C’est la question qu’on se pose une semaine après l’ouverture de la 25ème conférence des Nations unies sur le climat (Cop25) à l’Ifema, à Madrid. Car tout semble bloqué bien que certains petits Etats insulaires continuent, même en cette période de cette conférence, de subir les impacts du changement climatique. Les délégations ici présentes n’arrivent pas à mettre le cap par rapport aux trois points saillants sur lesquels se focalisent essentiellement les discussions. Il s’agit de l’article 6 de l’accord de Paris qui appelle à soutenir les populations impactées par le changement climatique et augmenter les ambitions de réduction d’émission de gaz à effet de serre en 2020.
Les délégations échangent dans un premier temps sur l’article 6 de l’accord de Paris, voté lors de la Cop21. Ce dernier annonce la possibilité d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre entre des pays. Pour ainsi dire que les pays qui en produisent trop pourraient bénéficier de quotas des pays qui en émettent moins. Interrogée samedi dernier par Al-watwan, Hala Kilani, agente principale des communications du réseau action climat (Can), a insisté sur le fait que le succès de cette conférence mondiale sur le climat dépendra dudit article. «Pas de succès sans règles beaucoup plus contraignantes pouvant sauvegarder les populations affectées. Si on passe les crédits d’émission de gaz à effet de serre d’un pays à l’autre, là on n’est pas en train de vraiment réduire les émissions et de protéger la planète. Là on est juste en train de passer la pollution d’un pays à un autre», a-t-elle soutenu dans la salle de conférence Mocha.
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Elle reste convaincue que certains pays ne doivent pas vendre les crédits d’émission à d’autres, car les vendre c’est les consommer, et que cette vente pourrait engendrer une double comptabilité. «Si jamais un pays les vend, il n’est pas question que l’acheteur et le vendeur les comptent à la fois. C’est pourquoi nous essayons de nous rassurer qu’il y ait des règles fortes», a-t-elle ajouté, avant de regretter que certains pays acceptent l’instauration d’un marché carbone pour profiter de leurs investissements dans des pays en développement afin d’échapper aux nouvelles réductions d’émissions. Reste à savoir si l’on va vers le commerce du carbone.
Commerce Carbone ?
L’assistance aux pays qui subissent les incidences du dérèglement climatique reste toujours l’un des nœuds de cette rencontre internationale sur le climat. Les impacts de la variabilité climatique au niveau des pays vulnérables, comme les Comores et autres petits Etats insulaires ravagés par Kenneth et autres Belna, les défendeurs du vert plaident fermement pour une mise en place d’un fonds et d’un groupe d’experts pour régulariser les financements en faveur des pays à risque climatique. Hala Kilani a estimé que les pays riches, responsables des émissions, déboursent des financements pour mieux protéger les populations affectées. «Cette fois-ci, nous voulons un financement et un instrument financier spécifiques pour les dédommagements et les pertes. Malheureusement, il y a beaucoup de blocages. Il se peut qu’on n’arrive même pas à un aboutissement dans cette Cop», a-t-elle regretté.
Quant à l’augmentation des ambitions des pays, l’agente principale des communications du Can s’attend à des signaux des pays qui devraient annoncer des plans plus ambitieux et forts pour diminuer les émissions des gaz à effet de serre. «Les différentes parties doivent dire ici, à la Cop, qu’ils vont réduire fortement ces émissions comme l’exige l’accord de Paris, sachant que chaque cinq ans on doit revoir à la hausse la diminution des émissions», a-t-elle indiqué.
Nazir Nazi, envoyé spécial à Madrid