Il y a une dizaine de jours a été adoptée la loi sur la promotion du genre dont l’article premier dit que « les nominations dans l’exécutif dans l’Union comme dans celles des îles autonomes respectent la proportion d’au moins 30% ».
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Il y a évidemment des personnes, souvent mâles pour rouspéter et grommeler dans leur barbe pour dire leur indignation que « l’on doive adopter une loi pour contraindre ».
Déjà, je trouve que c’est redondant de dire qu’il faut une loi qui contraigne, puisque c’est un peu le but de toutes les lois.
Ensuite, j’aurais pu leur donner raison, il y a quelques temps. J’aurais voulu, il y a quelques années, que les femmes battent le pavé pour revendiquer leurs droits. J’aurais voulu avoir vu des femmes à la tête du Radhi, du Juwa, du Rdc, de la Crc, de l’Updc ou de l’Orange, qu’elles ne soient plus cantonnées au rôle de « youyous girls ». J’aurais voulu les voir plus nombreuses à la tête de ministères, de directions.
J’aurais voulu qu’elles soient plus nombreuses à briguer des postes électifs. J’aurais voulu qu’elles aient plus de voix, plus de visibilité dans l’espace public. J’aurais voulu voir des femmes, leaders d’opinion.
J’aurais tant voulu. J’aurais voulu une lutte du sexe dit faible pour l’acquisition de ses droits afin de montrer sa force mais je me répète.
J’aurais voulu qu’il ait son mot à dire dans le fonctionnement de cette société qui le relègue au second plan voire au dernier (dans ce cas précis, le second plan équivaut au dernier).
J’aurais voulu que la femme investisse les lieux publics, influence les débats comme elle prend part aux activités économiques.
Mais la sagesse (vraiment ?) de la trentaine aidant et un certain recul sur le fonctionnement de la société comorienne, j’ai dû me rendre à l’évidence.
Il faut une mise au pas. Et celle-ci ne sera possible qu’avec une loi, ce qui est désormais chose faite. Cette loi est vitale. Surtout quand j’entends un homme dire «qu’il n’y aura certainement pas 30% de femmes compétentes à nommer ».
A cet instant précis, je me dis que la députée Hadjira Oumouri a eu raison. Elle est d’autant plus vitale que souvent j’entends des inepties « qui font état de l’incompétence notoire de celles qui ont eu à occuper des ministères ».
A ces remarques loin de pousser un coup de gueule réparateur comme ce fut le cas il y a encore quelques temps , je rigole tout doucement et je me contente de rétorquer doucereusement ceci:
« si les hommes étaient meilleurs, s’ils étaient bons, nous l’aurions su ».
Nous ne serions pas au fond d’un trou sans fond (la répétition a son importance). Cela fait quand même plus de 40 ans que ce pays est gouverné de façon quasi exclusive par les hommes avec les (piètres) résultats que nous connaissons.
J’aurais voulu par ailleurs que les femmes qui seront choisies à l’avenir pour occuper des postes de décision soient républicaines, brillantes, impertinentes parce que l’échec d’une seule femme équivaut sous nos cieux à l’échec de toutes les femmes. J’aurais voulu mais j’ai pris de l’âge, comme je le disais plus haut.
Parce que finalement, je me retrouve à revendiquer le droit des femmes à l’incompétence afin que les hommes comprennent que l’incompétence n’est pas leur chasse gardée. Qu’il faut de tout pour faire un monde.
Qu’il y a de tout dans le monde des femmes. Que les femmes seront intelligentes ou limitées, voleuses ou honnêtes, oratrices hors pair ou non, exactement comme le sont les hommes.
Il faut que ces messieurs (et ces dames) comprennent que la femme n’est rien d’autre qu’un homme. Le débat sera lancé quand la république mettra en valeur la méritocratie. A l’endroit des deux sexes. Pas avant.
Par contre, il faut que les femmes s’unissent. Toutes les femmes. Une belle Union Sacrée. Il faut qu’elles s’unissent afin que soit promulguée cette loi. Parce que c’est à partir de là que tout commencera.