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Attouchements présumés à l’Ortc I Le délibéré attendu le 27 juillet prochain

Attouchements présumés à l’Ortc I Le délibéré attendu le 27 juillet prochain

Société | -   Abdou Moustoifa

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Devant les deux prévenus présents, Hablani Assoumani, qui s’estime diffamé, a reconnu que ni la vice-présidente du syndicat, ni le correspondant de la Radio France Internationale, n’ont cité son nom. Mais malgré cela, le parquet a demandé à la justice d’interdire à Toufe, Mzembaba et Andjouza d’exercer pendant un an.

 

L’audience pour «diffamation et injure» contre les quatre journalistes poursuivis dans l’ «affaire Hablani» s’est déroulée le jeudi 22 juin devant le tribunal correctionnel de Moroni. L’affaire Hablani, c’est pour rappel cette dénonciation par le syndicat des journalistes comoriens, relayée par la presse, de présumés attouchements non consentis dont auraient été victimes des employées de l’Ortc (Office de radiotélévision des Comores).


En dépit du renvoi obtenu le 22 mai dernier, le box des accusés n’a toujours pas été au complet : une partie seulement des prévenus a comparu. Durant toute la matinée, dans une salle bien remplie que d’ordinaire, le jury, après lecture des charges, a commencé par la séance interrogatoire. A la barre se trouvaient le plaignant, Hablani Assoumani, l’ancien rédacteur en chef d’Al-watwan, Abdallah Mzembaba, et la vice-présidente du Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc), Andjouza Abouheir, Toufe Maecha et Oubeidillah Mchangama, les deux autres prévenus, se trouvant actuellement à l’étranger. Tous les quatre, sont accusés d’avoir diffamé le directeur opérationnel de la télévision nationale, Hablani Assoumani, auteur des plaintes.


Après des heures de débats, le parquet a requis un an de prison contre les journalistes. Selon le premier, l’image du pays aurait été ternie, d’abord à travers le discours lu devant le président de la République par la vice-présidente, à l’occasion des vœux du nouvel an, dans lequel discours ont été évoqués ces faits d’attouchement, ensuite à travers l’information relayée ensuite par Rfi à ce sujet. Ce réquisitoire vise seulement Abdallah Mzembaba, Andjouza Abouheir et Toufe Maecha. Une amende de 250 000 francs comoriens a été par ailleurs sollicitée contre les 3 concernés.


Le ministère public, dans une tentative de démontrer sa force, a poussé jusqu’à réclamer une interdiction professionnelle d’un an et une peine de prison de trois mois fermes. «C’est une façon de bâillonner, de punir et de museler la presse», a très vite déploré Me Saïd Mohamed Saïd Hassane. Le conseiller du reporter de Rfi a exprimé son étonnement par rapport à cette requête, à l’heure où l’on appelle à signaler en masse les actes d’agression sexuelle. «Grâce aux médias, les cas de dénonciation se multiplient», a-t-il martelé.

Plaignant pas visé

Lorsque le magistrat lui a demandé s’il se sentait visé dans le discours du Snjc ou le reportage publié par Rfi, Hablani a répondu par la négative. Il a reconnu devant le président de la séance que ni Mzembaba ni Andjouza n’ont mentionné son nom. Cette déclaration a été favorablement accueillie par les avocats de la défense, Me Fahmi Said Ibrahim et son confrère, Saïd Mohamed Saïd Hassane.

 

Tout au long du procès, les deux conseillers ont plaidé en faveur de la relaxe, arguant que « même le plaignant a disculpé » les journalistes. «En matière de diffamation il y a un élément très important qui doit être constitué : c’est l’identité de la personne qui se sent victime. Or aucun client n’a mentionné de nom», a martelé, lors des plaidoiries, Me Fahmi. La partie civile, elle, a expliqué avoir établi un lien entre les accusations de «diffamation» et les faits révélés devant le chef de l’Etat. «C’est surtout après les déclarations d’Oubeid, qui a mentionné ma localité d’origine, puisque je suis le seul responsable de Mitsoudje de l’Ortc, que j’ai relié les évènements», a répondu Hablani.


Deux témoins présentés à la barre ont affirmé que Toufe Maecha aurait promis de ternir l’image de son collègue de la télévision nationale. Était-ce suffisant pour tout rassembler autour de ces révélations d’attouchements en concluant qu’un complot était en gestation contre le prévenu ? Si Me Baco Ahamada considère que l’intention est établie, Fahmi, lui, conteste et refuse qu’on accable sa cliente sur la base de faits postérieurs, qu’elle n’a jamais commis.


Dans un communiqué publié la veille, mercredi 21 juin, l’association Reporters sans frontières (Rsf) s’est insurgée contre les actes d’intimidation dirigés contre les journalistes. «Les plaintes successives à l’égard des quatre journalistes témoignent d’une démarche d’intimidation. Cette procédure judiciaire détourne par ailleurs l’attention du sujet des violences sexuelles supposées», regrette cette organisation internationale de défense des journalistes. Le délibéré est attendu le 27 juillet prochain.

 

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