On se souvient tous de l’attaque au couteau survenue dans une agence de transfert d’argent à Volo-volo. Les images et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, où l’on voit un homme gisant au sol avec du sang, témoignaient de la gravité de cet acte. Sept mois après cette agression d’une rare violence, les coupables ont comparu, lundi 21 juillet dernier, devant la cour d’assises. Les mis en cause, deux ressortissants malgaches, ont écopés de 15 ans de réclusion criminelle, avec une interdiction de séjour sur le territoire comorien pour la même durée. Manitra Christophe et Rasolonajatova Heritina Florine étaient poursuivis pour «tentative d’assassinat, vol à mains armées et association de malfaiteurs».
Mais seules les deux dernières charges ont été retenues par la cour d’assises, dont la dernière session de juillet a pris fin le mardi 22 juillet, après le jugement de 22 affaires, pendant quatre jours. Les faits remontent au jeudi 21 novembre 2024 : l’opinion découvre sur Facebook un braquage commis en plein jour, dans une agence de Ria, située à proximité de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede). Poignardé, Afardine Ali, un jeune de 25 ans originaire de Mkazi, sera vite secouru. Ce sont les vendeurs ambulants de la zone, très bondée, qui ont entendu les cris et sont allés sur les lieux pour transporter le caissier, ensanglanté, à l’hôpital El-maarouf. L’agent recruté depuis 2022 dans l’agence n’était pas censé être en service ce jour-là, mais il remplaçait une collègue.
Un coup bien établi
Peu après l’attaque, on en connaissait un peu plus sur l’identité des auteurs. Dans une déclaration en date du 25 novembre, le procureur, Abdou Ismael, a révélé que les deux hommes étaient en situation irrégulière. Rentrés au pays en 2022 et 2023, avec un visa de 45 jours, Manitra et Dani, les deux pseudonymes des braqueurs, n’avaient jamais régularisé leur situation. Selon l’avocat de la victime, Me Mohamed Nassur, les deux bandits avait avoué, sans broncher. «Ils ont reconnu avoir préparé leur coup pendant une semaine avec des repérages minutieux. Ils se sont mêmes rendus dans l’agence pour ne rater aucun détail. Le jour j, ils portaient des habits superposés. Le plan est de pouvoir se fondre dans la masse en se débarrassant des habits portés en rentrant à l’intérieur», a expliqué Me Nassur.
Devant les jurés, les accusés ont donné quelques détails. «Ils ont indiqué avoir vendu leurs téléphones pour acheter le matériel, notamment le couteau et le ruban adhésif, qui devait servir à attacher l’agent», a rapporté l’avocat du responsable de l’agence Ria, Me Mohamed Abdremane Hilali. Au cours du procès, il a été révélé que les deux malfaiteurs avaient prévu de prendre la fuite à l’aide d’un kwasa-kwasa. Quelques jours avant la casse, l’un des délinquants se serait même rendu à Uropveni, au sud de Ngazidja, pour se renseigner sur la location d’une vedette. Alors que devant la justice, les braqueurs ont prétendu avoir agi en tant que clients, la victime a démenti, affirmant qu’ils l’avaient agressé dès leur entrée.
Si ce dernier a été évacué en Tanzanie pour des soins, sa guérison reste difficile. Par l’intermédiaire de son avocat, il a réclamé 15 millions d’intérêts civils, considérant que son employeur avait manqué à ses obligations de sécurité. «On considère que l’employeur a fait preuve de négligence et d’imprudence. Il était dans l’obligation de protéger l’agence et les employés. Mais la cour a déclaré notre requête irrecevable», a déploré Me Nassur. La cour n’a accordé, à titre principal, que 1 millions 200 mille et 8 millions de dommages et intérêts.