Le magistrat et ancien Procureur de la République Mohamed Abdouloihabi, est depuis hier, mercredi 19 septembre, devenu le 53ème avocat inscrit au barreau de Moroni. Ayant prêté serment hier devant la Cour d’appel de Moroni, ce magistrat de formation n’est pas un inconnu du milieu judiciaire. Mohamed Abdouloihabi, coran à la main, a juré, devant la Cour d’appel et l’assistance, «de remplir dignement et loyalement» sa mission conformément à l’article 19 de la loi portant organisation de la profession d’avocat. Mohamed Abdouloihabi est formé à l’Ecole nationale de la magistrature de Bordeaux.
«Un parcours exceptionnel»
Heureux de recevoir une haute personnalité dans le corps, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Moroni, Me Ibrahim Ali Mzimba, a demandé à la Cour d’appel d’accepter, lors de cette audience solennelle, le serment de l’ancien magistrat afin de permettre son inscription. Sa demande est acceptée à l’unanimité par les membres du Conseil de l’ordre et il est ainsi dispensé de stage. Selon le bâtonnier de l’Ordre des avocats, le dossier de Mohamed Abdouloihabi est «sans tâche» car en dehors de sa «brillante» carrière de magistrat, «son parcours est exceptionnel».
«Une indépendance non négociable»
Devenant avocat, Mohamed Abdouloihabi change de robe, mais «va continuer à ce battre pour le droit et le respect de l’état de droit dans notre pays». Emu, lIbrahim Ali Mzimba a, au cours de son intervention ajouté qu’en 2000, en sa qualité de magistrat, «Mohamed Abdouloihabi a reçu mon serment d’avocat et aujourd’hui en tant que bâtonnier je reçois son serment et lui souhaite la bienvenue dans notre corps».Tenue en pleine période où les avocats se plaignent sans cesse des vexations venant de tout bord, officiers de police judiciaire, agents pénitenciers et magistrats, cette cérémonie de prestation de serment était également ponctué par des rappels de quelques fondamentaux, telle l’indépendance des avocats. Selon-lui, «cette indépendance de puissance est et sera à ses yeux et à ceux de tous les confrères jamais négociable».
Ibrahim Ali Mzimba a ajouté que la parfaite indépendance vis-à-vis des politiques et autres est «gage d’une véritable défense des justiciables». A son tour, lors de ses réquisitions, le procureur général a regretté le départ de Mohamed Abdouloihabi qui, selon-lui, constitue «une lourde perte pour les magistrats». Interrogé sur ce changement, le nouvel avocat s’est réjoui que la jeune génération des magistrats déplore son départ, cependant, «je ne peux plus exercer ces fonctions». Dans ses explications, l’ancien président de l’île de Ngazidja a précisé que «l’exercice de la profession de magistrat exige une crédibilité et du moment où j’ai occupé des postes politiques et d’élu, je ne suis plus crédible». L’ancien gouverneur de Ngazidja a ajouté que dans ces nouvelles fonctions, il va se battre pour le droit. «Pour défendre le droit, s’il y a de bons magistrats, il doit également avoir de bons avocats et c’est ainsi que la Justice sera bien rendue», a-t-il conclu.