Le dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (Lcb/Ft) a fait l’objet d’un atelier de formation de deux jours ouvert hier, lundi 13 décembre, à l’hôtel Retaj. Organisée par la Banque centrale des Comores (Bcc), en collaboration avec le service de renseignements financiers (Rsf), cette formation soutenue par la Banque mondiale, à travers le programme d’appui au développement du secteur financier (Padsf), est destinée uniquement aux institutions financières de la place.
Préparer l’arrivée du Giaba
Lors de l’ouverture, le directeur de la supervision et de la réglementation à la Bcc, a tenu à rappeler le but de la rencontre, à savoir les fondamentaux de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme aux institutions financières qui demeurent les actrices majeures de la prévention.
«Ces ateliers qui se dérouleront également à Ndzuani et à Mwali revêtent une importance capitale, d’autant plus qu’ils offrent un cadre de dialogue et d’échanges entre les assujettis et le régulateur d’une part, et d’autre part avec le service de renseignements financiers qui est un acteur majeur de la Lcb/Ft», a expliqué Mohamed Fahar El dine.
Le directeur de la supervision et de la réglementation à la Bcca rappelé que cette formation intervient quelques mois après l’enquête menée par la Bcc auprès des institutions financières «pour tenir compte des résultats de ces investigations», mais également pour se préparer à l’évaluation mutuelle qui sera effectuée par le groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (Giaba). «Le Giaba effectuera une visite dans le pays prochainement pour évaluer la conformité technique et l’efficacité du dispositif national de Lcb/Ft par rapport aux 40 recommandations du groupe d’action financière (Gafi)», a-t-il informé.
Mohamed Fahar El dine a fait savoir que les résultats du questionnaire de l’enquête mentionnée révèlent une faible prise en charge et implémentation du dispositif Lcb/Ft des institutions respectives. «Plusieurs établissements de crédit n’ont pas de procédures et politiques de Lcb/Ft, ne forment pas leurs salariés, ne disposent pas d’outils de surveillance appropriés et n’exercent aucune mesure de vigilance dans leurs relations avec les personnes politiquement exposées», a fait-il remarquer.
Réagir en cas de détection de cas suspect
Interrogé en aparté, la directrice du service de renseignements financiers (Srf) a tenu à souligner que ces travaux entrent dans le cadre des réformes engagées par les pays et le groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (Giaba) pour lutter contre la circulation de «l’argent sale» qui pourrait provenir des pays étrangers.
«Nous avons ainsi invité les institutions financières pour les former à cette lutte contre tous les problèmes liés à cet argent»,a indiqué Hadidja Ali, insistant que le phénomène n’est pas vraiment enraciné dans le pays mais qu’il est urgent de prévenir comme le font les pays limitrophes pour endiguer ce fléau.
Pourquoi cette formation s’adresse-t-elle spécialement aux institutions financières ? Le secrétaire permanent du Srf, Aït Ahmed Djalim, tient à souligner que ce sont les organes habilités à suivre ce genre de formation sachant qu’elles contrôlent les entrées et les sorties d’argent dans le pays.
Eloigner les bons clients des mauvais
«Elles (les institutions financières, ndlr) sont en première ligne dans cette lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ainsi, elles doivent savoir comment réagir en cas de détection de cet argent sale. Nous leur montrons comment faire, comment informer les services de renseignements financiers, nous leur rappelons les techniques de détection, entre autres», a-t-il précisé, citant les banques, les institutions de microfinance, de transfert d’argent y compris le mobile money comme faisant partie des premiers concernés.
Parmi les participants à cette formation, Saïd Youssouf, gérant de la Meck d’Ipvembeni, qui a tenu à remercier les initiateurs de cette formation dont l’objet est tout d’abord de se conformer à la réglementation et lutte contre les pratiques illicites dans des institutions comme les nôtres. t-il expliqué, montrant que «protéger les bons clients, c’est les éloigner des clients suspects».