Après plus de deux semaines de travail d’inspection à Ndzuani, Bastoine Soulaïmane, l’inspecteur général des services judiciaires, a tenu une conférence de presse à l’hôtel Al-amal de Mutsamudu pour en faire le point. Pendant plusieurs dizaines de minutes, l’ancien juge devenu inspecteur louera “les efforts engagés par le gouvernement” en vue de redorer l’image de la justice, prendra le parti de ses anciens collègues et dénoncera les ingérences des hommes politiques dans les affaires de la justice.
D’emblée, il a loué le bon travail des magistrats de l’île. « Contrairement à ce qui est répandu, la justice de l’île va bien, en tous points”, a-t-il affirmé. Pour lui, les problèmes viennent des “ autres” : “La justice n’est pas mauvaise à Ndzuani, et nous y avons des juges compétents, les problèmes viennent de ceux qui usent de leur pouvoir pour y interférer”, est-il persuadé.
Un système d’archivage et de traçage des dossiers judiciaires
“Une vingtaine de magistrats sont actuellement en formation. Ils viendront au bout de quatorze mois compléter les effectifs des juges. Des formations régulières de recyclage sont programmées au bénéfice des juges et du personnel des tribunaux”, a rappelé l’inspecteur. Et d’annoncer d’autres projets en cours ou à venir : « L’on s’est entendu pour mettre en place un certain nombre de choses en vue d’améliorer le travail de la justice. Parmi elles, un système d’archivage et de traçage des dossiers judiciaires dès janvier prochain, pour une meilleure transparence. Il y aura aussi la création d’un site internet où l’on pourra facilement accéder à ces dossiers. Nous pensons aussi noter le travail des magistrats».
S’agissant des écueils rencontrés par les juges et les auxiliaires de justice dans leur travail, l’inspecteur notera qu’« un simple citoyen peut menacer d’affecter un gendarme, et cela peut effectivement se produire ainsi ».
Tout au long de son intervention devant la presse, l’ancien juge a évité toute critique acerbe à l’endroit des juges. Il concédera toutefois que l’institution judiciaire a quelques manquements.« C’est vrai que notre justice est lente et très coûteuse. Un cadre de la classe moyenne ne peut pas se payer des frais de justice, n’en parlons pas pour les citoyens pauvres.
Nous devons discuter entre avocats et administration centrale pour trouver une solution. Mais souvent ceux qui pointent du doigt le mauvais fonctionnement de la justice sont ceux-là mêmes qui participent à sa dépravation. Les banques, par exemple, comptent parmi les premières à dénoncer une justice injuste, mais contribuent en même temps à alimenter les mauvaises pratiques, en n’enregistrant pas par exemple les biens saisis, surtout ici à Ndzuani ».