Une visite de terrain a été effectuée le samedi 23 août dernier sur le site agricole de Banda Samlini. Ce site dédié, financé par la Banque africaine de développement (Bad), joue un rôle central dans la production locale de semences de base et de pré-base pour plusieurs cultures essentielles telles que le maïs, la pomme de terre, le manioc, la patate douce et le pois d’angole.
La visite, menée par une délégation du ministère de l’Agriculture accompagnée de spécialistes de l’Inrape (Institut national de recherche en agriculture, pêche et environnement), avait pour objectif d’évaluer les résultats de la première phase de la production des semences importées et testées sur le sol comorien.
Selon Abdillah Hassane de l’Inrape, les semences testées, notamment celles du pois d’angole, sont issues d’un croisement réalisé en laboratoire au Kenya.
«Ce sont des variétés de cycle précoce. Nous avons importé environ 20 types de semences pour tester leur adaptation à notre climat. L’objectif est de vérifier leur capacité à donner une récolte rapide et résistante aux maladies locales», a-t-il expliqué. Les résultats préliminaires se montrent prometteurs, avec une germination rapide et une croissance saine, confirmant la viabilité des semences en sol comorien.
Du côté de la pomme de terre, la production suit un protocole strict. Youssouf Bacari, responsable du laboratoire in vitro, décrit ainsi les premières étapes du processus : «Nous utilisons un substrat à base de fibre de coco broyée, lavée pendant 12 heures et rincée cinq fois pour atteindre un pH optimal de 6 à 6,5. Ce substrat est ensuite utilisé pour la transplantation en paillettes.»
Trois serres agricoles ont été construites, mesurant chacune 60 mètres sur 12, pour accueillir les semences de pommes de terre de type Go, G1, G2 et G3. Ces infrastructures, financées par la Bad, visent à «garantir une production équivalente aux standards internationaux». Mouzdalifa Mmadi, agronome en biotechnologie et responsable de la construction des serres, a affirmé que cette initiative permettra à terme de produire localement des semences de qualité, et réduire ainsi la dépendance vis-à-vis des importations.
Le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Daniel Bandari, a salué l’initiative et insisté sur l’importance de la production locale . «Pour lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire, nous devons développer notre propre capacité à produire des semences de qualité. Le ministère prend en charge les productions à court terme, tandis que les cultures à moyen et long terme sont développées en partenariat avec l’Inrape », a-t-il annoncé. Les semences de maïs sont déjà prêtes à être distribuées aux agriculteurs, tout comme les semences de pois d’angole, qui présentent un cycle de production de trois à quatre mois.
Le directeur de l’Inrape, Hamza Abdou Azali, a exprimé sa satisfaction face aux résultats observés : « Notre ambition est de fournir aux agriculteurs des semences précoces, résistantes aux maladies et adaptées à notre climat, tout en réduisant l’usage excessif d’engrais chimiques et les longues commandes de produits importés»
Touma Saïd