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Caisse de retraite des Comores I Le gel des avancements de salaire se répercute sur les pensions

Caisse de retraite des Comores I Le gel des avancements de salaire se répercute sur les pensions

Société | -

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Des cas récurrents de personnes nouvellement retraitées et contraintes de payer une somme à la Caisse de retraites des Comores pour pouvoir bénéficier de leurs pensions commencent à faire jaser au niveau de l’opinion et suscitent l’inquiétude au niveau de ladite caisse. Souvent, la faute revient à l’employeur qui a ponctionné la cotisation de l’agent sur son salaire, mais qui ne l’a pas versé à la Caisse de retraites des Comores.

 

“Le système national de pension est contributif et basé sur l’activité professionnelle. À ce titre, pour accéder au service des prestations, le travailleur relevant de la Fonction publique et du secteur privé doit être affilié à la Caisse de retraites par son employeur et verser les cotisations durant sa vie professionnelle. L’employeur est seul habilité et tenu par la loi à collecter les cotisations et les verser à la Caisse de retraites pour constituer et garantir les droits du travailleur”, c’est ce que disent les textes. Mais dans les faits, la réalité est tout autre puisque beaucoup de personnes se retrouvent sans pension de retraite à la fin de leurs carrières respectives. En effet, certains “patrons” ne versent pas les cotisations de leurs agents et ce n’est qu’une fois à la retraite que la réalité fait surface : zéro cotisation. Pourtant, pour bénéficier d’une pension, il faut entre autres “avoir cotisé à la Caisse de retraites pendant une période suffisante (15 ans) au cours de sa vie active”.


La “solution” préconisée par la Caisse est que ces agents s’acquittent d’une certaine somme, qui dépend de leurs carrières, pour pouvoir bénéficier d’une pension. Sans surprise, cette “solution” qui ne l’est que de nom, n’est pas à la portée de tout le monde et ne convient donc pas à la majorité. C’est le cas d’Abdallah Soilihi qui, pendant trente-quatre ans, a exercé le métier d’enseignant, et qui est aujourd’hui sommé de débourser un million de francs comoriens pour se voir verser la pension à laquelle il a droit à chaque fin du mois. Mais le cas de cet enseignant est loin d’être un cas isolé, et cela commence à faire couler beaucoup d’encre.

À qui revient la responsabilité ?

La source du problème, c’est le gel des avancements. “Dès les années quatre-vingt, l’État a mis fin au système d’avancement tous les deux ans au bénéfice des fonctionnaires”, rappelle la directrice générale de la Caisse de retraites, Fatima Mouigni. Une mesure qui engendre, selon elle, de lourdes conséquences pour la Caisse puisqu’elle se retrouve submergée par la montée de ces cas. Mohamed Ben Kaissi du service recouvrement de la Caisse évoque un “effet de mode : le plafonnement des agents à six mois de leurs retraites”. “On ne peut payer la pension d’un agent dont l’arrêté de sa retraite évoque un salaire de 200 000 francs comoriens conformément aux avancements. Nous savons que dans les faits, son salaire a stagné à 100 000 francs puisqu’il n’a jamais bénéficié de ces avancements”, a-t-il ajouté. Pour cet agent de la Caisse, “les avancements vont de pair avec l’augmentation de la cotisation”. Faute de quoi, les agents doivent, le moment de leur retraite venu, débourser une certaine somme établie selon leur salaire.

Retraités, seuls perdants

Autre répercussion, les cotisations sont vraiment en dessous des charges de la caisse. Pour cause, “les 465 agents renvoyés à la retraite en 2021 n’ont pas été remplacés”. Le vide laissé par le départ de ces agents est une véritable épine dans le pied de la caisse, qui se trouve à payer une “pension de 260 millions de francs”, alors qu’on ne lui verserait que “190 millions de francs”.Une situation qui dure et dont la Caisse de retraite ne trouve, pour l’heure, aucune solution.

 

Mohamed Ben Kaissi parle d’une “faillite générale en vue”, si aucune solution n’est apportée dans les meilleurs délais.De son côté, Fatima Mouigni, loin de fuir ses responsabilités, assure que son institution a tout fait pour sortir de ce marasme, mais le “laxisme de certains agents” ne facilite pas le processus. Dans tous les cas, les retraités restent les seuls véritables perdants dans cette affaire.

Housni Hassani

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