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Barreau de Moroni I Un avocat stagiaire radié du tableau pour «harcèlement sexuel» présumé

Barreau de Moroni I Un avocat stagiaire radié du tableau pour «harcèlement sexuel» présumé

Société | -   Abdou Moustoifa

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Le conseil de discipline du Conseil de l’Ordre des avocats a prononcé lors de sa récente séance, des sanctions contre trois avocats et a blanchi trois autres confrères, assignés par des justiciables.

 


Élu depuis presque un an, le nouveau Conseil de l’Ordre des avocats inscrits au barreau de Moroni a tenu, cette semaine, ses premiers conseils disciplinaires. En tout, 7 dossiers avaient été soumis au secrétariat du bureau, mais après examen des plaintes, seuls les six ont été instruits et jugés.Si le Conseil dispose de dix jours pour notifier aux intéressés les décisions prononcées à leur encontre, il n’empêche que certains médias ont pu avoir connaissance des verdicts prononcés. C’est le cas pour la radiation infligée à un avocat stagiaire, qui faisait l’objet d’une plainte pour «harcèlement sexuel, diffamation publique et injure correctionnelle» présumés.D’après un document consulté par Al-watwan, tout aurait commencé en septembre dernier. Le jeune avocat stagiaire fait connaissance via les réseaux sociaux d’une femme, qui réside en France. Puis s’ensuivent des discussions en ligne. (…).

Toutefois, après que « cette dernière a refusé d’envoyer des photos d’elle au sieur, celui-ci se serait permis de balancer des injures graves, de porter atteinte à l’honneur et la personnalité de la requérante », selon nos informations. L’avocat-stagiaire aurait jusqu’à qualifier la jeune femme de tous les mauvais noms. (…). C’est du moins ce qui est mentionné dans la plainte par l’avocat de la plaignante.


Après avoir été saisi, le conseil a pris le soin de rappeler dans sa convocation, que la profession d’avocat en tant qu’auxiliaire de justice « impose à ses membres des obligations impérieuses de probité, d’honneur et de dignité, lesquelles doivent guider leur conduite tant dans l’exercice de leurs fonctions que dans leur comportement général ». Mais c’est à l’issue de l’audition que le conseil a, au vu de la gravité des faits, prononcé la sanction la plus sévère contre le mis en cause.

Usurpation présumée de titres

Contacté par Al-watwan, ce dernier dénonce une campagne orchestrée contre sa personne. « Comme je me suis défendu, j’ai aucune connaissance de ce prétendu échange. Ce n’est pas moi l’auteur de ces échanges », a-t-il ajouté. Notons que cet avocat stagiaire, qui peut faire appel, n’est pas le seul sanctionné qui ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. Me Larifou Said, lui aussi, dénonce la décision de ses confrères. Le pénaliste installé en France était accusé « d’usurpation de fonctions » présumée. Dans plusieurs courriers adressés à des hautes personnalités, notamment le ministre malgache de l’intérieur, en février 2025, Me Larifou aurait utilisé dans l’entête les titres de « membre du Conseil de l’ordre et bâtonnier par intérim ».


Après un premier report de l’audition, celle-ci s’est finalement tenue en l’absence du concerné qui ne s’est pas fait représenter. «  Les griefs qui me sont reprochés sont fallacieux. On m’accuse, à tort, d’avoir mentionné sur mon papier en-tête en ma qualité d’ancien bâtonnier par intérim et membre du Conseil de l’Ordre. Or, chacun sait que j’ai effectivement exercé ces fonctions, d’abord à Saint-Pierre de La Réunion, avant mon inscription au barreau de Moroni. De plus, alors que j’étais à l’étranger, j’ai posé ma candidature et j’ai été régulièrement élu membre du Conseil de l’Ordre des avocats de Moroni », a réagi l’avocat dans un communiqué publié ce mardi. L’ex-candidat à la présidentielle accuse le conseil de l’ordre d’être «une institution sous influence directe d’instructions politiciennes».


Pour les quatre autres avocats restants qui passaient en conseil, excepté Ahamada Mahamoudou, réprimandé, ils s’en sont sortis sans sanctions. Il s’agit de Me Aicham Itibar, Mohamed Abderemane et Hadji Chaabani. Les plaintes déclarées non fondées par le conseil disciplinaire venaient toutes d’adversaires des clients que ces avocats défendaient. «On leur reprochait d’avoir fait leur travail parce qu’ils ont gagné. Ça n’a pas de sens», a glissé un membre du conseil.

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