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Audiences spéciales sur les agressions sexuelles I 5 ans requis contre un adulte accusé d’abus sur une fillette de 12 ans

Audiences spéciales sur les agressions sexuelles I 5 ans requis contre un adulte accusé d’abus sur une fillette de 12 ans

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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L’homme de 34 ans a reconnu les faits. L’audience s’est déroulée hier lundi 17 août en son absence. L’avocat du prévenu avait axé sa plaidoirie sur «le comportement de la fillette» et «la démission de la mère et de son manque d’autorité sur sa progéniture». Le procureur a fait savoir que «cela ne minore en rien la responsabilité du prévenu» et a requis 5 ans de prison ferme. Le délibéré est attendu le 31 août prochain.

 

Les audiences spéciales sur les agressions sexuelles ont repris ce lundi 17 août au tribunal correctionnel de Moroni. 30 affaires sont enrôlées mais seulement 14 prévenus ont répondu à la convocation. Parmi elles, une sordide histoire d’agression sexuelle sur une mineure de 12 ans survenue au sud de Ngazidja l’année dernière. L’audience s’est ouverte en l’absence de la victime, ce que l’avocat de la défense ne manquera pas d’exploiter lors des débats.


En septembre 2019, J. un agriculteur dit surprendre une fillette dans sa maison. L’homme demande alors à l’enfant comment elle a fait pour pénétrer dans son foyer. Celle-ci lui rétorque, «que la porte de derrière n’était pas bien fermée et qu’elle est entrée par cette voie». Des discussions s’en suivent. Des attouchements aussi. «C’est elle la première à m’avoir caressé et par la suite mon désir est devenu incontrôlable», a argué l’agresseur présumé. Celui-ci sans peine, reconnait les faits. Il met son acte sur le compte d’une envie irrépressible et son manque de discernement.


La présidente du tribunal lui fait remarquer à juste titre «que la victime était une fillette». Pour se justifier, il répète devant la cour que s’il a cédé «face aux avances de la gamine, c’est parce qu’elle m’a dit qu’avant de venir chez moi, elle avait passé 5 jours chez un autre type dans un village encore plus au sud de Ngazidja». Le prévenu avait l’air de dire que si la fillette a été abusée plusieurs fois, une autre fois n’y aurait rien changé.


L’avocat de la défense a d’ailleurs axé sa plaidoirie sur «le comportement de la fillette». Prenant la cour à témoin, dans une violente charge contre la victime de 12 ans, ce dernier a énuméré les hommes avec qui elle a eu «des relations». Il a insisté sur «ses nombreuses fugues», et sur le fait «qu’elle fume».
Vaille que vaille, l’avocat a soutenu qu’alors que son client était sous mandat de dépôt, la gamine avait été surprise par la police municipale avec des maçons. «En réalité, si la famille et la victime ne sont pas venues, c’est parce que la honte aurait rejailli sur elles, la mère est consciente des antécédents de la fillette», s’est-il offusqué. Et comme preuve de «la faillite morale», de la mère imprudente : «elle a demandé deux millions cinq cent mille francs à titre de réparations». Il a longuement fait état «de la démission de la mère et de son manque d’autorité sur sa progéniture». Pour toutes ces raisons, l’avocat a donc plaidé la clémence du tribunal.


Dans son réquisitoire, le procureur de la République a demandé 5 ans de prison ferme pour le prévenu, la peine minimale pour ce genre d’affaires. Le fait que l’auteur présumé ait reconnu les faits «est une circonstance atténuante». En outre, le parquetier a battu en brèche la version de la défense selon laquelle, la fillette s’est rendue d’elle-même chez l’auteur présumé du viol, que celui-ci avait cédé à ses provocations. «Le consentement est nul et non avenu si la majorité n’est pas atteinte, et donc dès lors qu’il ne peut y avoir consentement, c’est qu’il y a contrainte», a-t-il fait valoir. Il a surtout insisté sur les nombreux abus subis par la victime : «même si la fillette a subi d’autres agressions, cela ne minore en rien la responsabilité du prévenu», a-t-il averti. Le délibéré est attendu le 31 août prochain. Le prévenu a été reconduit à la Maisons d’arrêt.

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