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Audiences spéciales sur les agressions sexuelles I Sur 27 prévenus, 13 seulement étaient présents à l’audience

Audiences spéciales sur les agressions sexuelles I Sur 27 prévenus, 13 seulement étaient présents à l’audience

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Ce 10 août, se tenaient les audiences spéciales sur les agressions sexuelles. Une foule nombreuse se tenait aux abords du tribunal de Moroni en soutien aux victimes. Des responsables de nombreuses associations ont profité pour appeler à l’application stricte et effective de la loi.

 

Une foule assez soutenue a pris d’assaut les abords du Palais de justice de Moroni hier lundi 10 août. Plusieurs personnes brandissaient des pancartes, réclamant justice pour les victimes de viols et d’agressions sexuelles. Des associations ont, de fait, organisé un sit-in sur les abords du tribunal de Moroni. Les forces de l’ordre qui sécurisaient les lieux n’ont laissé personne assister à ces audiences spéciales ni en même pénétrer la cour.

Le combat s’est donc mené à l’extérieur, sur les pancartes aux slogans dénonciateurs face à l’urgence que représente le fléau du viol. Pratiquement, tous les jours surgissent plusieurs cas sur les réseaux sociaux et dans les journaux classiques. Les faits sont de plus en plus glauques, l’inceste s’y est même invité. «Haki, rilemewa, (Justice, nous sommes fatigués, ndlr)», «non à la violence», ou encore «Ngo’Shawo dit non à la violence».


Djabhana Said Ibrahim, présidente de Ngo’Shawo, était naturellement présente sur les lieux, l’association dont elle assure la présidence faisant partie des organisateurs du sit-in de soutien. «Nous sommes là pour soutenir les familles des victimes et pour dire à la justice de faire son travail car il est inadmissible qu’une personne jugée bénéficie demain de traitement préférentiel sous prétexte qu’elle a sorti une enveloppe», s’est-elle alarmée.

Au total, 27 dossiers avaient été programmés pour être jugés. Mais selon une information confirmée par deux avocats présents à l’audience, «sur les 27 prévenus seulement 13 ont répondu à l’appel». Ce à quoi Djabhana Said Ibrahim a répondu : «cela prouve que la machine judiciaire est en panne. L’on demande encore une fois au gouvernement de tenir ses engagements pris le 6 juillet dernier de lutter contre les violences».

La jeune leader n’a pas manqué de lancer un appel à la première dame, Ambari Daroueche «à soutenir les familles des victimes et la société civile qui œuvre pour la protection de l’enfance». De fait, certains prévenus ont obtenu une liberté provisoire souvent sous caution depuis deux ou trois ans. Il n’est pas impossible que plusieurs d’entre eux aient profité pour prendre la poudre d’escampette.


Les journalistes présents n’ont pas pu accéder à la salle d’audience. Najda Said Abdallah, présidente de l’association «Mwana Tsiwamdzima» était, elle, autorisée à suivre les débats. Elle a tenu à réagir sur l’absence des 14 prévenus au tribunal. «Je trouve lamentable qu’on en soit là, des auteurs présumés de viols ou d’agressions sexuelles ne devraient pas bénéficier de liberté provisoire ou conditionnelle, connaissant les risques réels d’évasion ou de tentative de soustraction à la justice», devait-elle plaider. Et de faire remarquer «que les juges devraient plus penser aux intérêts des victimes plutôt qu’au droit à la liberté d’un coupable présumé».


Najda Said Abdallah qui est depuis de longues années à la pointe de la défense des victimes d’agressions sexuelles a dit avoir été choquée par certains propos du substitut du procureur lors de l’audience. «L’une des missions des associations serait, selon lui, de faire en sorte qu’il y ait un centre de réinsertion sociale. Nous tenons à lui rappeler que nous ne sommes pas l’Etat. Nous plaidons pour la protection de nos enfants et celle-ci passe par l’application de la loi, laquelle n’est toujours pas appliquée. Et faire passer des violeurs d’enfants devant un tribunal correctionnel, en lieu et place d’une Cour d’assises, c’est continuer d’ignorer la loi. Nous connaissons nos missions et parmi elles, c’est de rappeler que selon la loi Mourad, le viol est un crime et qu’il faut donc appliquer la loi», s’est longuement insurgée la militante.

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