Depuis plusieurs mois, la région nord subit quotidiennement des coupures d’électricité à partir de 21h, et ce malgré la mise en service de la centrale solaire exploitée par le groupe français Innovent. Les délestages prolongés sont devenus monnaie courante, au point que les habitants du nord semblent avoir oublié l’accalmie énergétique qui avait suivi l’arrivée du solaire. Des stocks de produits carnés se décomposent, certaines activités économiques n’arrivent pas à démarrer. En somme, l’obscurité reprend ses droits depuis quelques mois.
Saïd Abdou, père de famille, se souvient de l’espoir suscité par la stabilité relative de l’alimentation électrique. « Au lieu de nous rendre chaque jour au marché, nous avions pris l’habitude de stocker les denrées alimentaires pour faire face à la vie chère. Beaucoup ont vu leurs provisions se perdre dans les congélateurs à cause des délestages », déplore-t-il.
Un rôle essentiel dans la stabilité de l’approvisionnement
Les habitants s’interrogent : comment expliquer ce retour à l’instabilité alors que l’électricité était disponible jusqu’à 18 heures par jour, voire davantage, dans le nord de l’île ? Interrogé sur la question, le directeur général de la Sonelec, Soilahouddine Moumini, attribue les interruptions nocturnes à une sollicitation excessive des batteries de la centrale solaire Innovent Nord. «Le groupe électrogène de la microcentrale de Mitsamihuli est en panne et nécessite une révision complète. L’approvisionnement repose donc uniquement sur les batteries, qui se déchargent rapidement», indique-t-il.
Mais qu’est-ce qui empêche la réparation du groupe électrogène, alors qu’un problème similaire a été réglé en seulement trois jours à la microcentrale du sud de Ngazidja ? Pour le directeur général, le blocage est d’ordre financier. « Une révision complète du groupe coûte 150 millions de francs comoriens. Avec l’augmentation des capacités de stockage chez Innovent et la montée en puissance de la centrale de Vwadju, nous pensons pouvoir nous passer de la microcentrale. Celle-ci génère des coûts d’exploitation trop élevés.
Sa fermeture définitive n’est donc pas exclue si nous parvenons à compenser», explique-t-il. Il précise que la Sonelec est en discussion avec Innovent pour doubler la capacité de stockage, en passant de 10 MWh à 20 MWh. «Les batteries supplémentaires sont en cours d’acheminement et devraient être installées d’ici fin juin 2025 », espère-t-il.Pourtant, un technicien de la Sonelec rappelle que la microcentrale jouait un rôle essentiel dans la stabilité de l’approvisionnement. «Dans tout système utilisant une source intermittente, une énergie de base est indispensable. C’est pour cela que le solaire fonctionnait si bien à Mitsamihuli quand la microcentrale était opérationnelle», estime-t-il.