voire 400 sacs de noix de sagou nous a-t-elle raconté.

 

Quand on lui demande combien elle gagne par mois, elle rechigne et sourit un peu avant d’avancer le chiffre. “Mes revenus mensuels varient d’une période à une autre. Pendant le mois de ramadan par exemple, il m’arrive de gagner jusqu’à 400 000 francs comoriens.

Je suis obligé de faire appel à des travailleurs saisonniers. Des fois ça continue  durant même les trois mois suivants celui du ramadan. Au moment des grands mariages, la demande augmente.

Dans les autres périodes, ça tourne autour de 100 à 150 000 francs” a-t-elle révélé. A 32 ans, cette femme mariée, ne désarme pas. Son nouveau combat, elle veut faciliter l’accès aux pois secs (Nkude), trop souvent utilisés pour la préparation des badjiyas.


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