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Billet : entre le journalisme et l’opposition il y a bien des écarts

Billet : entre le journalisme et l’opposition il y a bien des écarts

Société | -   Mohamed Soilihi

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Le politicien s’oppose au projet des gouvernants car il a la ferme ambition d’accéder au pouvoir à son tour. Il argue que son projet sera le plus viable de toute l’histoire du pays. Il promet monts et merveilles à une population qui croit souvent à un avenir encore plus meilleur. Le journaliste, qui est au service d’une société civile en quête d’un Etat de droit et de libertés collectives et individuelles, n’ambitionne point d’occuper le trône. Il reste, cependant, perpétuellement le témoin de l’histoire contemporaine de sa Nation.

 

Sous d’autres cieux, là où la démocratie amasse déjà de la mousse, quand un politicien s’attaque aux dérapages de l’équipe au pouvoir, il est qualifié d’opposant. Mais quand c’est un journaliste qui commente ces dérapages, ce fait est qualifié de critique et loin d’une opposition politique. Le politicien s’oppose au projet des gouvernants car il a la ferme ambition d’accéder au pouvoir à son tour. Il argue que son projet sera le plus viable de toute l’histoire du pays. Il promet monts et merveilles à une population qui croit souvent à un avenir encore plus meilleur. Il propose une alternance vers l’émergence sans concession.


Le journaliste, armé d’aucune ambition de prendre la place d’autrui, dénonce les dérapages des dirigeants, critique leurs faits et gestes politiques pour qu’ils corrigent leur tir, quitte même à changer le fusil d’épaule quand il le faut, lorsqu’une décision risque de léser l’intérêt général de la nation et du peuple. Il fait usage, à cet effet, de son arme à double tranchant pour que le régime s’équilibre sur le trône ou se laisse déséquilibrer par le camp d’en face qui s’exprime à travers des marches, conférences et autres manifestations publiques.

Au service de la société

Dans tous les cas, le journaliste, qui est au service d’une société civile en quête d’un Etat de droit et de libertés collectives et individuelles, n’ambitionne point d’occuper le trône. Il reste, cependant, perpétuellement le témoin de l’histoire contemporaine de sa Nation. Au prix de sa lutte pour les libertés, il obtient un cadre légale d’exercice, notamment l’adoption de lois garantissant l’accès aux sources d’informations pour plus de transparence dans la gestion de l’Etat.

En Afrique, le Rwanda vient tout juste d’entrer dans ce cercle afin de permettre au monde de la presse d’accompagner au mieux l’émergence du pays. Ce prisme est vu autrement dans beaucoup d’autre pays, notamment africains et d’autres continents, enclavés encore dans le sous-développement des mentalités, où le regard de ceux qui gouvernent ne dépasse pas le bout du nez.

Ici l’opposition politique est souvent systématique et aucun projet de gouvernance à l’appui pour celui qui s’oppose aux tenants du pouvoir. Ici s’instaure le systèm «pousses-toi que je m’y mette, à mon tour». Ici, le journaliste est persécuté et assimilé abusivement à un opposant par le régime. Ce dernier, au lieu de s’en tenir aux critiques et dénonciations sur les dérapages constatés, clame que les hommes et femmes des médias sont de mèche avec une opposition qui, hier encore au pouvoir, avait affiché son antipathie. Et c’est l’éternel retournement des situations, particulièrement, sous nos cocotiers.

Ici, l’on cherche à donner à la démocratie un tout autre sens : celui de plaire aux occupants du palais en fermant les yeux sur les dérapages et dérives de toute nature par le pouvoir. C’est dire que le journaliste a encore aujourd’hui du chemin à parcourir pour faire valoir son rôle dans un métier dit noble, ailleurs.


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