Le maire de la capitale des Comores, Abdoulfatah Said Mohamed, a signé une « autorisation » n° 23/12/00 qui interdit aux candidats d’afficher des panneaux publicitaires sur les places publiques de Moroni. « Suite à une demande formulée à la mairie par la Crc [Convention pour le renouveau des Comores, parti au pouvoir], cette dernière reste la seule autorisée à afficher ses panneaux», lit-on dans cette note rendue publique le samedi 16 décembre.
Cette décision ne semble pas aller dans le sens de l’article 176 du code électoral, qui dispose que « le maire détermine la liste des lieux d’emplacement pour l’implantation des panneaux d’affichage électoral dans les périmètres de la commune », et que « cette liste est affichée par la Commission électorale communale indépendante à son siège et à la mairie ». Ni de l’article 177 du même code, qui mentionne « l’interdiction d’affiches en dehors des lieux autorisés ».
Al-watwan s’est adressé à la mairie de Moroni le mardi 19 décembre pour tenter de comprendre sa décision. Sur place, deux personnes interrogées ont déclaré ne pas se soucier de ce que stipule le code électoral. « L’affichage des panneaux publicitaires n’a rien à voir avec le code électoral, car la propreté de la ville ne dépend pas d’un code. Par son autonomie, la mairie détient le droit de gérer ses espaces », ont-ils affirmé. À les en croire, « seul le parti Crc a honoré une facture proposée par la mairie pour ceux qui veulent poser des affiches ». « Nous avons en effet reçu d’autres demandes mais elles ne sont pas encore examinées », a conclu une administratrice de la commune, rejetant toutes explications en lien avec le code électoral. Joint au téléphone à ce sujet, le président de la Ceni, Idrissa Saïd Ben Ahmada, a répondu : « On ne nous a pas rendu une copie de cette autorisation et nous ne pouvons pas réagir là-dessus ».
L’article 176 du Code électoral
Pourtant, en vertu de cette note de la mairie, des photos du candidat du parti Orange ont été enlevées. Le concerné se dit « étonné » de cette autorisation qui n’a jamais existé et qui ne figure dans aucun texte juridique. « Il s’agit tout simplement de provocations. Les partisans de la Crc ont enlevé nos photos pour poser les leurs. Et la mairie tente de justifier cela par une autorisation », a confié Daoud Mohamed, candidat du parti Orange à la présidentielle, avant d’ajouter : « Depuis quand les photos des candidats font l’objet d’une demande aux mairies ? Nous avons la légitimité de les poser sans aucune demande. Et si les nôtres sont enlevées, nous enlèverons les leurs».
L’ancien député et ancien membre de la Ceni, Latuf Abdou, parle quant à lui d’une violation du code électoral. «L’article 176 a donné une légitimité au maire de rendre public une liste des lieux devant avoir les affiches et les photos des candidats les dix jours qui précèdent la date d’ouverture des campagnes électorales. Si cela n’a pas été fait, chaque candidat admet la légitimité d’afficher où il veut », explique-t-il.
Autrement dit, «le maire devrait rendre public une liste devant mentionner les endroits où chaque candidat devrait placer ses photos. S’il ne l’a pas fait, on comprend que les candidats ne sont pas interdits d’afficher», éclaire l’ancien commissaire à la Ceni. Malgré ces incompréhensions, les panneaux du candidat du parti Orange sont toujours visibles dans de nombreux coins névralgiques de la capitale.