Le gouvernement comorien, à travers la direction générale de l’Environnement et des Forêts, mène actuellement un vaste projet d’approvisionnement en eau potable, résilient aux effets du changement climatique. Cofinancé à hauteur de 60 millions de dollars par le Fonds vert pour le climat, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et l’État comorien, ce programme vise à fournir de l’eau plus de 105 000 habitants répartis dans 23 localités à travers l’ensemble du pays.
L’une des premières phases pilotes est en cours dans la région d’Itsandra. Bien que saluée par la population locale, cette première étape suscite aussi des frustrations, car l’eau n’est pas encore accessible à tous. « L’eau a duré une dizaine de jours, mais ce n’était qu’un test. En attendant, on continue à utiliser nos puits ou à acheter de l’eau, comme toujours », explique Maman Rahamatou, habitante de zivandani. Son voisin Moimed Moimed Abdou ajoute : «L’eau a coulé pendant une semaine, puis plus rien. Elle perdait en puissance les derniers jours.»Cette phase d’essai, qui visait à vérifier la fonctionnalité du système, n’a donc pas pleinement répondu aux attentes des habitants. Des points d’eau ont été prévus dans chaque village, mais restent pour l’heure inactifs, dans l’attente de la mise en service officielle.
Selon les autorités locales, le chantier est presque achevé. L’eau est censée venir de Mkazi, en passant par Nvuni et Tsidje, pour alimenter notamment Ntsudjuni, Bamabo et 21 villages de la région d’Itsandra, dont Salimani, Maweni, Sima, Bahani, Samba Kouni ou encore Vana Djuu. «L’eau est déjà arrivée à Ntsudjuni», confirme le préfet d’Itsandra Hamanvu, Said Karihila, «mais pour de nombreux habitants, l’approvisionnement reste incertain». La réussite de cette phase a nécessité une mobilisation locale importante. Le préfet explique que « les terrains où ont été construits les châteaux d’eau, les puits où sont posés les tuyaux ont été acquis avec la participation des villages eux-mêmes» et que «certains ont acheté, d’autres ont échangé leurs terrains pour permettre l’avancée du projet ». Une solidarité qui a facilité les négociations et permis d’assurer la légalité des installations.L’inauguration officielle de ce projet est prévue pour septembre 2025, en présence du président Azali Assoumani. Un événement très attendu, qui pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour des milliers de Comoriens, à condition que la distribution de l’eau soit régulière, équitable et durable.