Adopté en 2015 lors de la troisième Conférence mondiale de l’Onu qui avait lieu à Sendai, au Japon pour la période 2015-2030, le Cadre d’action de Sendai avait pour but de réduire les risques des catastrophes. Sept ans après son adoption, le Bureau des nations unies pour la réduction des risques des catastrophes(Undrr) en a fait le fil conducteur de la septième session de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques des catastrophe (Gpdrr). En effet, l’Undrr a proposé de faire “l’examen à mi-parcours du Cadre d’action de Sendai” et d’en évaluer les “progrès, les lacunes et les défis”.
De ce fait, en marge du Gpdrr, les sessions de Dialogue de haut niveau ont débuté hier, au Bali Nusa dua convention center(Bndcc).
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, une vidéo réalisée par l’Undrr a été projetée dans la salle, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le contenu est “glaçant”. En effet, l’on apprend que sur la période allant de 2015 à 2021, le taux de mortalité lié aux catastrophes naturelles a “augmenté de 40%” et que cela pourrait évoluer d’ici 2030. Le domaine de l’infrastructure n’a pas non plus été épargné avec “8 000 infrastructures détruites en 2020”. Le financement des actions à mener pour la réduction des risques de catastrophe(Rrc) n’a pas non plus porté ses fruits. “Malgré des outils mis en place, le financement a échoué”, selon la vidéo qui s’est terminée par une phrase sobrement lâchée, “nous ne sommes pas sur la bonne voie, le temps d’agir, c’est maintenant”.
Comment expliquer un tel échec ?
Le premier panel portait sur la thématique suivante : “Où en sommes-nous ? Perspectives mondiales et régionales sur la mise en œuvre du Cadre d’action de Sendai ?” La question a été posée à cinq experts par la modératrice du dialogue, Malini Mehra, chef exécutif du Globe international. Et, d’un intervenant à l’autre, le constat est le même, la déchéance prime sur le progrès.
Pour Saber Hossain Chowdhury, député du parlement bangladais, il faudrait, avant toute chose, s’accorder sur la définition de la résilience qui, selon lui, ne se résumerait pas à “absorber un choc”. “La résilience, c’est la capacité à rebondir, être prêt pour le choc suivant”, devait-il préciser. A chaud, le parlementaire cite un exemple concret de catastrophe, la Covid-19. L’intéressé s’est interrogé sur la facilité qu’a eue le virus pour dominer le monde qui, visiblement, ne s’y attendait pas. “Pourquoi a-t-on été pris au dépourvi ?”, devait-il en pincer, remettant en cause la responsabilité de l’Onu.
Selon lui, l’échec du Cadre d’action de Sendai serait dû au “décloisonnement” et à un manque de coordination au sein même des organismes onusiens. “Pourquoi a-t-on séparé les accords de Paris, les objectifs pour le développement durable et le Cadre d’action de Sendai ? Pourtant, il y a une relation de cause à effet entre tous ces programmes” devait-il s’étonner, convaincu que le changement climatique et la réduction des risques de catastrophe sont deux concepts consubstantiels.
Un argumentaire que n’est pas loin de reprendre, Mitiku Kassa Gutile, expert éthiopien pour qui, “la sécheresse fréquente et sévère” ont fortement compromis le Cadre d’action de Sendai dans son pays.
L’intervenant a également souligné les conflits auxquels l’Ethiopie est régulièrement confronté ces derniers temps, ce qui entraine “des déplacements massifs”. Quant à Keitaro Ohno, ministre d’Etat japonais également en charge des catastrophes naturelles, le plus dur n’est pas d’adopter des stratégies, mais de “s’assurer à ce qu’elles soient efficaces”.
Et les pouvoirs publics dans tout ça ?
Les intervenants au dialogue n’ont pas été très tendres envers les politiques. Pour que tout se décante, l’implication “majuscule” de ces derniers est indispensable mais, pour l’heure, “elle laisse à désirer”, devait regretter Katrina Sarah Milne, de l’organisation mondial des fermiers. L’ensemble des intervenants plaide pour des investissements massifs qui seront destinés à “la prévention”. “Les risques de catastrophes naturelles, c’est une réalité vivante.
Il faut accélérer l’action de financement, cela est fondamental”, a déclaré l’experte venue des caraïbes,Elisabeth Riley. Mais pour Saber Hossain Chowdhury, lui-même faisant partie des pouvoirs publics, il faudrait s’attaquer aux visions limitées et étriquées des politiques. Ces derniers, selon lui, “n’établissent, souvent, leur vision que sur un quinquennat.
Or il faudrait un programme établi sur le long terme. Il faudrait des visionnaires”, devait-il déplorer. Cette politique de financement courtisée devrait, surtout, venir en aide aux plus démunis, lesquels sont “ceux qui souffrent le plus, ceux qui attendent”, reconnait le président de l’Assemblée générale de l’Onu, Abdulla Chahid qui implore également “un système économique qui réduise les risques de catastrophes, et non l’inverse”.
Les décisions “saillantes”
Les organisateurs de la Plateforme mondiale craignent de voir et les objectifs du Cadre de Sendai, et les objectifs du développement durable(Odd), ne pas se solder par des résultats satisfaisants. Pour cela, de nombreuses solutions ont été proposées.
Parmi elles, “l’évaluation des pertes économiques, recueillir les informations au niveau régional et mondial, réviser régulièrement l’Undrr afin de la rendre efficace, accentuer les coordinations interministérielles, une véritable volonté politique, réduire les préjudices, compter sur toutes les parties prenantes ou encore dégager des synergies avec l’accord de Paris et de Sendai et accentuer la prévention”.