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Aéroports des Comores (ADC) I Un projet de licenciements économiques de 400 agents d’ici à 2026

Aéroports des Comores (ADC) I Un projet de licenciements économiques de 400 agents d’ici à 2026

Société | -   A.S. Kemba

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Le directeur général justifie sa mesure par son incapacité à engager un plan d’investissement au profit de l’établissement public. Les charges salariales représentent 75% des dépenses des Adc. «Il s’agit d’une situation organisationnelle et financière à la fois intenable et préjudiciable au fonctionnement de la société», a écrit Maamoune Chakira dans un courrier en date du 15 décembre dernier, adressé aux délégués des personnels. Si certains jugent «une mesure légitime» pour sauver la société en panne d’investissements, d’autres y déplorent «le sort brutal» réservé aux agents visés par ce plan social à haut risque.

 

Un projet de licenciements économiques de 400 agents a été annoncé par la direction générale des Aéroports des Comores (Adc), à travers le courrier N°22-2030/Ad-1/Adc/Dg en date du 15 décembre 2022. Le nouveau directeur général qui s’est construit l’image d’un personnage intransigeant, "quitte à perdre son poste", soulève un problème de management stratégique pour justifier sa décision d’engager une cure d’amaigrissement aux fins de sauver l’établissement. Les Aéroports des Comores (Adc) totalisent 780 agents tous services confondus, selon la direction.

Les salaires "représentent 75%" des dépenses

Le directeur justifie sa mesure par son incapacité à engager un plan d’investissement au profit de l’établissement public. La société se heurte à des soucis budgétaires dont la persistance risque de retarder son plan de développement pourtant nécessaire pour répondre aux obligations internationales en matière de prestations de services aéroportuaires. Les charges salariales "représentent 75% de l’ensemble des dépenses" des Adc, selon le patron de la boite. "Il s’agit d’une situation organisationnelle et financière à la fois intenable et préjudiciable au fonctionnement de la société", a écrit Maamoune Chakira dans son courrier adressé aux délégués du personnel des aéroports de Hahaya, Wani et Bandar-Salam.


Evoquant "beaucoup d’agents redondants", le directeur général précise que "le nombre de personnel affecté aux différents postes de travail est supérieur aux besoins réels de l’exploitation et des activités de la société", annonçant l’existence "des fonctions/postes qui n’ont aucun lien ni avec les besoins d’exploitation ni les activités de la société". Aucun calendrier détaillé n’a été dévoilé. Ni de mesures d’accompagnement annoncées mais Maamoune Chakira prévoit "un licenciement de 300 agents en 2023" et "80 agents sur la période 2024-2026 pour atteindre un nombre total d’agents de 400", selon toujours le courrier de deux pages qui classe par ordre de priorité les agents à remercier.


Comme le recommande l’article 49 du code de travail, l’ancienneté et l’expérience ont été mises en avant par la direction générale. La mesure fait grincer des dents au ministère des Transports. "Il peut faire ce qu’il veut mais nous ne sommes au courant de rien", nous dit un proche de Bianrifi Tarmidhi. Le ministre se mure dans le silence. La décision de licencier des agents relève de la compétence du directeur général mais la mesure doit être validée, selon les articles 10 et 23 des statuts des Adc promulgués par le décret N°18-080/Pr, par le conseil d’administration aujourd’hui inexistante.


Maamoune Chakira a tout de même pris le soin de garantir un minimum de régularité à son imminente décision en impliquant les délégués des personnels dont les propositions ont abouti à "la mise à disposition de la fonction publique les fonctionnaires détachés". Il est ensuite question de procéder au licenciement des "agents recrutés pendant la période de chômage technique du 1er avril 2020 au 30 mars 2022" ainsi que "les agents occupant des postes redondants" mais aussi "les nécessités de service". On ignore si un comité ad hoc a été mis en place pour assurer la transparence de la mesure de licenciement. Maamoune Chakira peut toutefois se fonder sur l’article 41, alinéa 2 des statuts de l’établissement, qui précise que "les personnels de la Société Aéroports des Comores doivent présenter un profil en adéquation avec les postes à occuper".


Si certains jugent "une mesure légitime" pour sauver la société en panne d’investissements, d’autres y déplorent "le sort brutal" réservé aux agents visés par ce plan social sans précèdent. L’absence d’un plan de développement échelonné au sein des trois aéroports du pays a empêché la naissance de nouveaux services ces quinze dernières années pouvant probablement absorber les employés visés.Les recrutements souvent "fantaisistes" procédés généralement pour des motifs politiques sont aujourd’hui au cœur d’une équation à solutions risquées.

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