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Au cœur de la fanfare nationale I Un rajeunissement qui donne du faste aux cérémonies militaires

Au cœur de la fanfare nationale I Un rajeunissement qui donne du faste aux cérémonies militaires

Société | -   Nassila Ben Ali

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Les «vieux» qui se servent des tambours, des trompettes, des clairons, des saxes, entre autres, à l’occasion de la fanfare nationale. C’est une histoire ancienne. Cela fait presque deux ans, que les jeunes ont pris les choses en main. En tout, 60 jeunes dont neuf femmes, recrutés en deux générations en février et décembre 2021, assurent la relève et font l’affaire. Ceci, après une formation interne bien soutenue doublé d’un courage de guerrier manifesté par ces jeunes. Ils sont bien sur appuyés. Ils se perfectionnent grâce à la volonté très remarquable des anciens qui jouent le rôle des maîtres, mais également le soutien «sans faille» des supérieurs hiérarchiques de l’armée nationale de développement, à la tête desquels le chef d’Etat-major qui a décidé d’accorder un statut particulier à la fanfare pour lui permettre d’évoluer dans les meilleures des manières.

 

La fanfare nationale, autrement dit, orchestre militaire, est l’une des troupes militaires qui attirent beaucoup plus d’attention lors des grandes cérémonies, notamment la fête nationale. Comme dans les autres pays, elle donne du faste au cérémonial militaire, notamment les accueils des délégations étrangères, les escortes, les parades et les défilés militaires, et entretiennent un répertoire musical collectif, en utilisant des instruments de musique, tels que tambour, trompette, clairon, saxe, entre autres.

Un virage de rajeunissement de 90°

D’ordinaire, au niveau des Comores, la fanfare nationale ouvre le défilé et anime les rythmes des passages des autres troupes lors de la fête de l’indépendance. Sauf que ces derniers temps, ce groupement était vieillissant. Certaines personnes n’hésitaient pas à les appeler péjorativement (lorsqu’ils passent devant le public lors des fêtes) «ndo wababa» (les vieux). Un terme qui ne plaisait pas bien sûr aux principaux concernés. En tout cas, cela n’est pas actuellement le cas car, il y a à peu près deux ans, la fanfare nationale est rajeunie. Elle a pris un virage de rajeunissement de 90°. On dirait même que ce n’est pas la fanfare qu’on a l’habitude de voir, qu’on a connue, il y a quelques années. Et cela est vrai.


Il suffit de regarder ces jeunes à l’œuvre, avec une aisance complète, une fierté visible et une joie immense. Ils attirent le regard avec leurs habits neufs et variés. Leur jeunesse fleurissante ne passe pas inaperçue. On dirait qu’ils sont nés avec l’idée de devenir membres de cette fanfare. Le commandant de la gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Ramadhoine Mdahoma, s’est même étonné de leurs capacités d’apprentissage rapide. «Ils ont joué l’hymne national, quatre mois après leur recrutement. Ils sont joviaux, contents et épanouis. D’ailleurs, la majorité des jeunes qui sont là sont des volontaires», a-t-il fait savoir, exprimant son envie de les aider à progresser, à évoluer et à devenir des experts en la matière, des maîtres de leurs œuvres, à travers des formations à l’intérieur et à l’extérieur du pays. «Nous voulons qu’ils maîtrisent la chose, qu’ils deviennent des experts du domaine, dans les musiques militaires et civiles», a rassuré le commandant de la gendarmerie nationale. La nouveauté n’est pas seulement le rajeunissement, mais aussi la présence de plusieurs femmes parmi les agents qui composent actuellement cette troupe.A la gendarmerie nationale, où se trouve le quartier général de cette section musicale de l’armée nationale, Al-watwan a rencontré cette nouvelle génération et a découvert un groupe qui a réellement envie de faire carrière en se lançant dans cette aventure.

Un baptême de feu le 6 juillet 2021

Le baptême de feu date du 6 juillet 2021. «Cela fait presque deux ans, que nous avons décidé de renouveler nos troupes. En février 2021, nous avons recruté 29 jeunes dont une femme. Nous les avons formés, et ce sont eux qui ont animé la fête nationale de l’Indépendance, le 6 juillet 2021. En décembre 2021, une nouvelle vague de jeunes est arrivée. Ils étaient 31 jeunes dont huit femmes. Ils ont rejoint le premier groupe et jouent ensemble, même si leur niveau est un peu bas par rapport aux premières recrues citées», a expliqué le major Ahmed Abdou Abdallah fier de montrer que le 6 juillet 2022, ces jeunes ont animé, avec quelques anciens, la fête nationale. Ils poursuivent cette lancée avec les autres cérémonies militaires et civiles.

En tout, ils sont 60 jeunes dont neuf femmes. La première femme qui a intégré ce corps s’est volontairement décidée, à en croire l’adjoint-chef. «Elle était déjà dans l’armée et elle a demandé à intégrer la fanfare. Les supérieurs ont donné leur feu-vert. Et elle a commencé avec les gars dans le premier groupe évoqué. La réussite de cette femme a poussé les chefs à vouloir intégrer les femmes dans ce corps. Heureusement que les huit autres femmes qui ont suivi se sont décidées d’elles-mêmes après avoir vu leur collègue évoluer à merveille», a expliqué major Ahmed Abdou Abdallah.La formation est assurée jusqu’ici par les anciens. Il y a des formateurs pour chaque instrument. L’adjoint-chef fera savoir l’existence de deux catégories de formations, à savoir la théorie pour tous les instruments qui est assurée par un seul instructeur.

Formation locale jusqu’alors

«La théorie est la base», a indiqué l’instructeur qui n’est autre que le major Ahmed Abdou Abdallah. Pour être à la hauteur, il faut au moins trois ans, a-t-on précisé, avant de montrer avec une grande fierté que la première génération de février 2021 n’a fait que quatre mois pour jouer l’hymne national des Comores. «C’était encourageant de leur part, ils ont démontré une très grande envie de savoir, une bonne volonté de devenir maîtres de la chose», s’est-il réjoui, soulignant également le courage des formateurs.
L’adjoint-chef est revenu sur les critères de notation qui permettent de passer d’un grade à un autre. Avant, selon toujours notre interlocuteur, les agents de la section musicale étaient aussi appelés à intervenir dans d’autres domaines. Maintenant, ce n’est pas le cas, car cela empêchait le groupe d’évoluer. Sous l’ordre du chef d’Etat-major, le groupe a un statut particulier qui permet aux membres de n’intervenir nulle part ailleurs que dans la musique. «Ils resteront musiciens. On espère qu’ils bénéficieront des formations à l’étranger comme le Ct1, Ct2, tambour-major et/ou chef de musique. D’ailleurs, nous voulons qu’ils deviennent de vrais musiciens également pour la musique ordinaire», a confirmé le commandant de la gendarmerie.


En tout cas, pour le moment, la fanfare dispose de plusieurs jeunes capables d’animer les cérémonies militaires et civiles. Pour chaque instrument, il y a plusieurs jeunes qui pourront le jouer, même si, comme l’a reconnu le major Ahmed Abdou Abdallah, il y a besoin de renforcement de capacités de ces nouvelles recrues. «On verra cela avec nos partenaires, car nous sommes bien décidés à avoir une fanfare nationale compétente et bien formée en la matière», a rassuré le lieutenant-colonel Ramadhoine Mdahoma.

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