La situation des retraités n’est toujours pas améliorée, malgré les efforts fournis ces derniers jours et les sommes débloquées, à la demande de l’actuel ministre des Finances, pour payer les arriérés de pensions des retraités. En effet, les retraités accusaient un retard de trois mois d’arriérés de pensions, à savoir juillet, août et septembre. Mais la situation s’est à moitié améliorée.Interrogé mardi 11 octobre dernier, après une rencontre avec la directrice générale de la caisse de retraites, l’ancien inspecteur général des finances, Andjibou Ali Saïd, membre du collectif des retraités, a indiqué qu’actuellement la totalité du mois de juillet ainsi qu’une partie du mois d’août sont payés. Il reste une partie du mois d’août plus la totalité du mois de septembre. Cette version a été confirmée par la directrice générale, Kamaldine Afraitane Fatoumia, qui a tenu à expliquer la situation actuelle.
70 millions pour compléter la cotisation
«C’est vrai, le ministre des Finances a versé les cotisations des derniers mois, y compris celle du mois de septembre. Il a également versé dernièrement aussi l’arriéré de cotisation du mois d’avril 2019 qui n’a pas été côtisé par l’argentier de l’époque. Cependant, suivant la réalité de la caisse, nous avons payé les pensions du mois de juillet et une partie du mois d’août», a-t-elle confirmé.
Kamaldine Afraitane Fatoumia a expliqué que pour payer un mois de pensions, la caisse a besoin de 260 millions de francs, or les cotisations actuelles sont évaluées à 190 millions de francs. Donc, il faut à chaque fois ajouter 70 millions de francs. «En juin 2022, le ministère a versé 190 millions, il a aussi versé 150 millions. Nous avons pris 70 millions pour compléter et payer le mois de juillet. Le reliquat plus d’autres sommes ont servi à payer une partie du mois d’août. C’est ce qui fait que le mois de septembre et une partie du mois d’août ne sont pas encore payés», a-t-elle détaillé, précisant que pour payer les deux mois, il faudra verser deux fois la somme de 260 millions.
Revaloriser les pensions de 13.000 francs
Pour les retraités, les revendications sont claires et se résument à trois points primordiaux. «Nous voulons que les arriérés soient tous payés. Une fois réglé, nous demandons également que nos pensions soient versées en même temps que les salaires des fonctionnaires. Nous avons enfin demandé que les pensions de 13.000 francs soient revalorisées à travers des mesures d’accompagnement de la part de l’Etat», a-t-on rappelé.
En ce qui concerne l’origine de cette situation, la directrice générale de la caisse de retraites a, par rapport aux députés, montré que le régime a subi ce qu’on appelle le nouvel ensemble comorien. C’est-à-dire qu’au début, lors de l’Assemblée fédérale, il y avait 43 députés qui cotisaient. Actuellement, ils sont réduits à 24.
Un déséquilibre important
«Ce qui veut dire qu’on n’a une cotisation réduite, sachant que la contribution de 43 députés n’est pas celle de 24 députés bien sûr, or les charges des anciens parlementaires nous incombent totalement. Cela entraine un déséquilibre important concernant le régime des députés. Même si la côtisation est versée en sa totalité, elle n’est pas en mesure d’honorer le paiement des pensionnaires parlementaires», a-t-elle exposé.Concernant le régime public, la patronne de la caisse a rappelé qu’il y a eu un moment où les fonctionnaires qui cotisaient étaient nombreux, avec de grands indices salariaux. Cependant, les côtisations n’étaient pas versées en espèce. Il a fallu attendre novembre 2021 pour voir le ministère des Finances verser la totalité des cotisations des agents de l’Etat, à 190 millions de francs.
«Ces arriérés ont constitué un boulet à nos pieds et au gouvernement. Ceux qui ont cotisé durant les 30 années passées sont venus réclamer leurs pensions. Or, à la fonction publique, ces agents-là ne sont pas remplacés. Il y a aussi le blocage des avancements des agents de l’Etat. La valeur indiciaire depuis 1994 n’est pas modifiée. Du coup, cela a plombé les ressources du régime public», a-t-elle argué, soutenant que cela a également entrainé un déséquilibre, sachant que «ceux qui partent à la retraite sont nombreux et les charges sont très importantes».
Revoir à la hausse les taux de cotisation
Kamalidine Afraitane Fatoumia a également mentionné les arriérés de cotisations qui sont à la trésorerie publique. Ceux-ci sont évalués à 5 milliards. «Tout cela a engendré la situation observée actuellement. Le déséquilibre a atteint un stade qui fait que les ressources sont actuellement en dessous de 40%. Nous avons des cotisations estimées à 190 millions et la pension a atteint 260 millions. Où est-ce qu’on va trouver de l’argent pour compléter cela ?», s’est-elle interrogée avant de proposer qu’il faille que le ministère des Finances complète ce manque avec le reliquat qui est dans notre compte, à savoir les 5 milliards évoqués, lesquels devraient constituer de réserve mobilisable chaque fois qu’on en aura besoin.
Pour améliorer la situation, la caisse de retraites a déjà lancé des alertes auprès des autorités compétentes. En 2017, des études actuarielles ont été effectuées avec le Fmi pour analyser les paramètres. «Nous avons préconisé des mesures qui devraient être appliquées au plus tard en 2020. Il fallait revoir rapidement les taux de cotisation, d’un point ou deux points à la hausse, sachant que les taux appliqués jusqu’alors datent de 1971. Cela pourrait assurer le régime jusqu’en 2028. Mais, rien n’a été fait et on se trouve dans la situation actuelle», a-t-elle regretté.En tout cas, la situation des retraités, concernant le secteur privé, reste stable. Aucune arriéré de pension n’est observé, à en croire la patronne de la caisse.